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andrea sitter

  • La mémoire du corps

    La danse est placée en évidence au centre de cette proposition autobiographique, la surprise est qu’il n’est pas besoin d’être danseur pour s’y intéresser.  Je vois à l’œuvre la mémoire du corps, non seulement de son apprentissage technique avec cette fameuse cinquième position, mais avant tout dans ses émotions, dans toutes ses expériences, adultes et de l’enfance. Andréa Sitter fait le grand écart entre gestes et récit, et les lie mais laissées libres, les réconcilie.  L’hommage aux maitres est riche de matière, la danse chargée de densité, je craignais-à tort- qu’elle soit désincarnée. Toujours sous l’autodérision apparait la question d'une impossible pudeur, et de l’irréductible distance de l’étrangère en France. Elle me fait ressentir en retour la perplexité intimidée que m’inspire l’Allemagne depuis toujours. Je ne désespère pas, qui sait je tenterais bien Berlin quelques jours.


    Andrea Sitter - La Cinquième Position (extrait) par Theatre_de_Chaillot

    La cinquième position d’Andrea Sitter vu le 10 décembre au Théâtre national de Chaillot.

    Encore Jusqu’au 20 décembre

    Guy

  • Sous le Soleil de Bercy

    13H50: comme l'an dernier à la même époque, on entre dans la danse à Bercy. En plein air. Il a plu hier, demain il pleuvra. Il devrait pleuvoir aujourd'hui aussi. Mais, pourtant, le ciel est juste menaçant. Tant qu'il ne pleut pas encore, les organisateurs décident d'avancer de dix minutes Tourlourou, de Carlotta Sagna. C'est bien à propos, puisqu'on lit que la pièce évoque un compte à rebours...Toulourou...: du texte, beaucoup de texte! Trop de texte, qui se disperse à ciel ouvert. Même si- comme on nous le fera remarquer plus tard- face au mur de béton de l'UGC Bercy on aurait pu s'imaginer être dans une salle du C.N.D.. La diction anglo saxonne de l'interprète-  Lucy Nightingale- éloigne encore un peu plus les mots de leur signification. Sur les gradins, les mêmes dames de tous âges qu'on voit dans tous les lieux où on voit de la danse. Et puis des familles, ou des moitiés de familles- du genre qu'on ne voit jamais dans ces endroits. Des enfants qui ouvrent des yeux ronds. On est plus occupé à être contrarié de l'incompréhension que l'on croit comprendre autour de soi, qu'à essayer de comprendre soi même la pièce. Plus haut, quelques jeunes lancent en passant des "c'est nul"- et d'autres observations nettement plus grossières à l'attention de la soliste. On applaudit des deux mains au projet d' Entrez dans la danse, et à la démocratisation culturelle en général. Mais on se dit quand même que ce n'est pas gagné. De la performance reste des miettes, quand même de beaux morceaux, exécutés par l'interprète en tutu et treillis. La danseuse fait de belles choses entre deux discours, perchée sur une cible carrée, se tord et chute, martiale et déterminée, au son du tambour. Mais on a absolument oublié ce qu'elle avait dit au début. On flashe quelques photos floues d'elle avant que la batterie ne s'épuise avant terme. Bref, la photo c'est une affaire de pro, ou d'amateurs très organisés, dommage en passant pour Jérome qui s'est défilé. Les deux garçons qu'on a amenés s'ennuient un peu. Essaient de voir la culotte de la danseuse sous le tutu. Fin: on en ressort convaincu qu'il y a des performances qui sont peut être remarquables en salle mais impossibles dehors, et d'autres inversement. Pause. Il fait beau, on mange des glaces.

    15H30: danse ensuite Andréa Sitter, qui elle aussi parle beaucoup. Et pour cause, puisque le projet d'Im Kopf est de dire ce qui se passe dans la tête de la danseuse. Mais maîtrise mieux son texte et son affaire. Pince sans rire, elle part à l'assaut du public sur les marches des escaliers, fait des effets de tablier. Joue sur la confusion des mots. Mais on est pas sûr que les allusions aux subventions, et ainsi de suite, passionnent grand monde ici. Mais au fond, on en sait rien. Ni des révélations que ces deux performances auront suscitées, ou pas. En tous cas, les photographes, pros ou non, s'en donnent à coeur joie. De tout là haut, deux, trois gouttes de pluie, et c'est tout. Que du soleil après.

