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théâtre de chaillot

  • Un soir à l'opéra

    D'une représentation à l'autre, est-ce notre regard qui change, ou la pièce qui évolue? Souvent les deux à la fois. Entre l'Initio vu avec faits d'hivers au théâtre de la cité internationale en début d'année et l'Initio [live]-titre étrangement rock!- de jeudi dernier à Chaillot, il y a plus que le renfort-apprécié- d'un orchestre et d'un chœur. C'est la danse qui parvient maintenant à s'imposer, en cette convergence compliquée que l'opéra recherche, avec le chant et la musique. Équilibre atteint. En janvier dernier je m'étais plutôt attaché à analyser le livret dans son état d'alors. Je ne lis pas celui de ce soir, absolument pas attentif au détail de la  narration, plutôt juste au thème général et aux émotions reçues. Est ce l'effet de ma stratégie de spectateur, ou plus passivement la conséquence de mon humeur un peu lasse? De toute manière je suis incapable de lire le livret dans le noir, pas plus de comprendre à l'oreille les paroles dans les belles envolées du chant. Il pourrait tout autant s'agir d'une langue étrangère, voire fictive, bien appropriée pour raconter l'allégorie d'un peuple en marche, comme dans une œuvre du groupe Magma. Cette partition, si dure et dramatique, aux angles aigus, a-t-elle changé? Je ne sais. Mais- grande différence avec la première version, les musiciens sont présents, ce qui est sensible non seulement par ce que je reçois de plus intense dans l'interprétation, mais dans leur intéressante physicalité. En janvier le vide traversé dans cette errance des personnages m'avait mis mal à l'aise, ce soir l'espace est intensément peuplé, au commencement par la foule des choristes, encore silencieux mais pour divaguer à quatre pattes- ce qui évoque "La mort et l'extase" de la même chorégraphe. Au deuxième acte, l'orchestre vient sur scène rentrer dans le mouvement, en empathie plutôt qu'en concurrence avec les danseurs , tous ensemble peuple d'artistes au service du sensible. Le rôle de la sibylle est dédoublé: Tatiana Julien danse et Léa Trommenschlager chante mais bien présente, ainsi que le ténor Rodriguo Ferreira. Tous s'engagent dans le mouvement, à l'unisson d'une danse cette fois engagée, d'inquiétude et d'urgence. 

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    C'était Initio [live] de Tatiana Julien (Chorégraphie), Pedro Garcia-Vélasquez (musique), Alexandre Salcède (livret, vu au Théâtre de Chaillot le 30 novembre 2017

    Guy

    photo par Meng Phu avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • A la folie

    Il y a ici une qualité rare: la lisibilité. Sensible, dans le voisinage paradoxal du foisonnement, de la complexité. Wajdi Mouawad creuse à la source de la tragédie relit l'Iliade, et Sophocle. Avant que le verbe soit, un homme et chien aboie, animal de rage et de douleur. La parole peut il le libérer de la folie? Peut-elle réparer les déracinements, les humiliations et les injustices, telles celles faites à Ajax? Les médias, en quatre déclinaisons parodiques, commentent en bruit de fond ce cabaret poétique, mais c'est à nous d'en tirer le sens. Interrogés par la voix insolente et libre de cet exilé du Liban, de la France et du Québec, par des images grotesques et épiques, sur l'identité qui doute, sur les retours au pays, de Thèbes à l'Algérie. 
     

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    Ajax Cabaret de Wajdi Mouawad au théâtre de Chaillot le 27 mai 2016.
     
    Guy
     
    Photo de Pascal Gely avec l'aimable autorisation du Théâtre de Chaillot