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Matthieu Hocquemiller recolle les morceaux

Doit-on venir aux répétitions générales. Où doit on filer des filages? D'un coté on est trés heureux d'être invité, et avec des gens qu'on a plaisir à rencontrer. De l'autre, il y a toujours un projecteur ou autre chose en panne et qui sera réparé pour la générale, les photographes au premier rang qui font du boucan, sur scène une concentration qui se laisse encore trop voir et des enchaînements qui flottent un peu, derriere  la arton390.jpgconscience de l'absence de public, de son attente et de ses frémissements, et surtout partout la présence du chorégraphe, absolument sympathique mais absolument flippé, qui s'excuse d'avance de présenter tout sauf la pièce car elle ne sera bien vraiment réglée que le lendemain, nous demandant de ne pas trop juger mais nous laissant voir quand même, nous laissant confronté à l'injonction paradoxale parfaite. C'est d'autant plus perturbant pour une pièce qui s'efforce de réussir une juxtaposition de formes vers la synthèse. Ce soir, l'énergie semble encore trop retenue. Le danseur joue de la masse, bonne idée. Mais fracasser une chaise et deux paquets de céréales, c'est trop, ou trop peu. En conclusion, on a pas vraiment vu "J'arrive plus à mourir". Mais on va en parler quand même bien sur, ou au moins on va essayer de parler de ses morceaux.

Mon tout parle du deuil de l'avenir, les parties sont constituées par autant de debris du monde qui reste. Les paradigmes sont ébranlés et les danseurs peinent à s'y raccrocher, tombent en belles glissades le long du toit de la maison. Se laissent aller à quelques pas de danse déglinguée et mains dans les poches, nous évoquent Joe Cocker à Woodstock, comme un pied de nez aux dernières utopies et idéologies du progrès. Ils se vautrent faute de mieux dans le consumérisme, infantilisés, renversant partout le pop corn, gavés de gelée rose jusqu'à la régurgitation. Encore un peu punk ou rock ou disco, bien que plutôt anesthésiés, trompent l'ennui en positions sexuelles dignes des pieces de Kataline Patkai, se laissent théoriser et commenter par Miguel Bénasayag. Même si à écouter le philosophe on reste sur sa faim, au moins ses interventions sont-elles intelligibles, et au coeur du sujet....

Ce sujet est perilleux. Rodrigo Garciaest déja passé par là pour nous en dégouter. Ronan Cheneau et David Bobbé, bien que plus subtils quant à la mise en forme, ont achevé de nous déprimer. Heureusement, il y a ce soir des raisons d'espèrer. Déja dans les textes, d'un tout autre niveau. Dits au bord du gouffre et les yeux fermés, il y a dans ces mots l'ébauche de sourires même tristes, d'une élégance plus tout à fait desespérée. Déja de belles étincelles. Et quand tout est dit du marasme, reste ou nait l'envie de danser. Même avec inquiétude. Tout va mal peut-être, si le temps ne va plus en avant. Le théatre nous le fait juste constater, on veut croire que la danse peut nous sauver. 

C'était "J'arrive plus à mourir" de Matthieu Hocquemiller, avec Elise Legros, Evguénia, Cyril Viallon et des entretiens en video avec Miguel Benasayag. C'était à Mains d'Oeuvres.

Guy

P.S. : A voir ici, le photos du gars bruyant au premier rang

Commentaires

  • Nan, sérieux, on faisait tant de boucan que ça ?

  • Mmmmmh... du pop corn ? Je penche définitivement pour des céréales.
    Mais ça c'était la générale, peut-être que le chorégraphe a trouvé des pop corn pour les deux représentations.
    Ce qui changerait complètement le sens de la pièce : shooter au marteau dans un symbole de la consommation de produits audiovisuels ou dans celui de la lutte pour le transit intestinal féminin... mmmmmh.

  • ... Mince, tu as dû corriger ton article, avant il me semble que tu parlais de pop corn, d'où ma remarque précédente.

  • Ca fait plaisir, comme tu me lis attentivement...Je parle de céréales, et plus bas de pop corn, donc je dois me tromper dans l'un des cas.
    Plus serieusement, je crois vraiment qu'il y a quelque part une part d'optimisme chez Hocquemiller, qui fait vraiment la différence avec R. Garcia (le plus esthétique et textuel mis à part)

  • Autrefois on avait l'esprit d'escalier, maintenant il faut avoir l'esprit d'ascenseur pour faire défiler un article... Tout à l'heure, pas moyen de voir ce fichu pop corn, et maintenant il me saute aux yeux ! Donc on videra ce différend dès que mes photos seront en ligne (ça vient, le temps d'obtenir le mail du chorégraphe)...
    En tout cas, je suis content, tu reconnais qu'il peut y avoir intérêt à comparer Hocquemiller à Garcia !
    Cela dit, l'optimisme, je le vois difficilement... je ne mange sûrement pas assez de pop corn. Hocquemiller aurait-il inventé le désespoir cool ?

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