Tirée à quatre épingles, on lui donnerait le bon Dieu sans confession... avant qu'elle ne déchaine toute la force de ce monologue frénétique et sacrilège, à classer triple X. L'affaire a commencé en douceur. Le phrasé de Stéphanie Aflalo est millimétré. Fausses hésitations et silences calculés qui sèment le trouble, petites ambiguïtés, légers abandons. Il faut cela: le texte de Georges Bataille est à contenir avant de le libérer, un torrent à canaliser pour en garder tout le débit. Et il arrivera un beau moment où la comédienne se laissera de tout son corps chavirer, portée par la violence érotique ainsi libérée. Maitrise de la distance dans le jeu, ce sera drôle aussi: tout le joyeux et le grotesque de ce récit obscène, et donc aveuglant, est mis à nu, par les excès mêmes de ses transgressions. Stefanie Aflalo remet du beau désordre dans Bataille.
Histoire de l'œil d'après Georges Bataille par Stéphanie Aflalo, vu à la Loge le vendredi 19 mai 2017.
Guy
photo (droits réservés) avec l'aimable autorisation de la Loge