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  • Fenêtres sur cour

    Depuis 10 jours on se parle tous par écrans- familles, amis, professionnels, étudiants- ce soir la performance se trouve un chemin là dedans, et fait la nique au confinement. Ose. Rendez-vous sur ZOOM dans un Générateur virtuel, qui agrège en mosaïque les espaces personnels des performeurs chez eux. 
     

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    Évidemment au début ça balbutie -et tant pis- ça cafouille, chacun dans son coin, distancié. Les règles sont à réinventer avant de les enfreindre: belle confusion, avec la voix des spectateurs qui ont oublié de couper le micro. Tous réduits en cadre fixe et en deux dimensions, comme au début du cinéma, comme nos vies en ce moment. 
    L'espace virtuel s'organise, une quinzaine de petites fenêtres s'ouvrent pour qu'on s'y engouffre. On dirait la façade d'un immeubles, rideaux ouverts sur autant de scènes vivantes. On réagit à ces invitations , et l'on zoome d'écran en écran comme on arpenterait la salle du Générateur pour s'approcher d'une performance ou d'une autre. Propositions bavardes ou laconiques, visions inexpliquées, belles, loufoques, dans les salons, chambres, couloirs, escaliers ou salles de bain, sans dessus-dessous. Chants, dessins, corps immobiles ou en mouvement. Ou juste le regard attentif de spectateurs dont la camera est allumée. Tous unis par la volonté de ne pas renoncer.
    On sourit. Et le moment est aussi émouvant à la mesure de ce qui manque, à la mesure de la frustration de ne pas pouvoir plus s'approcher, une promesse d’après.
     

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    Zoom Your Frasq sur l'application Zoom par les artistes du Générateur, le 29 mars 2010.
  • 4 à 3

    Était-ce bien il y a un mois? Il me semble: il y a un siècle. En tout cas c'était avant... Alors dans l'insouciance. Pour moi un spectacle d'un nouveau genre, une chorégraphie particulière avec 22 joueurs balle au pied. Il était temps (j'avais bien vu la pièce de Rebecca Chaillon consacrée au foot, mais ce n'est pas la même chose). Banco à l'aimable invitation de dernière minute de mon sponsor Epixelic: Initiation enclenchée.
     
    Désolé pour les audiences des salles de théâtre, mais ce soir les 40000 spectateurs font la différence, ils crient bien plus fort. Ils n'attendent aucune permission pour applaudir. Les fans institutionnels chantent et dansent dans leurs tribunes du début à la fin, exécutent des performances parfaitement synchronisées avec écharpes et bannières. Ça résonne dans tout le stade. 
    A domicile, clairement, il y a les bons, il y a les méchants. On reconnait les uns et les autres aux maillots (je note: relire ce que Roland Barthes écrivait sur le catch, maintenant j'ai le temps). Le commentateur n'a pas peur d'en faire trop: hurlement quand le PSG marque, silence quand c'est Bordeaux. Mais tout finira bien: le PSG l'emportera 4 à 3. (si c'était une pièce, ce ne serait donc pas une tragédie) 
    Il y a aussi des trahisons quand un joueur manque une occasion, pire se conduit mal et écope d'un carton. Mais ce sera pardonné (ou oublié?), évidemment. Le public commente, engueule à l'occasion un joueur tel un copain de bistrot (j'imagine juste un instant des spectateurs de théâtre critiquer à haute voix les acteurs ou danseurs....)  
    Je mesure toute la culture qui ce soir me manque: ne connaissant pas les 22 protagonistes, beaucoup de nuances m'échappent. Mais je suis surpris de la bonne visibilité sur le stade, de la lisibilité du jeu. Dégagé de l'encombrante influence d'un commentateur télé, place à l'imaginaire. L'enjeu est simple, mais les tactiques compliquées, l'improvisation règne, des danses complexes, je ne vois pas venir les buts.... mais les autres non plus j'imagine. Ce soir je suis gâté: il y en a une demi douzaine, et de l'action.  Les chants ininterrompus des fans sont désynchronisés des passes des joueurs, et je pense à Merce Cunningham. C'est assez beau, c'est du spectacle vivant.
    Et surtout nous étions ensemble.
    Quand ce sera fini (ce que vous savez sera fini), quand tout recommencera, un jour j'y retournerai. 
     
    C'était Paris Saint-Germain contre Bordeaux, match de foot au Parc des Princes le 22 mars 2020.
     
    Guy

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    Merci à Sébastien qui m'a accompagné!
  • Du pylone à la scène

    Marie Delmarès s'aventure "entre les lignes", et d'abord entre les styles: elle ose le théâtre d'entreprise. L'expérience est rare, singulière. L’amphithéâtre, avec vue sur le parvis de la Défense, a vocation à accueillir des conférences, des AG: ce midi le théâtre s'y invite. Pour y parler des réalités et de l'imaginaire d'un métier- "ligneur" sur les lignes à haute tension- que la majorité des spectateurs de RTE en col blanc ignorent. A partir de témoignages, transposés dans le chant, les gestes et le jeu, on découvre une culture professionnelle forte, fière et rude. L'engagement physique sur scène donne une idée de l'intensité du travail en plein air, l'humour vient tempérer. S'agissant d'un projet commandité par une entreprise, on pourrait craindre les prudences et conventions d'une communication corporate. Mais les sujets durs- pénibilité, dangers, misogynie- ne sont pas évités: tout n'est pas rose en haut des pylônes. La parole vient des techniciens, ingénieurs et ouvriers, hommes et femmes du métier, en haute tension, et haute fidélité.
     

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    Entre les lignes de Marie Delmares, vu à l'amphithéâtre de RTE le 6 février 2020
     
    Guy
     
    photo GD