D’abord elle chute, propulsée dans un espace sans dessus-dessous. Dans un monde d’après fait de vide inhospitalier, ruines qui lui inspirent ces fuites de bête traquée. Dans ce No man’s land survivent des brides de souvenirs: robe à fleurs et chaises renversées. J’imagine qu’elle s’y raccroche, y puise de l’énergie pour lutter et exister encore, par mouvements d’allers retour contrariés, où elle semble ramenée à son point de départ par d’invisibles fils. Soudain elle parle, sa voix reste sur le fil. Elle se perd yeux fermées, tombe et persiste à tomber. Le propos ici est grave, les mouvements forts et sans retenue. Je suis sensible à cette criante inquiétude. Parfois je la quitte pourtant-Il y a peut-être trop ici, encore à décanter, et il me faut accepter le sens du drame. Mais elle ose et offre l’intensité. Me fait apercevoir ces fragments d’absence qui surgissent, ces failles. Elle partage la recherche de l’invisible-sur scène il y a un angle mort, un trou noir- elle parait toujours au bord de s’y effacer, où de se fondre contre le mur, puis revenir avec une si forte présence. Elle réussit à mettre en scène l’impossibilité. Il y a-t-il de l’espoir ?
Ruines de Tatiana Julien et Marine de Missolz dansé par Tatania Julien, vu le 7 février à l’atelier de Paris Carolyn Carlson avec Faits d’hiver.
Guy
photo de Nina Flore Hernandez avec l'aimable autorisation du festival faits d'hiver
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