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enfants teribles

  • Salomé, c'est moi

    Salomé ce soir, emporte tout sur son passage, rien ne résiste à sa danse ni à sa litanie -dans le français étrange et poétique utilisé par Oscar Wilde. Rien ne peut longtemps la retenir sur le chemin de ses sens. Surement pas le Tétrarque, Jean Baptiste encore moins, tous deux traités ici dos à dos sur le même mode grotesque, au laminoir d'un humour grinçant. Ce choix de mise en scène est bien audacieux, et il est très inhabituel de rire en voyant la pièce de Wilde. Le drame n'y perd rien pourtant, ancré dans une scénographie élégante et funèbre, l'ensemble y gagne même en sens. La jeunesse et la fougue des acteurs permet à l'érotisme sous ce texte fantasque de s'exacerber. Il s'agit vraiment ici du triomphe du désir, irrépressible et irraisonné, sur la morale étouffante que prêche le prophète, sur l'ordre hypocrite et corrompu que tente de faire régner le roi libidineux. Oscar Wilde a lui-même payé cher le prix de ses propres désirs, alors des transgressions. Salomé, c'était lui.

     

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    Salomé, d'Oscar Wilde par les Enfants Terribles, mis en scène par Numa Sadoul, vu au théâtre de Ménilmontant
     
    photo avec l'aimable autorisation de Numa Sadoul
     
     
  • Un air de jeunesse

    Pour traiter de la famille et de ses terrifiants diners, ni Brecht ni Lagarce, ce soir ci mais Bacri et Jaoui. L’observation s’aiguise tout autant, drôle, contemporaine et incisive, rôles et névroses à vif, enfants perdants, enfants chéris, pièces rapportés. L’héritage est aussi lourd à supporter que le chien Caruso ni vivant ni mort dans son panier. Ça grince et on rit. La mère a tous les torts et c’est de bonne guerre, lors d’une belle séquence onirique les enfants se vengent d’elle avec force objets contondants.

    Le tour de force de cette mise en scène de Numa Sadoul est de mettre en avant cette troupe d’ados et d’enfants qui jouent comme des grands, avec énergie et exigence, ni fausse note ni rupture de rythme. Ils ont essayé: on peut. On raconte que Sarah Bernard jouait toujours les ingénues avec jambe de bois et date de péremption dépassée. Ici c’est tout l’inverse. Je goute cette expérience, une couche supplémentaire de plaisir, d’être décontenancé par le décalage entre l’âge objectif des interprètes et l’âge supposé des personnages, d’oublier cette distance dans le feu de l‘action, et d’ensuite m’en rappeler avec incrédulité.

    C’était Un Air de Famille, de Bacri et Jaoui, mis en scène par Numa Sadoul avec les Enfants Terribles, ce soir pour la dernière à la Comédie Nation.

    Guy