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  • Summer's almost gone

    Woodstock est dans notre mémoire collective un symbole fort, focalisant en un événement de 3 jours des années de transformation sociale, culturelle et musicale. Tout ce qui se passe autour, avant, après ... est plus important que le concert pop en lui-même. Le fait n'a pas échappé aux créateurs de cette comédie musicale, qui choisissent de raconter le voyage de jeunes français vers le festival. Les dialogues de ces apprentis hippies visent sans doute à recontextualiser l'époque. Quand, après de mains détours, le groupe parvient à destination, c'est sans surprise pour ne pas voir grand chose de Woodstock, mais être transformé par le voyage, évidement. Belles intentions, mais dans la réalisation, l'histoire semble racontée comme déja désenchantée, vue de 2017, avec trop de recul dans l'ironie, le rêve déjà fini. 
    Heureusement le spectacle fonctionne mieux quand il revient se placer au premier degré, celui des chansons et du psychédélisme ambiant, innocent, avec force jeux de lumière, de fumée et de décors, avec tout l'engagement des chanteurs et musiciens. Quand il ose planer. Les voix rendent hommage à Joplin, la guitare à Hendrix, la rythmique aux riffs de Canned Head. Alors on s'y croirait presque, happy together en toute naïveté, même aux histoires d'aveugle sourd et muet jouant du flipper, à tomber amoureux de Suzie Q, à rêver en regardant des poissons multicolores voler dans la forêt, sans besoin de prendre de LSD. 
     
     
    Welcome to Woodstock, de Jean-Marc Ghanassia mis en scène par Laurent Serrano vu au Comedia le 27 septembre 2017
     
    Guy

  • Bonsoir l'angoisse

    Est-on, soi, toujours dans l'état adéquat pour voir, recevoir, une proposition artistique qui parle de l'angoisse, de ses manifestations physiques? Même, peut-on rester immobile sur sa chaise à regarder, lorsque les danseurs, traversés de gestes, s'agitent sur les leurs? En quoi cette expérience pourrait-elle nous aider? Peut-on en attendre une prise de conscience, ou une mise à distance, une meilleure, profonde, compréhension? Loin de cela nous paralyse une sensation d'inéluctabilité à les voir prisonniers de répétitions sans issues, écrasés par le son des halètements. C'est illustratif. Il y a la possibilité d'une résolution, pourtant, quand les deux corps parviennent à se rejoindre pour s'aider, se soutenir, se consoler. Ce moment là se partage. Mais les personnages se laissent à nouveau emporter par ces mouvement plus forts qu'eux, les mêmes encore, en une systématique qui empêche tout le reste. Au fond les murs se ferment. Alors quel espace nous reste-t-il?

    Lisbeth Gruwez, We're pretty fuckin for from okay, 2016, danse contemporaine, 60mn© Leif Firnhaber.jpg

     
    We're pretty fuckin' far from okay de Lisbeth Gruwez à la Briqueterie pour l'ouverture des plateaux à la briqueterie le 28 septembre 2017.
     
    Guy
     
    photo par Leif Firnhaber avec l'aimable autorisation des plateaux
  • Comme on pousse un rocher

    Oui, cette proposition va à l'essentiel mais ainsi laisse toute place à nos propres possibles, comme à partir de quelques traits sur une feuille blanche. Juste le sol plan, seule nudité, autour d'elle des notes tenues d'orgue, économie de mouvements avec l'emploi d'un langage gestuel sobre pour une simple progression en ligne droite. Facilité: le corps de la danseuse est jeune et beau. Mais ce constat cède vite la place à une sensation de gravité. De profondeur donc. Elle est face contre terre: est ce signe de désespoir? De contrition? Ses yeux s'ouvrent graves et se renferment sur la conscience sans révéler, ses postures nous crient l'effort et le ventre danse sa respiration. La traversée s'exprime comme une souffrance- telle un chemin de croix exacerbé par le crescendo de l'orgue- le corps se plaint et se cabre comme un poisson qui se débattrait hors de l'eau. Un suspend, et l'épreuve recommence du temps du début, toutes réponses laissées ouvertes.
     

