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Jean Gaudin

  • Jean Gaudin et la Maison Hantée

    On avait la veille été témoin fasciné de l'apparition/disparition de spectres inspirés d'Emily Dickinson ("One need not be a chamber to be haunted"). C'etait As Far As d'Alban Richard.

    La sensation d'étrangeté flotte ce soir à nouveau, dans le décor renaissance toc et boisé du Théâtre du Ranelagh. L'arrière scène est ouverte sur un désordre défraîchi, comme d'un décor abandonné depuis des lustres. Des bruits hors contexte s'en échappent, et aussi des quatre coins du lieu, voire de partout ailleurs: en coulisse, en arrière vers l'entrée, en provenance des balcons. C'est quand apparaissent quatre individus hagards que l'on peut pour de bon s'inquiéter. Ces personnages sont habillés trop démodés-chic façon tweed années 30- pour être vrais. Ni vivants. Il leur manque une case, manifestement. Ou pire. Démarche raide et saccadée, agités de tics, ils vont droit devant eux jusqu'à se cogner aux murs. Mal barrés. Tournent et sautillent. Leurs regards se perdent vers des objets qui nous échappent. Plus qu'une explication: ils sont possédés. Par des esprits? Si c'est le cas, ces derniers ne tardent pas à prendre possession du reste de la scène: des créatures virtuelles se dessinent en effet en ombres sur les murs. Pour des danses endiablées. Toutes les dimensions du réel et du reste commencent à se télescoper, en un joli désordre.

    Tout cela déconcerte, met un peu de temps à s'installer. Mais les esprits prennent peu à peu le contrôle absolu de la salle. Des petites figures lumineuses et espiègles s'installent sur tous les murs du lieu. Les quatre décérébrés courent animés par des forces invisibles dans les travées, pratiquent des langages inédits, frayent avec les vivants. Ces danseurs ont du être danseurs dans une vie antérieure avant d'être zombies: ils dansent par éclats qui se laissent juste deviner. Heureusement, ils sont plus pittoresques qu'inquiétants, cocasses même. Les esprits deviennent franchement farceurs. Tout finira en un foxtrot endiablé, au son d'une très improbable yiddish swing music. On peut finalement s'habituer à vivre avec les esprits, s'ils sont de bonne compagnie.

    C'était fluXS.2  ♥♥♥  de Jean Gaudin, avec Bruno Dizien, Claudia Gradinger, Anna Rodriguez, Robert Seyfried, au Théâtre du Ranelagh dans le cadre du festival Faits d'Hiver

    Guy 

    P.S.:  une video, ici.