Pourquoi, immédiat, ce frisson qui me prend, dés qu'en réponse aux appels du soliste s'élèvent les voix du chœur masculin? D'où vient ce déferlement d'émotions? Qu'ai-je de commun avec ces 10 chanteurs et danseurs venus de si loin: du village de Ngabayela-Umsinga, puis de Johannesburg? Ils portent une tradition qui m'est étrangère-: l'isicathamiya issu de l'héritage zoulou et des mutations culturelles de l'Afrique du sud. J'en avais juste entendu les échos dans le disque Graceland de Paul Simon. Mais je ressens la parenté avec toutes les musiques qui m'émeuvent du gospel au funk: celles où se rencontrent l'Afrique et l'Occident.
Ils sont mieux sapés que je ne le serai jamais, avec une excentricité réjouissante, le chant à capella est hypnotique et entêtant, puissant comme le cours d'un fleuve. La danse, souple et énergique, ré-ancre dans la temporalité. Elle permet au delà de la barrière de la langue zoulou, de partager avec des gestes immédiats les récits racontés ici: thèmes comiques, tragiques ou poétiques-"qui a mangé l'oiseau qui était sur mon épaule?"- au sujet de guerriers, d'amour, de migrants, mise en garde contre le sida.... Et il suffit de répondre à leur invitation à venir danser un peu avec eux sur scène pour prendre part à cette expression d'universalité.
Phuphuma Love Minus, vu le 23 mars au théâtre claude Lévi Strauss du musée du quai Branly.
du 25 mars au 2 avril
Guy
photo de Vuyani Feni avec l'aimable autorisation du musée.