La salle est peinte en noir, nue, ce soir il faut très chaud. C'est normal en enfer. Trois morts-vivants en huis clos, à ne plus se supporter en direct sous le regard des spectateurs. On peut voir cela tous les jours sur écran mais le texte là n’est ni de Loana, ni de Nabila: de Sartre en personne. N’empêche, qu’en reste-t-il aujourd’hui? La thématique sartrienne est bien rouillée mais la mécanique théâtrale tient toujours. Peu importe l’enfer maintenant. Et la philosophie est morte, elle aussi. Reste la construction en montées et paroxysmes, surtout de beaux acteurs, bien vivants, qui réinventent les passions, se réapproprient les mots usés, font ressusciter de cris et sueur tout ce qui est suranné, à force de physicalité. Ils en conjurent l’enfer, (Dieu ?) merci !
Huis Clos de Jean Paul Sartre, mis en scène par Isabelle Erhart avec Marta Corton Vinals (Estelle), Alicia Roda (Ines), Joel Abadie (Garcin), Jean Louis Wuillemier (garçon d'étage) , vu au Théâtre du Nord-Ouest le 24 août 2013.