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  • Transparence

    Le rideau devant la scène est sans relache tiré, ouvert, fermé, mais, translucide, laisse presque tout deviner, autant que le déshabillé de Mme Ventroux. Qui elle ne se soucie pas de cacher quoi que se soit, surtout en cet été de canicule, toute en naturel et transparences alors que le député Ventroux s'attache maladivement aux bienséances, aux apparences. Lui plus soucieux d'escamoter toute suggestion de nudité que de dissimuler aux yeux du monde d'autres turpitudes, petits arrangements et trafic d'influences, enveloppes de billets glissées par son visiteur, l'infâme maire Hochepaix. Un leure? A notre place de spectateur est censée oppérer non pas le regard de l'opinion publique (déja désabusée), mais l'oeil acéré du redoutable Clemenceau, debout au balcon opposé. Quand enfin le journaliste du Figaro viendra enqueter, il n'aura d'yeux que pour madame et son fessier. Rappelons que nous sommes en 1911, evidemment, aucune actualité.

    Feydeau revient en ce mois de juillet 2010 plus féroce que jamais, mais sa pièce toute retournée, telle une longue scène de ménage qui échapperait aux protagonistes. En cent ans, on se lasserait de voir Mme Ventroux toujours déshabillée dans le même sens. Elle apparaît aujourd'hui plus logique qu'ecervelé dans son parti pris d'honneteté vestimentaire, d'une réthorique implacable et d'une présence débordante. Et le député Ventroux, éffrayé par la vie, pantin névrosé, agité comme un personnage de BD, dans ce combat vaincu d'avance. La victoire de madame est amère. Son mari ne la voit plus, qui se soucie seulement du regard des autres sur sa chair. Est ce pour celà qu'elle vient en avant-scène, en beauté dans la lumière, nous déclamer un pot pourri de chansons retros aux effets mélancoliques? Vue, entendue, émouvante. La mécanique de Feydeau s'enclenche implacablement, le temps se dilate dans l'absurdité logique des enchaînements, avec un parti pris ici moins comique que vertigineux, cruel et désabusé. La drôlerie est alors le dernier effet de l'effroi et de l'incontrolé. Au final, tous voiles tombés, la sereine nudité de Mme Ventroux (l'injonction-titre du député plus que jamais impuissante en matière de théatre contemporain), est moins violente que la folie indifférente du député.

    C'était Mais n'te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau, mis en scène par Sandrine Lanno, avec Melanie MenuLoïc-Emmanuel Deneuvy, Joël Koné, Miglen Mirtchev, Sergueï Ryschenkow, lumières de Xavier Hollebecq.

    Au théatre de L'étoile du nord, jusqu'au 25 juillet.

    Guy

    lire aussi:  Cannibalisme tenace de Sandrine Lanno avec Mélanie Menu

  • A Court de Forme: no limits

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    Cette semaine, on s'aventure aux limites. Et c'est peu dire. Pour les abattre à coup de mots, à coups de pieds. Acmé en un discours rageur et politique qui ne s'embarrasse plus de fiction. Révolte, lumières, micros, c'est tout. Tabula rasa, sans regret. Après deux semaines d'attentats furieux le théâtre est à bas. Akun n'avait servi que de répétition. Coup de grâce, tout se précipite au crépuscule, pour ouvrir sur des lendemains audacieux et incertains.. Mais il faut avant en passer-en quatre parties et un peu plus- par la mort du théâtre. Voire la mort tout court, en toile de fond, en obsession. Même les complaintes du Moony band sonnent soudain plus lugubres. Une actrice se prête au jeu d'une interview faussement convenue, mais se désagrège en mouvements et répétitions circulaires, jusqu'à la décomposition de son insignifiance. Terrible lucidité: tout se joue en vain, tête de mort à la main. Avec des paroles affolées se déconstruit un langage hagard. Qui ne peut plus rien, distrait un moment par un slow hypnotique, puis perdu jusqu'aux mimiques, réduit aux gesticulations du désir. A voir la mort en face, tout touche au vif. Karelle Prugnaud et Eugène Durif ne font plus de théâtre, mais une "ciné performance". Qui déborde baroque et impudique dans le hall du théâtre. Puis se dédouble sur scène et sur l'écran, Diane erre mais ailes au dos en une danse déglinguée. Actéon doit être dévoré, Le spectateur-voyeur lui survit, mais sérieusement secoué. Jusqu'au final de la soirée, une profession de foi de stoïcisme qui remet la possibilité-même du spectacle en question: "Jouir c'est renoncer à la représentation, être sans visage c'est renoncer à la reconnaissance..."

    Aprés ?

    ce qui peut couter la tête.jpg

    C'était Ce qui peut coûter la tête à quelqu'un, de Stéphane Auvray-Nauroy avec Aurélia Arto et Jumien Kosellek, Memento Mori (Vanité 1) de Guillaume Clayssen avec Aurélia Arto, Frederik Hufnagel, Mélanie Menu, Paroles Affolées de Sophie Mourousi avec Mathilde Lecarpentier et Julien Varin, La Brûlure du Regard , texte d' Eugène Durif mise en scène de Karelle Prugnaud avec Elisa Benslimane, Cécile Chatignoux, Anna Gorensztejn, Mélanie Menu, Karelle Prugnaud. A L'étoile du Nord, avec A court de Forme. Jusqu'à samedi, aprés c'est fini!

    Guy

    photos de Nicolas Grandi, avec l'aimable autorisation de L'étoile du Nord