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Artaud fait le mur

D'abord la voix cassée d'Artaud, grinçante et erraillée. Ou, tout comme, celle de l'interprête du poète, avec le cri des mouettes en écho loin là-haut. Les mots éructent le dégout du corps, la détresse de l'esprit, l'impossible séparation. Derrière: l'austère façade d'une maison, d'une institution. Par les fenêtres: des aperçus de corps mais en miettes, vus par morceaux. Des ombres, des mains, des têtes... Lourdes, gourdes, rugueuses, inexpressives, empéchées. D'une banale monstruosité. Aussi indéchiffrables que dans la maison l'inconscient. Par le soupirail s'échappent les éclairs des électrochocs. Sur le seuil, Artaud raconte son internement à l'hopital psychiatrique de Rodez, et ailleurs, huit ans de reclusion, jugé fou à lier. Enfin libéré mais toujours prisonnier de son corps, misère, diarrhées et douleurs, encore moins capable qu'avant de comprendre le dehors ou de se supporter en lui même. Les parôles persistent et fusent, déraisonnés, plaintes et aphorismes, d'une terrible acuité.

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Les personnages grotesques tentent de sortir de la grande maison. Des fenêtres, des draps tombent. Nous frémissons, assis, dans le froid de la nuit dans la cour, certains d'entre nous entourés de couvertures argentées, telles celles que les infirmiers distribuent aux rescapés.

C'était Padox-Artaud, mis en scène par Dominique Houdart, textes d'Antonin Artaud adaptés par Luc Laporte et lus par Jeanne Euclin, marionnettes d'Alain Roussel vu à la maison des associations de Trouville sur mer dans le cadre des 10° rencontres d'été théatre & lectures en Normandie.

Guy

photo GD

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