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sans titre ni feminisme (bavardage)

C'est l'histoire de 6 femmes normales qui montent sur scène à poil, puis dansent des danses plutôt banales. On est un peu surpris au début par ce décalage car elles dansent à poil, mais comme les danses sont assez banales, l'effet fait long feu, on s’ennuie et puis c'est fini…

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Première descente en flamme sur ce blog depuis longtemps. Ceci mérite des explications. En matière de spectacle vivant, beaucoup de propositions m’ennuient (dont par exemple celle-ci), certaines m’agacent… mais pour des raisons qu'il me faut m’expliquer à moi-même, beaucoup m’intéressent et même m’enthousiasment à un point qu’il est urgent de les partager. Mon plaisir, c’est de parler des propositions qui relèvent de la dernière catégorie (les coups de coeurs) et parfois de la seconde( les poils à gratter). Repenser et se repencher sur les expériences de la première catégorie (les pensums) revient à subir une double peine. A force de reconsidérer celles-ci par le souvenir, on peut parfois y redécouvrir matière à penser, mais ces réanimations miraculeuses sont rares. Important: je ne suis investi d’aucune mission, je suis juste mon plaisir. Celui d’éreinter un spectacle est un amusement bien trop facile et paresseux. Et un certain relativisme me fait admettre que d’autres peuvent ressentir de belles émotions et aussi légitimes que les miennes en des circonstances où mon propre encéphalogramme reste plat. Laissons- les en paix. Donc très peu de « critiques négatives » ici. Au risque de donner l’impression d’être trop positif. Même complaisant. Voire connivent… en bien, tant pis!

Pourquoi alors revenir sur Untitled Feminist Show?  Parcequ’il se passe quelque chose de bizarre.Tout le monde m’en parle. et je ne comprends pas pourquoi. Cela commence à Gennevilliers (jusque là c’est normal). Tout le monde a applaudi, mais cela ne veut rien dire. Après vient le moment incertain, à la sortie de la salle, où l’opinion à peine formée, on a des scrupules à proclamer tout de go quelque chose de tranché. Au risque de pétrifier son interlocuteur dans son jugement. Je me suis déjà formulé d’être resté sur ma faim passées les entrées en scène plutôt intenses. La 1ère scène style opérette m’a énervé, j’ai ressenti la suite fade, sans substance. J’entends une spectatrice dire que pour une fois la nudité ne l’a pas agressé, mais sur le ton avec lequel on donne un bon point. Il y a un buffet. Très bon. Aparté avec un critique pro, puis, par hasard, avec un autre. A mi voix, comme des conspirateurs. Sur la même ligne que moi, avec leurs mots. Énervés par le passéisme de certaines scènes, ou blaguant que le show peut épater un public américain. Dressant cruellement une impossible comparaison avec l’audacieuses proposition de Muriel Bourdeau de la veille, proposition qui elle ne ressemble à rien d’autre. Consensus minimal. Mais consistant. Est-ce ainsi qu’une opinion collective se forme ? Échange avec d’autres connaissances : mêmes réactions, communes aux femmes et aux hommes. C'est rassurant, rien à voir avec mon regard de mâle. On me glisse: de l'Apple à poil, bien vu. Fin de soirée, sommeil, classement vertical.

Mais l’histoire n’en finit pas là. Loin des théâtres je rencontre Clémence. Elle aborde le sujet de cette pièce (où est ce moi ?) regrettant de n’avoir pu la voir malgré son envie (pour des raisons peut-être féministes). Je la détrompe. Puis hier ma chère cousine Marie-Lys, que je ne savais pas familière du T2G, s’emballe pour la pièce sur son mur Facebook. A tort ou à raison, j’interviens, je commente. Marie Lys reste calme et mesurée. Bravo. j'essaie d'oublier. Mais aujourd’hui Sylvie, que je n’ai pas vraiment jusque là le plaisir de connaitre, me demande par un message mon opinion, je la lui livre (toujours la même), mais Sylvie dans sa réponse est encore plus dure que moi-même. Alors je lis les 3 coups et j’ai envie de pleurer. Bref tout le monde semble s'intéresser à cette pièce (alors que j’aimerais tant que d’autres œuvres soulèvent autant d’intérêt…), sans que je ne comprenne pourquoi, mais je me sens une demande à laquelle je ne peux me soustraire, le devoir de partager, à titre exceptionnel: « c'est l'histoire de 6 femmes normales qui montent sur scène à poil, etc… »

C’est presque fini, mais j’ai une théorie. Il y a une demande sociale forte pour Untitled Feminist Show. Mais si cette pièce n’avait tout simplement pas été montrée au bon endroit ? Dans un lieu dédié au théâtre contemporain comme le T2G, le nu ne suffit pas pour étonner et le style cabaret, qui n’est pas infâme en soit, ne passionne pas. Alors que dans un théatre privé, ou une scène consacrée à des comédies musicales familiales, la danse aurait été à sa place et la performance nue plus remarquée, plus forte politiquement. Mais on ne va pas refaire le monde, c’est tout pour aujourd’hui.  

Guy

C’était Untitled feminist show de Young Jean Lee, au Théatre de Gennevilliers

Photo de Blaine Davis avec bandeaux noirs d'origine et l’aimable autorisation du théâtre de Gennevilliers

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