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Spectacle - Page 5

  • Voyage au bout de Copi- La Nuit de Madame Lucienne

    On avait promis, on a tenu: aprés Gabegie, ce soir on a vu "La Nuit de Madame Lucienne". De Copi (1940-1987). Cela change de Jeanne d'Arc. Cela change beaucoup, même. medium_affiche_lucienne.jpg

    Tout dans le ton, dans le visuel est criard, vulgaire, baclé, laid, cruel. A dessein. Façon de plonger dans l'univers de Copi, rats, références seventies, carton-pâte, dégoût et hystérie, travesti. 

    Non-histoire: on répète une pièce, et quelqu'un a tué Madame Lucienne. Juste un prétexte pour malmener les conventions du theatre de boulevard et de la pièce policière, étirées, mises à mal, retournées, distendues. On rit au premier degré-un peu, ou on rit jaune, ou on ne rit pas du tout, car comme souvent la parodie menace toujours de trop ressembler à son modèle. La machine ricane et tourne sur elle-même jusqu'à s'épuiser, mécanismes mis à nu. Seules quelques parenthèses musicales et moqueuses ré-enchantent la scène. 

    Jusqu'à ce que, de mise en abîmes en variations piradeliennes, nos derniers repères soient perdus. Et que Madame Lucienne surgisse, pour tuer le théâtre, d'un faux coup de revolver.

    Ce coup là, qui laisse un goût amer, trop dangereux, trop désespère, trop cynique, on n'a le droit de nous le faire qu'une fois.

    Mais la représentation était unique, c'était juste pour ce soir là.

    Soit.

    Guy

  • Jeanne d'Arc (de Maeterlinck)- l'épisode final

    Il est temps que le cycle "Jeanne d'Arc et d'autres femmes" (au T.N.O.) s'achève. C'est passionnant mais à la 4° Jeanne on s'y perd un peu, on commençe à croire voir des pucelles qui dansent du Buto.

    medium_jeanne_dreyer_1.3.jpgC'est sans doute par cette Jeanne là (version Pierre Pirol) qu'on aurait du commencer.

    Qui nous emmene droit au coeur de la thématique, sans s'égarer. Un théâtre intense mais stylisé qui ne perd pas un temps trop précieux à rechercher le réalisme. Parti pris dés l'introduction, quasi plasmodiée par un frere Martin saississant, puis à la première rencontre entre Jeanne et le Dauphin, confrontation traitée comme une scène d'amour sublimée. Un théâtre à hauteur d'homme, où la stricte narration s'assume en tant que telle, où l'émotion n'est jamais galvaudée, où la voix ne s'élève vraiment que quand il est temps. Mais alors elle porte vraiment.

    Et enfin un theatre servi par un vrai texte, depuis le temps qu'on attendait ça.

    Un vrai texte de scène, dont les répliques vont à l'essentiel: "Mon roi, il ne faut pas pendre les hommes: ils peuvent en mourir". 

    Un texte adapté de Maurice Maeterlinck(1862-1949), poète, dramaturge symboliste, ami de Rodin, Verlaine et Oscar Wilde, nègre de Salazar, prix Nobel de littérature, et belge aussi (Si,si ! On vous entend penser d'ici mais on confirme, il était tout ça à la fois).

    Mais Maeterlinck procède à de larges emprunts à une autre version: celle de Jeanne elle même, selon ses dépositions.  Ceux qui auront la chance d'assister cette semaine aux dernières du "Procés de Jeanne d'Arc" directement tiré par J.L. Jeener des minutes authentiques, pourront le confirmer.

    Extraits: - Question du juge: "Saint Michel vous est -il apparu nu ?" Réponse de Jeanne "Pensez vous que Dieu n'ait pas medium_jeanne_anais_ancel.gifde quoi le vêtir?" Le Juge"Etes vous en état de grâce?" Jeanne "Si je n'y suis, Dieu m'y mette. Si j'y suis, Dieu m'y tienne."

    Le bûcher nous a privé, à l'âge de 19 ans, d'un grand auteur de théâtre. De quoi rendre tout adaptateur modeste!

    Mais hier, le dernier prodige de Jeanne d'Arc était de rassembler, pour écouter un texte trés loin de toute mode, prés d'une centaine de personnes, des étudiants aux retraités, un lundi soir dans une salle exiguë et surchauffée.

    Guy

    P.S. : on avait pas de visuel, sauf de Mr Maeterlinck, beaucoup moins photogénique que Rénée Falconetti ( dans "La passion de Jeanne d'Arc" Dreyer, 1928, mais vous avez complété de vous même).

    P.P.S. Cela donne envie d'aller voir "Alladine et Palomides" du même Maeterlinck, cette semaine au Theatre de l'Opprimé. En tout cas on va essayer, rien que pour le titre.

    P.P.P.S du 26 février 2007: on s'est découvert un peu recopié mais pas cité ici. On est trés mal placé pour donner des leçons de propriété intellectuelle, ayant soi -même pillé tout plein d'images un peu partout avant de s'assagir un peu. Mais en représailles, on prend en otage une photo d'Anais Ancel, ravissante Jeanne. Na! Et on profite de l'occasion pour nommer Claude-Henri Rocquet , dont on ignorait jusqu'àlors le rôle d'adaptateur.