    Danse,

     
     
    Serpentine de Daïna Ashbee , interprété par Areli Moran, en ouverture des plateaux à la briqueterie  
    le 28 septembre 2017.
     
    Guy
     
    photo d'Adrian Morillo avec l'aimable autorisation des plateaux
     
  • Lacher prise

    Le reproche récurrent fait à la danse contemporaine, est qu'on y comprendrait rien. Étrange procès auquel pourtant échappent la plupart des formes artistiques, musicales ou autres, tant que nos yeux et oreilles y sont habituées. Ou résignées. J'ai relu ce soir plusieurs fois la feuille de salle du Crépuscule des baby dolls. Sans rien n'y comprendre, et ça n'a aucune importance. Ni de déterminer s'il s'agit de danse. Ni de construire, ou non, une interprétation. 
    Plutôt, je me laisse surprendre par les corps à rebours de tous gestes attendus. Je me laisse happer par ces mouvements d'humeurs qui s'expriment autrement. Je me laisse enivrer par ces courses, ces étreintes, ces gestes qui fusent et tremblent. Je me laisse emporter et séduire par ces étoffes et nudités. Je me laisse enthousiasmer par cette énergie du collectif. Je me laisse explorer par toutes ces sensations. je me laisse amuser par les clins d'œils et les refrains. Je me laisse persuader que tout est possible et se déplace encore plus loin. Je me laisse contaminer par cette transe créative, ludique, chaotique exigeante pourtant. Pour finir, je me laisse prendre par la main pour danser.
     

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    Le crépuscule des baby dolls, du Corps Collectif , chorégraphié par Nadia Vadori-Gauthier vu à Mains d'Oeuvres le 14 septembre 2017
     
    Guy
     
    photo par Dominique Sécher avec l'aimable autorisation du corps collectif
     
    PS communiqué de Mains d’œuvres
     
    Comme vous le savez, le bail de Mains d’Œuvres avec la Ville de Saint-Ouen arrivera à son terme le 31 décembre 2017. Depuis plusieurs mois, nous avons proposé un dialogue constructif à la Mairie de Saint-Ouen, pour que Mains d’Œuvres poursuive ses activités auprès des artistes-résidents, des habitants, des associations, des partenaires sociaux-éducatifs dans ses locaux actuels. Nous avons proposé des solutions y compris pour le conservatoire que la Mairie veut installer en lieu et place de Mains d’Œuvres. Sans succès(...)
  • Vinyl nostalgie

    On ne revient jamais en arrière, vraiment. Et il n'existe plus de choses telles les boules de flipper, les hygiaphones, les petits tickets de métro jaunes. Juste des souvenirs de vinyl écoutés 100 fois dans des chambres surpeuplées. Revenir en arrière, on essaie pourtant, c'est peut-être ce qu'on appelle prendre du bon temps. Dans tout ce Rock 'n Roll, c'est plus que jamais une histoire de nostalgie, de réplique. Qui nous amène au stade de France voir des hommes murs jouer à redevenir des adolescents qui eux-même rêvaient d'être les Rolling Stone. Les riffs claquent toujours bien net, Louis Bertignac cultive le mimétisme jusqu'à commencer à ressembler à Keith Richard vieux, tempéré par de drôles de grimaces à la Harpo Marx. La fille du groupe s'est faite virer, on se retrouve tous entre pré-adolescents. Bons Enfants. Notre age mental descend:libération. La voix d'Auber plus que jamais emprunte de naïveté, les paroles toutes autant, chantées à l'unisson par la foule. Téléphone ne prétendait pas refaire un autre monde, tout juste le rêver, avec des rythmes binaires et rimes évidentes. C'est ce qui sauve aujourd'hui l'affaire. Voire les textes n'ont jamais changé, seulement la bombe humaine est redevenue d'actualité. Tout cela n'a plus beaucoup d'importance, on se laisse aller et on chante, et on danse.

     

    Les Insus (portables) au Stade de France le 15 septembre 2017

    Guy