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pulp festival

  • Pulpe et fictions

    Jubilation, les expressions artistiques se croisent ici; scène et vidéo, bande dessinée et peinture, dessin et chanson, dans une joyeuse dé-catégorisation. Ils tissent les fils de récits intimes, d'intériorités qui s'expriment en variant les habits de leurs pudeurs. C'est en même temps pour nous une invitation aux voyages loin dans l'espace et le temps, mais juste à un quart d'heure de trajet de RER à la ferme du buisson.
     
    Posy Simmonds est une charmante lady, c'est un peu l’Angleterre qui nous rend visite içi. A l'heure du gros mot en "B" on lui dit merci. Sa politesse exquise contraste avec l'acuité drôle et sans merci de son regard et de son pinceau, cet understatement acide avec lequel son art traite des dures réalités de la vie, intimes et sociales. L'expo rend justice à son œuvre. Qui est loin de résumer à Tamara Drewe et Gemma Bovery (voire Cassandra Drake qui sort en France aujourd'hui) populaires de ce coté de la manche. On découvre ici la partie immergée de l'iceberg: 50 ans de dessins de presse, de livres pour enfants, de cartoon politique... De salle en salle les antagonismes témoignent de la richesse des thématiques: entre hommes et femmes, France et Royaume-uni, ville et campagne, richesse et pauvreté.

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    Des cottages anglais aux Deux-Sèvres, de leur passion commune pour les œuvres littéraires sources inépuisables d'inspiration, des dessins de presse, Posy Simmonds et sa cadette Catherine Meurisse (Charlie-Hebdo, La legereté, Moderne Olympia..) auront surement beaucoup à se dire en conférence vendredi soir (et puis peut-être il y a -t-il plus d'un point commun entre Posy Simmonds et Claire Bretecher, un des modèles de C.M.) 
    Dans l'espace consacré à l'auteure française, on ne verra pas de planches mais des surprises scénographiques qui évoquent les décors de son enfance rurale, tels que dessinés dans "Les grands Espaces". Une nouvelle manière pour Catherine Meurisse de raconter, mais cette fois sans se montrer, son retour aux sources salvateur après le drame de Charlie Hebdo (Lire la Legereté). On se ballade cette fois ci à rebours dans la campagne des années 80. Pas de mouvement: mais du relief. On en dit pas plus.
     

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    Voyage au long court avec Alberto Breccia, direction l'Argentine, mais fini le plein air. Pour explorer des territoires d'audaces graphiques, noirs d'encre ou bariolés de délires, pour revivre comme moi-même des souvenirs d'ado délicieusement effrayé à la lecture de Mort Cinder... On peut aussi, mais à ses risques et périls explorer les profondeurs et l'innommable à la recherche de Cthulhu. Dans l'ombre, l'imaginaire déferle.

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    Retour à la réalité, mais celle-ci peut-être déformée par le rêve, la légende, les souvenirs .... le Caire, Beyrouth , ces capitales telles que les années passées reviennent à la vie avec les Astres de l'Orient, album de Lamia Ziadé adaptée sur scène par Bachard Mar-Khalifé. 10 minutes de répétition, deux chansons, des mélodies plaintives suffisent pour s'orientaliser, partir.

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    Et la grande expo des empreintes graphiques, consacrée aux lithographies et estampes, en regard des bandes déssinées permet d'explorer un champ plus conceptuel... et concret: les rapports entre l'art et l'artisan, les idées et la matière, les conditions de leur reproduction pour diffusion. les auteurs de bande dessinée passent parfois des cases au grand format, des librairies au galeries. Philippe Druillet exposé l'an dernier ici en est un exemple emblématique. En vedette et en action une grande presse à bras, qui rend humbles les grandes œuvres autour des géants tels que Baudouin, Art Spiegelman , David B, Loustal, Nicolas de Crecy, Lorenzo Mattotti...)
     

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     Pulp Festival 2019 à la ferme du buisson du 5 ou 7 avril, expositions ouvertes jusqu'au 28 avril.2019-04-03 22.48.03.jpg
     
    Guy
     
    Photos GD
     
  • A l'intérieur des images

    Plutôt qu'une adaptation des trois ombres, on s’immerge ici dans extension de l’œuvre par d'autres moyens artistiques, une radicale recréation dans l'espace scénique. D'abord du récit : le conte onirique en BD de Cyril Pedrosa- tragédie d'une fuite éperdue-est déplacé d'un passé indéfini vers un présent qui fait écho aux tragédies contemporaines. La menace mystérieuse des trois ombres aperçues au loin se précise avec des références aux guerres bien réelles. S'impose d'emblée un sentiment inéluctabilité, la relecture de la tragédie se fait au passé. Les personnages sont ramenés à l'essentiel autour du trio familial: le père, la mère et l'enfant condamné. Les péripéties cèdent le pas aux allégories. De tous l'unique comédienne se fait le corps fragile, la voix inquiète, soutenue par le dessinateur et les musiciens. Recréation formelle: la narration cède le pas à la puissance des sensations que permet la convergence des arts de la scène, de l'évocation d'un simple feu de bois à la tempête. Tout part pourtant de la noirceur du dessin de Pedrosa, qui envahit le plateau, ses traits et gestes en direct, agrandis, amplifiés par la musique, la vidéo. Ils produisent une intense contagion sur la scène, il faut bien dire un sentiment d'étouffement. Qui traduit toute la dureté du monde. C'est dans un igloo, une bulle, que Cyril Pedrosa, dessine, dans un fragile refuge face au deuil, à toutes les menaces, surface de projection de quelques espoirs.

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    En situation d'immersion, le spectateur s'y trouve aussi en se plongeant dans les expositions du festival Pulp de la ferme du buisson. Dans cette situation, la bande dessinée se projette hors du cadre habituel de l'album, sur tous les murs, pour entourer le visiteur. Elle cesse d'être narration pour s'affirmer art simplement, s'il en est encore besoin de le prouver. Le choc est manifeste pour la rétrospective consacrée au monumental Philippe Druillet (Lone Sloane, Salamboo...), artiste plus grand que nature, qui dessine sur des planches en  format XXL, et il semble que le format n'est jamais assez grand pour contenir la profusion, la puissance et la violence de ses images qui explosent hors des cases. Dans cette exposition, et à travers l'évolution de l'artiste depuis 50 ans, l'histoire racontée à l'origine compte de moins en moins par rapport à l'image, à jamais figée à l'instant donné. Nous restons en sidération devant la contemplation d'un big bang apocalyptique, la fin et le commencement, hallucination traversée d'angles aigus et de couleurs exaltées.

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    Et les autres expositions : Big Nose Art de Florence Cestac dont les célèbres nez sont sublimés par le relief, celle des gracieux sumos de David Prud'homme, celle de l’inénarrable collection BD cul, prouvent, chacune différemment, la capacité de la BD à se montrer où on l’accueille en mutant de forme. 

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    Trois ombres, mis en scène par Mikaël Serre d’après la BD de Cyril Pedrosa le 7 avril et les expositions de la ferme du buisson dans le cadre du Pulp Festival. Les expositions sont visibles jusqu'au 21 avril.

    Guy

    photo de les 3 ombres par Philippe Guillaume