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5 fois Hamlet

Que faire d’Hamlet, encore, un soir de plus ? Saisir l'occasion pour « exploser Shakespeare » selon la promesse faite par le festival. Éclater la narration selon les visions de cinq metteurs en scène, soit un par acte. C’est pour une fois une vraie bonne idée, de montrer cinq visages de la folie, la forme rejoint le fond, l'instabilité et ce vertige qui entraine jusqu'au bout les personnages. S’il y a un fil rouge ce soir, c’est celui de la démence. Mais dans une confusion qui me libère, de  l’univoque. Comme un spectateur qui pourrait diviser pour régner. La dynamique de la pièce échappe à chacun des metteurs en scène, aux 26 acteurs qui permutent, pour proposer des perspectives, qui les dépassent, plus riches. Pas de temps faible en cinq mouvements, L’effet de lassitude est évité, on connait assez le texte pour jouir sans s’y perdre, au travers des ruptures de ton, cassures de rythmes, chocs des esthétiques…

 

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Le Premier Acte nous plonge dans un cauchemar distancié, souligné d’ombres et lumières rouges, une ambiance surnaturelle alourdie par une bande son d’épouvante. L'impression est aussi froide et graphique que du bob Wilson. Les silhouettes alignées sont stylisées à l’essentiel. Le fantôme du père assassiné écrase Hamlet de l’obligation de le venger, aussi lourde qu’une malédiction, laisse tomber une chape de plomb. Cohérent.

L’Acte Deux, lorsqu’Hamlet simule la folie, se joue au paradoxe plus proche et direct. Le jeu turbulent et hurlé, le texte mis en pièce, l’accompagnement rock’ roll, l’humour bouffon, les acteurs travestis et une scénographie abrupte et aussi bricolée que celles de Gwenaël Morin. Une transition, une évasion, une respiration?

L’Acte Trois, au cœur de l’histoire, me replonge pour de bon dans le tragique, sous une lumière accablante. La pièce de la troupe ambulante se joue dans la pièce, accusatrice et démonstrative. Hamlet assassine  Polonius. Hamlet est il gagné pour de bon par la folie? Incarnation de la terrible dictature de la vertu, avec la violence pour corolaire, au mépris de l’amour. Le sang coule pour tous.

L’ Acte Quatre a peut-être ma préférence. Il se nomme Ophelie, m’entraine à nouveau dans un rêve onirique , une ambiance verdâtre, au son des cris d’Ophélie  et de son double blanc, fantomatique qui erre poursuivie par le projecteur. Jusqu’au suicide, la vie est impossible.

L’Acte Cinq, malgré la physicalité du duel et la féminisation d’Hamlet, me semble marqué d’apaisement résigné, d’un retour à la normalité. L'empathie redevient possible. La drame va vers sa résolution après tant d’excès. Sur le plateau la terre renversée figure le cimetière, son odeur nous gagne. Tout est dit, le monologue aussi, déjà mort. Le reste est silence evidemment.

C’était Hamlet, de Shakespeare, par la compagnie Estarre, mis en scéne (dans l’ordre) par Stéphane Auvray-Nauroy, Vincent Brunol, Sophie Mourousi, Michèle Harfaut, Eram Sobhani, au théatre de l’étoile du nord dans le cadre  de « A court de forme explose Shakespeare » jusqu’au 14 janvier.

Guy

photo avec l'aimable autorisation de la compagnie

Commentaires

  • Bonjour,

    J'ai l'intention d'aller voir la pièce cette semaine. Comme j'ai l'intention d'aller voir anonymous.

    Puis-je vous suggérer la lecture de mes notes critiques du livre de John Dover Wilson, Vous avez dit Hamlet? sur mon blog http://horatio.hautetfort.com

    Je suis un peu hommenubilé par cette critique en cours d'évolution!

    A bientôt j'espère

    Sylvain

  • Je n'y manquerai pas!
    Guy

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