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Peut être Maxence Rey

Il y a ce que les chorégraphes écrivent, et ce qu'ils dansent, et ce que l'on voit, et ce que l'on pense. Et entre, des espaces délicieusement flous.... Avant de voir Maxence Rey danser son solo, je lis la présentation de la pièce - ce qu'on appelle les intentions- mais vite j'oublie tout, tant la piece s'impose, s'interpose.

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D'abord la présence de l'interprête- c'est un fait: on oublie pas Maxence- en longueurs et étrangeté, l'attraction du visage, des yeux. Tous les mouvements partent de ces yeux. La théatralité nait en cet endroit, sans vains bavardage. Rien n'est prononcé à voix haute (et c'est heureux), mais dans le texte- quand même je m'en souviens- il était question de vulnérabilté. Je m'en souviens, car si je ne l'avais pas lu je l'aurais sans doute de moi même formulé: le personnage se débat de quelque chose, femme muette et sidérée. L'interêt, c'est que cette lutte se laisse tout juste deviner, sans l'applatissement de l'évidence, pourtant l'action confinée dans l'espace de cette chaise, ses stricts alentours. Dans cet espace contraint: des éclats de paniques, des éclosions empéchées, des gestes échappés, des impressions renversées, bouleversées. Ce qui ne revient à ne rien dire sans évoquer la manière dont celà s'incarne: l'interprête semble éminemment extensible, élastique à tâtons, noire gainée, danse tout en lignes, se transforme, lance des ombres, en surprises et lenteur ménage des accélérations. Entre jambes et bras qui n'en finissent pas de s'allonger, le corps disparaît, les sensations fusent et s'évadent, et bizarrement c'est drôle, souvent. C'est du moins tout ce que je vois, mis à l'aise pour voir à un point que les interruptions et transitions encore à régler-il s'agit d'un filage- ne me troublent pas. J'en déduis que la composition est aboutie et concise (pas si évident pour un premier solo), bien équilibrée avec lumière et musique. Mais il y a aussi le costume et ce chapeau trés étrange. Les accessoires s'imposent pour déterminer une temporalité...ambiguë. Ici c'est le concret qui crée l'inexpliqué, conjugué à la force d'évocation du corps, nous renvoie à réver à des multiples et possibles références auxquelles le texte ne nous a pas préparé.

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J'ai la chance de pouvoir discuter avec Maxence et ses invités autour d'un verre et de crocodiles en gélatine. Comme je peux lui dire que j'ai aimé ce que j'ai vu, la discussion est agréable. Pour autant, ce dont Maxence parle ne ressemble pas tout à fait au spectacle auquel j'ai pensé assister. Jérome, en bon classique, a reconnu des dieux et déesses antiques, aussi et malgré cela des images d'élégantes des années 20. Moi-même, j'évoque des références à l'esthétique publicitaire de la fin du XX°. Mais ce que l'auteur redit de son solo: des expressions sous-jacentes d'angoisses, de morts et de décomposition... je me trouve plus à l'aise pour qualifier ainsi son travail d'interprète dans les pieces d'Isabelle Esposito, qui d'ailleurs est présente durant cette discussion! Tout est pour le mieux: la piéce commence à vivre et échapper à tout le monde (à la créatrice en premier). Je reverrai, bientôt, Les Bois de L'Ombre, pour surement y revoir du nouveau.

C'était une étape de travail des Bois de l'Ombre, de et par Maxence Rey, avec Cyril Leclerc (lumière) et Vincent Brédif (création sonore), en résidence à Mains d'Oeuvres. La piéce sera présentée aux professionnels le 25 septembre, dans le cadre des plateaux de la Biennale de Danse du Val de Marne.

Guy

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photo de Jérome Delatour- Images de danse

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