  • Apres le chaos

    Petit retour sur Kao:

    Yumi Fujitani est très loin d'être une débutante: vingt ans de vie artistique, dont dix aux cotés de Carlotta Ikeda.

    Mais pour se produire elle doit prendre pretexte d'un festival de "théâtre gestuel" pour s'inviter à l'Akteon. Qui est un medium_kao_solo.jpglieu certes attachant, avec une vraie personnalité, mais seulement 50 places plus ou moins assises en se tassant bien, avec une scènes comme un mouchoir de poche où l'on a vu un soir de canicule une Loretta Strong apoplectique perdre trois litres de sueur, et un soir d'hiver une Ophelie blafarde grelotter.

    Comme quoi le Buto en est toujours là où il a commencé: dans les arrières salles et dans la quasi-clandestinité, en tout cas bien à l'écart des circuits institutionnels et subventionnés. Consolation: les cinquante places ce soir là étaient occupées et largement au delà.

    Mais, pour nous contredire un peu, signalons qu'on pourra revoir Yumi Fujinati en juin, d'abord au festival buto bertin Poiree, puis au Theatre du Lierreoù elle mettra à nouveau en scène Kao... mais en version trio.

    Guy

  • Kao: Yumi Fujitani nait masquée

    Kao(le visage) ou Chaos? L'ambiguïté s'affiche déja dans le titre, le buto se joue toujours de l'ambivalence de ses origines, entre l'occident et le Japon.

    Comme de juste, le visage en question reste longtemps absent, masqué. Et Yumi Fujitani  escamotée au tout début par un tissu bleu. Un temps de latence et de lenteur, jusqu'au moment intense où d'abord un oeil apparaît, c'est un soulagement.

    Mais de courte durée, car il nous est rappelé une fois encore qu'il est toujours dur et douloureux de venir au monde, et la suite nous fait craindre, de tremblements en convulsions, que c'est peut-être un monstre qui naît. Le premier rang, menacé, en reculerait d'effroi s'il pouvait.  Aprés ce paroxysme la pièce se conclue, peut-être, sur un apaisement.

    Conclue par les applaudissements, car le buto est sans doute celui des arts de la scène pour lesquels nous sommes le plus étonnés et rassurés de voir l'artiste revenir saluer, vivante, indemne.

    c'était à l'Akteon ,le soir du 19 mai

    Guy

  • Quand le texte est parti, reste Gabegie

    L'accroche de Gabegie(7° édition) etait prometteuse: "3 jours d'écriture, 4 jours de répétitions, une représentation unique". 

    Un petit reve de liberté, tant mieux.
    Pari gagné? Oui, du moins s'il fallait démontrer, que même-surtout- quand il ne reste presque rien de préparé, le spectacle est toujours vivant.

    Et pourtant... le texte enfonce les portes ouvertes en enfilades à coup de lieux communs. Avec l'obsession évidente de bien montrer qu'on est dans le camps des gentils, tout en s'accordant le droit d'être un peu méchant. L'éclairage est basique, les déplacements quasi-inexistants, la direction d'acteurs minimale et chacun(e) sur scène en profite pour un peu nous jouer son fantasme préféré.

    Mais on connaissait la règle du jeu, le résultat est gore et très déluré, réjouissant pour les yeux, d'un mauvais goût assumé. Sous le ketchup, affleure un peu d'originalité et des souvenirs de Shakespeare surgissent au gré des répliques. On leur pardonne de brocarder Villepin-bien trop évident!- puisque, faute de poulet cru à se mettre sous la dent, ils dévorent le 1er ministre à la fin. C'est déjà plus inattendu.

    Bref, il vaut toujours mieux une improvisation baclée, qu'une piece d'Eric Emmanuel Schmidt proprement répétée. De plus la troupe s'est baptisée heautontimoroumenos, cela vaut bien un bonus.

    Et avec un texte, un vrai, qu'est ce que cela peut donner? On les avait déjà vu s'attaquer à Lautreamont. A la gorge, férocement, et on avait aimé. Le 19 juin prochain au même endroit, ils récidivent avec Copi. Trés intriguant, ils ne jouent pas "Eva Peron" ou "Loretta Strong" comme tout le monde. Mais "La Nuit de Madame Lucienne"(?). Bon, on verra....

  • Demandez le programme....

    Au programme cette semaine: Jan Lauwers au Theatre de la ville, et Claudia Gradinger au Centre Culturel Suisse.

    Jan Lauwers, car il faut bien aller au Theatre de la Ville de temps en temps, ou plus exactement car pourquoi ne pas y aller quand on a réservé un an auparavant. En se promettant quand même de ne pas forcement partir avant la fin.

    Et pourquoi pas Claudia Gradinger, et parcequ'au Centre Culturel Suisse, il y a rarement dans le public plus de 30 personnes, ce qui sera trés reposant aprés le Theatre de la Ville.

    Quant au fond... réponse dans quelques soirées.