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jeanne candel

  • Tout sauf Robert

    Rediffusion dutexte du 8 janvier 2011: Robert Plankett revient au théatre de la ville jusqu'au 11 mai.


    Les accidents du deuil viennent surprendre les visages et les gestes des amis qui restent. Le disparu- Robert Plankett -ne décide pas à s’effacer tout à fait, et revient, tel un fantôme, débriefer posément son A.V.C. .  Les objets orphelins, dispersés, attendent leur vain partage entre les vivants, il y a surtout l’absence, tout cet espace vide sur le plateau, tel celui qui s’étend entre la densité inexpliquée des faits et le flou des sentiments.

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    L’improvisation est laissée grande ouverte dans le jeu des acteurs pour tenter de combler ce vide, sans peur de la liberté. C'est-à-dire avec des impasses et quelques faiblesses, aussi de vraies beautés. Surtout, cette narration volontairement éclatée est terriblement honnête avec le sujet, avec ces souvenirs en miettes et la réalité à recomposer, avec ce qui fait toute la vraie vie vite fait, loin des grands sentiments qui n’existent que dans les grands romans. Ce groupe que le deuil peine à rassembler a le besoin de parler même sans cohérence, juste pour tenter de comprendre, réinventer -c’est une belle scène- sur un corps métaphorique et émouvant une carte du tendre, se disputer, pleurer et rire un peu, résilier les abonnements pour cause de décès, finir ensemble le poulet, s’interroger sans possibilité de réponses sur Dieu et la migration des saumons. Tout les petits rien qui,littéralement, crèvent l’écran.

    C'était Robert Plankett, par le collectif La Vie Brève, m.e.s. de Jeanne Candel, au Théatre de la Cité Internationale jusqu'au 29 janvier, puis au théatre de Vanves les 4 et 5 février.

    Guy

    photo de Charlotte Corman avec l'aimable autorisation du T.C.I.

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  • Retour aux classiques

    Un mercredi blanc de neige et Paris au bord de la paralysie: c’est le moment de se souvenir que le Théâtre de Vanves n’est qu’à cinq minutes du métro, donc le trajet le plus court pour repartir en Villégiature, même juste le temps d’une soirée… Cette pièce est admirable. Beaucoup le savent, depuis deux siècles et demi, même pour moi ce n’est pas une surprise: je partageais ici tout mon enthousiasme en 2009. Nous avons presque passé 2010 mais la crise s’accroche, Goldoni reste donc actuel plus que jamais (et pas moins que Copi), avec ses riches impécunieux prêts à tout pour sauver les apparences. Les revenus fondent, les dettes s’accrochent,  on tient malgré tout à partir en vacances quand même, tous esclaves de la ronde des modes et des convenances, et de  l’argent bien sur.  

    La mise en scène de ce soir semble le résultat- heureux à l’arrivée- d’un compromis, entre des tentations contemporaines (la stylisation de la première partie située en ville et jouée plaquée avec frénésie à l’avant-scène avant que le décor ne tombe pour ouvrir l’espace sur l’aisance et le calme de la résidence d’été,  les didascalies dites face au public, les changements de rôles sans artifice…) et une jubilation à jouer pleinement les personnages et les intrigues. La pièce ne s’en porte pas plus mal, énergique et rythmée. Et ne sont pas sacrifiés pour autant la clarté des situations, sous la drôlerie l’acuité des observations sociologiques. En vérité j’oublie la mise en scène et suis emporté, y crois (en particulier épaté par Filippo- Olivier Achard, la bonhomie et naïveté faite homme). Frustré pourtant que la trilogie soit amputée de l’épisode du retour, avant qu’il ne faille soi-même repartir dans le froid…

    Un peu bas que Vanves, sous encore plus de neige, se trouve Clamart, deux jours plus tard, pour Macbeth. Se pose à moi un cas de conscience, car à force d’être refroidi, je ne me trouve plus dans des conditions de santé propices pour apprécier cette fois ci la performance et moins encore pour en parler…  Mais impossible de ne pas tout de suite saluer l’énergie et l’enthousiasme de cette troupe qui sans décors ni budget visible, sur un plateau de salle des fêtes, ranime de force Shakespeare avec bruit et fureur. C’est un antidote efficace à la sinistrose culturelle ambiante !

     C’était la Villégiature de Goldoni, mise en scène par Thomas Quillardet et Jeanne Candel, vue au théatre de Vanves, et Macbeth de Shakespeare, mis en scène par Thomas Adam-Garnung à l’Espace saint Jo