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Deux mythes, une metamorphose

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Elle trône femme, souveraine, ample et triomphante, tous volumes libérés. L’enfant est annoncé, mais non nommé, et le père absent. L’enfant encore n’est pas séparé mais pèse comme une partie d’elle. Il n’y a là à voir qu’un être, la future mère en ce paroxysme, sa force dédoublée par la présence en germe. Elle ne s'appartient plus entière, tout lui revient. Elle danse, d’ivresse, rend plus dense l’espace autour d’elle par ce trop-plein d’existence. La chorégraphe restitue par film ces images d’elle qui témoignent d’un moment si particulier. Je suis surpris et saisi de voir le thème si fort de la maternité abordé dans un processus artistique- et Katalin Patkaï l’évoquera à son tour quelques semaines plus tard. Je crois ce soir revoir des images d’une déesse de la fertilité, de la Venus de Willendorf, ressuscitée après des millénaires où l’image pourtant ommniprésente dans la vie quotidienne de la femme enceinte me semble disparaitre, à quelques exceptions près, de l’art occidental (la grossesse de Vierge semble si abstraite en peinture, sous la pudeur de ses drapés).

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Mais c’est un faune, ou une nymphe, qui ensuite apparait en chair et en os. La même artiste pourtant, mais métamorphosée pour, à mes yeux, incarner un autre mythe, de l’antiquité, de la renaissance, de la danse. Le corps léger juste vêtu des mêmes fleurs, ici semblant adolescent, d’une finesse presque androgyne. Couverte de vert, première, se laissant traverser d’émotions élémentaires, je la vois comme une partie d’une nature ici immatérielle. Je pourrais entendre couler un ruisseau. Elle joue à la grenouille qui rêve. Ses bras font se balancer les saisons. Son équilibre est précaire.  Elle tire la langue, moqueuse et impassible, ignorante du péché, nargue les hommes et les dieux. Puis c’est l’hiver et elle tremble. Elle prend des poses statutaire, sa lenteur la sculpte. Dans la liberté d’une recherche toujours en cours, le sens de sa danse se laisse devenir un vaisseau des mythes.

C'était, de Yasmine Hugonnet, le rituel des fausses fleurs (vu à Point Ephémère) et Fécond (vu à l'Etoile du Nord dans le cadre d'Open space et revu à Point Ephémère).

Guy

Photo 1 (droits réservés) avec l'aimable autorisation de l'Etoile du nord, photo 2 de Michael Nick avec l'aimable autorisation de la compagnie.

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