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Génération perdue

L'une rêve sa future maison, telle que la dessinerait un enfant, bulle dégagée de toute contrainte de fonctionnalité, pure projection de sa psyché, utérus protecteur, substitut d'une mère terrifiante.

L'autre s'imagine libre absolument, pour voyager sans attaches et franchir montagnes et océans portée par une infinie liberté.

Elles figureraient à toutes deux le portrait d'une génération insatisfaite profondément, dépourvue des clés pour changer le monde ou y trouver sa place et lui imprimer sa réalité, qui investirait toute sa détermination dans d'impossibles projets. Elles rêvent en pure perte. Ici les mots et les signes remplacent les choses- c'est la situation même du théâtre- le plan pour la maison et la carte pour le territoire. Le voyage est le tracé abstrait d'une ligne droite et la maison celui d'une sphère. Mais signes ils restent, en pure perte. Meurent solitaires. C'est évidemment poignant, et même d'une grande drôlerie du contraste qui - s'agissant de toute utopie- naît entre l’extrême méticulosité du projet et la triste impossibilité de sa réalisation.

Pour autant ce discours de la vacuité et de l’irrésolution, semble déteindre sur la pièce elle-même, trop lâche dans sa forme, peut-être dans la vaine recherche de sensations plus intangibles. Un sentiment d'inutilité me gagne. Me touchent de belles scènes qui y flottent, émouvantes et d'une délicate subtilité. Mais leur propos se dilue dans cette indécision constante. Je perds les personnages éloignés dans l'espace de ce grand plateau désolé, perdus, perdants. La chanson finale, qui semble ne jamais pouvoir commencer, m’apparaît comme une conclusion par défaut.

Notre Foyer, mis en scène par Florian Pautasso, vu à Mains d’œuvres le 27 avril 2018

Guy

 

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