    16H00: programme en main, guidé par les gentilles hôtesses, on fait son chemin dans le village de Bercy. Il y a foule. Dans les passages entre les chais, des danseurs prennent par surprise les regards des passants. On se dirige vers le parc. On s'arrête prés de la maison du lac. Il y a beaucoup de monde, des gens qui sont venus pour le jardin, des gens venus pour la danse, des gens qui ne se souviennent plus. Les deux garçons partent s'écorcher les genoux dans les buissons du labyrinthe. Il fait bon. Alors que jouent les garçons, on s'abandonne à quelques minutes de torpeur allongé sur l'herbe (ne pas laisser les mamans lire ce post). On est réveillé par un peu plus de silence. Rosalind Crisp  danse. C'est toute la beauté de la chose: personne n'a compris quand elle commençait à danser, certains croyaient qu'elle s'échauffait, d'autres ne l'avaient même pas remarquée. Elle danse donc sans crier gare, sans faire de bruit, sans scène ni costume. Et continue tout aussi absurdement. Fait la nique aux photographes. Un enfant hilare, l'imite et fait des roulades. Elle s'en saisit, le fait tournoyer, il rie au éclats. On sourit de ces petits riens. On avait déjà vu Rosalind Crisp en salle une fois, pour se souvenir de la performance d'alors comme quelque chose de très respectable... et terriblement sérieux. Mais ici et maintenant, sur l'herbe, sans début ni fin et en toute insouciance, c'est leger, parfait, tout simplement. Fin quand même, et applaudissements. Assez nourris pour réveiller d'autres spectateurs encore endormis, qui se demandent quand elle va commencer. On discute, on promet de revenir tout à l'heure voir les zonards celestes de Fabrice Dugeid, qui construit à coté un étrange édifice.

    16H30: les garçons ont survécu au labyrinthe et aux écorchures, on repart avec eux vers la place de l'UGC. On arrive en avance, c'est la fin d'un atelier de danse contemporaine, de Sophie Meary, avec adultes et enfants réunis en une ronde. Les deux garçons trépignent, n'y tenant plus, se précipitent rejoindre le groupe, entrent dans la danse pour de bon. Et se livrent avec délices à des improvisations. Heureux dix minutes durant. Retour sur les gradins joues rouges des nouveaux danseurs contemporains.

    16H50: Place au solo de Sabrina Giordano, chorégraphiée par Johan Amselem. Titre: "A quoi je tiens". Est ce à une orgie de consommation, franchement régressive? Une journée (de bonheur) au grand magasin? Elle y va à fond en tous cas, piercing, techno et du mauve partout, ose le sac à main d'un mauvais goût absolu. C'est vif et drôle, assez turbulent, plutôt inattendu. Surtout concret, ancré dans le quotidien. Du contemporain mais qui parle à tout le monde. Surtout quand la danseuse se barbouille de nutella. Une fillette indignée lui hurle "Tu es sale", sans discontinuer. Les garçons adorent, et sont scandalisés. Un débat suit, plutôt pour les parents, mais vite expédié. On fait connaissance. Les garçons sont fatigués et veulent rentrer. Moins de soleil, mais il ne pleut toujours pas, on repart en direction de la maison du lac.

    17H40 (ou plus tard, on ne sait plus, on ne sait pas): on arrive tard, beaucoup trop tard, de retour dans le parc. Les zonards célestes ont déja commencé, ou sont prêt de finir, difficille à dire ça a l'air trés improvisé. Il sont beaucoup à danser sur l'herbe, font des choses qu'on a du mal à voir et qui s'appellent des mémoires qui dansent. Il nous vient des images de Woodstock avec des personnages d'époque. Ils ont l'air heureux. Pas déplacés ici. Raccord. Cela ressemble à du Buto, mais ce n'est pas du buto. Pourquoi? On ne sait pas, on sature, on ne voit plus, on est fatigué. On tient cinq minutes, les garçons tirent vers la maison. Forfait. Vivement l'an prochain.

    C'etait Entrez dans la Danse, par Mouvances d'art, dans le parc de Bercy et Bercy Village.

    Guy

    La journée en image sur Photodanse