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Pierre Pirol

  • One man show

    Ce soir l’auteur est l’acteur, et vice versa. Le one man show se teinte, forcément, fortement de tons de confession, derrière la crânerie du manifeste. Chaque mot si personnel, que les enjeux montent, à vif, la critique marche sur des œufs. L’auteur se protège de l’acteur, celui dernier nous accueille seul et sans décor, presque rien dans les poches, le verbe haut pour remplir tout l’espace, la silhouette joue de sa singularité. Du métier à s’en régaler: la voix s’aventure où elle veut, dans tous les registres et ne s’en prive pas, joue à cache-cache avec l’émotion derrière un peu de bouffonnerie. Tout cela pourrait être vain si la scène ne devenait pas un lieu d’accouchement, du récit de cet accouchement, le lieu d’une nouvelle naissance vierge des cicatrices familiales. Et si la langue de l’auteur n‘était pas profondément libre et originale, aux expressions surannées, ancrée dans l’histoire, loin de tant de platitudes  contemporaines.

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    " ETAT SOEURS" carnet de bord théâtral de Pierre Pirol. Réalisation du teaser Rusty Jeremy Matalou. from Pierre Pirol on Vimeo.

    Etats Sœurs, écrit et interprété par Pierre Pirol, mis en scène par Julien Bleitrach, illustré par Rusty J; Matalou, vu le 30 septembre au théâtre du temps. Tous les lundi sauf le 11 novembre jusqu'au 9 décembre. 

    Guy

  • Les Jumelles: Copi A 4

    Ca flingue pire que chez Tarantino, et on a bientôt renoncé à comprendre qui flingue qui et pourquoi. Aucune importance d'ailleurs, avant tout une manière pour Copi (1939-1987), à force d'outrances et de répétitions, d'épuiser jusqu'à la trame et medium_les_quatre_jumelles.jpgjusqu'à l'absurde les mécanismes du policier d'action: dollars, revolver, mensonges, trahison, meurtres, cadavres, cavales, compte en suisse, lingots d'or et cocaïne à gogo. De même que l'auteur fou furieux a dépecé sans pitié d'autres genres "mineurs": boulevard, whodonit, space opéra... (voir nos quelques soirs Copi d'avant).

    Qui dit répétitions en crescendo signifie un sacré défi en terme de mise en scène. il faut varier pour ne pas lasser tout en restant cohérent. Un cas d'école. Ici c'est gagné, avec un juste peu d'effets de lumière et beaucoup d'idées et d'énergie. Et des voix étonnantes dés les premiers instants. Copi est peut-être l'un des auteurs les plus exigeants qui soit pour les acteurs qui s'y frottent, qui leur demande un engagement physique de danseur. Oserait on être impitoyable et demander à nos quatre jumellesde grimper encore un degré plus loin dans la folie? Mais elles se démènent déja très généreusement pour essayer de fuir de ce lieu plus clos que la scène- une cabane en Alaska-  et ne jamais y réussir. On n'échappe pas à ses crimes. Ne leur reste qu'à régler leurs comptes sanglants- Je te tue, tu me tues..-en famille(s). Comme toujours chez Copi, cela commence en blessures et finit en agonies. Heureusement loufoques.

    C'était Les Quatre Jumelles  -♥-de Copi, mis en scène par Pierre Pirol, avec  Justine Assaf, Daphné Barbin, Alexandra Cahen et Eléonor Weiss , au theo theatre, et ça continue jusqu'à fin mars.

    Guy

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  • Jeanne d'Arc (de Maeterlinck)- l'épisode final

    Il est temps que le cycle "Jeanne d'Arc et d'autres femmes" (au T.N.O.) s'achève. C'est passionnant mais à la 4° Jeanne on s'y perd un peu, on commençe à croire voir des pucelles qui dansent du Buto.

    medium_jeanne_dreyer_1.3.jpgC'est sans doute par cette Jeanne là (version Pierre Pirol) qu'on aurait du commencer.

    Qui nous emmene droit au coeur de la thématique, sans s'égarer. Un théâtre intense mais stylisé qui ne perd pas un temps trop précieux à rechercher le réalisme. Parti pris dés l'introduction, quasi plasmodiée par un frere Martin saississant, puis à la première rencontre entre Jeanne et le Dauphin, confrontation traitée comme une scène d'amour sublimée. Un théâtre à hauteur d'homme, où la stricte narration s'assume en tant que telle, où l'émotion n'est jamais galvaudée, où la voix ne s'élève vraiment que quand il est temps. Mais alors elle porte vraiment.

    Et enfin un theatre servi par un vrai texte, depuis le temps qu'on attendait ça.

    Un vrai texte de scène, dont les répliques vont à l'essentiel: "Mon roi, il ne faut pas pendre les hommes: ils peuvent en mourir". 

    Un texte adapté de Maurice Maeterlinck(1862-1949), poète, dramaturge symboliste, ami de Rodin, Verlaine et Oscar Wilde, nègre de Salazar, prix Nobel de littérature, et belge aussi (Si,si ! On vous entend penser d'ici mais on confirme, il était tout ça à la fois).

    Mais Maeterlinck procède à de larges emprunts à une autre version: celle de Jeanne elle même, selon ses dépositions.  Ceux qui auront la chance d'assister cette semaine aux dernières du "Procés de Jeanne d'Arc" directement tiré par J.L. Jeener des minutes authentiques, pourront le confirmer.

    Extraits: - Question du juge: "Saint Michel vous est -il apparu nu ?" Réponse de Jeanne "Pensez vous que Dieu n'ait pas medium_jeanne_anais_ancel.gifde quoi le vêtir?" Le Juge"Etes vous en état de grâce?" Jeanne "Si je n'y suis, Dieu m'y mette. Si j'y suis, Dieu m'y tienne."

    Le bûcher nous a privé, à l'âge de 19 ans, d'un grand auteur de théâtre. De quoi rendre tout adaptateur modeste!

    Mais hier, le dernier prodige de Jeanne d'Arc était de rassembler, pour écouter un texte trés loin de toute mode, prés d'une centaine de personnes, des étudiants aux retraités, un lundi soir dans une salle exiguë et surchauffée.

    Guy

    P.S. : on avait pas de visuel, sauf de Mr Maeterlinck, beaucoup moins photogénique que Rénée Falconetti ( dans "La passion de Jeanne d'Arc" Dreyer, 1928, mais vous avez complété de vous même).

    P.P.S. Cela donne envie d'aller voir "Alladine et Palomides" du même Maeterlinck, cette semaine au Theatre de l'Opprimé. En tout cas on va essayer, rien que pour le titre.

    P.P.P.S du 26 février 2007: on s'est découvert un peu recopié mais pas cité ici. On est trés mal placé pour donner des leçons de propriété intellectuelle, ayant soi -même pillé tout plein d'images un peu partout avant de s'assagir un peu. Mais en représailles, on prend en otage une photo d'Anais Ancel, ravissante Jeanne. Na! Et on profite de l'occasion pour nommer Claude-Henri Rocquet , dont on ignorait jusqu'àlors le rôle d'adaptateur.