Entreprise sévère et ambitieuse: le livret de cet opéra dense de sens puise dans le vivier des mythes universels. Un peuple en détresse erre en quête d'un dieu muet sous la conduite de son prophète. Cette traversée du désert les amène vers un havre, une possible terre promise. Le récit balance entre universalité et l'actualité flagrante avec la figure d'un religieux fanatique et misogyne, prompt à tuer à coups de revolver. Dès le temple trouvé, coule le premier sang. Mais le ciel est vide, la scène aussi. Cette omniprésence du vide, assumée dans la pièce, me pose question, avec la sensation que la chorégraphie explore obsessionnellement cet espace austère sans le remplir de vie, d'expression. Malgré les enjeux, ll me manque d'être saisi, halluciné. Mouvements désunis, me dit une amie. Il me faut attendre le personnage de la sybille pour gouter de la liberté, de la surprise et du délié, même de la transe. Dans cette concurrence des sens que produit le genre de l'opéra, avec une partition ici très acide, le chant à vif, le livret à lire dans le même temps, dans cette masse d'informations à décrypter, la danse me semble ici passer au second plan.
Initio chorégraphié par Tatiana Julien, composé par Pedro Garcia Velasquez vu au théâtre de la cité internationale dans le cadre de faits d'hiver le 30 janvier 2017
photo de Flore Nina Hernandez avec l'aimable autorisation de faits d'hiver