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galerie tampon

  • Toru IWASHITA en direct

    Contrastes: on est derechef précipité en territoires improvisés, et très, très loin des paysages cérémonieux que le danseur nous faisait explorer en compagnie de Sankai Juku au Théatre de la Ville. Extrait et libre du contexte du groupe de Ushio Amagatsu, Toru Iwashita danse ce soir sa 1101355892.jpgdifférence. Au placard robes orange et maquillage blanc, oubliés les éclairages. Assis le long des murs de la Galerie Tampon, on est jamais pourtant dans une salle et presque dans la rue encore, où on voit les passants s'arrêter face à la vitre, regards happés dedans. Est-ce pour marquer la rupture avec toute esthétique de la lenteur ?- Toru attaque en un rythme physique et saccadé, par courses et bonds, exacerbé jusqu'à la chute. Il va court et vient au milieu de nous, on se colle contre le mur. Relié du regard, à distance de vibrations, il y a assis l'ami Claude Parle. Qui laisse fuser à coups d'accordéon quelques premières décharges énervées. Taquine d'une main le piano. Les notes chatouillent Toru, visiblement, s'amplifient dans ce corps qui se soulève de plus belle, s'agite et re-tombe, Toru n'est pas parti pour s'économiser. On ne peut pas ne pas remarquer jusqu'à quel point le quinquagénaire est mince et musculeux. Qui évoque un maître d'arts martiaux. Puissant à en être intimidant, jusqu'à ce qu'il rompe la théatralisation, soudain très bon enfant, de quelques traits d'humour et connivences.

    L'improvisation part sur de nombreuses pistes, et voltes-faces. En laissant rêver des moments de mélancoliques médiations, de vulnérabilité. Mini séquences, nouveaux débordements, humeurs variées, au gré de la matière sonore. Dans une attaque espiègle, Toru confisque au prix d'une brève lutte l'accordéon. Le câline comme un enfant. Ce qui oblige Claude a faire retraite pour étonner au piano. Enfin le voleur lui rend l'instrument. La performance se réinvente sans cesse, sans artifices et à portée de la main. Fait oublier derrière ce qui est déja passé. Mais il y a toujours des histoires qui surgissent, ou que chacun se raconte, en tout cas qui restent. Un voisin se fige, souffle coupé, chaque fois qu'il ne peut échapper à ce regard intense. Une voisine avoue avoir vu dans chacun des gestes depuis le début comme de déchirants efforts qui échoueraient contre la mort.

    C'était Ushio Amagatsu et Claude Parle, à la Galerie Tampon.

    Guy

    visuel: site de Claude Parle

  • Maki Watanabe: catch à trois

    Qui donc les a shootées ce soir à l'adrénaline? Heureusement vite oubliées, les trois minutes de mauvaise poésie assénées en présentation, dés que des forces élementaires se déchaînent. Concentrées en un lieu qui évoque la cave de Bertin Poiré, mais en encore plus petit. On est pas rassuré, spectateur plaqué contre le mur, à la merci d'un coup de griffe perdu. Se faire invisible, respiration retenue, sentir le souffle et les mouvements de ces deux félines- Maki Watanabe et sa partenaire anonyme- qui s'observent en embuscade, se pâment, se reniflent, bondissent, se renversent, grimacent, s'embrassent ou se tirent par les cheveux. Telles deux catcheuses tirées des origines pour un ballet primitif qui n'auraient même pas à oublier les premières règles du combat. Pour impulser chocs et sauts: la batterie et les exclamations de Makoto Sato, un grondement retenu et des éclats imprévisibles. Au total, de part et d'autre une demonstration de furieuse énergie et d'inconvenance absolue.

    On reprend son souffle, quand Hugues Vincent accompagne Chia Yin Ling. C'est un judiceux contrepoint à ce qui précédait, narquois, contemporain, aventureux, intelligent et sophistiqué.

    C'était, le 5 juin dernier, Maki Watanabe et Makoto Sato, suivis de Hugues Vincent et Chia Yin Ling, à l'Atelier Tampon. 

    Guy