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tg stan

  • L'absence intangible

    Quelque chose se perd ici par trop de pudeur, l’essentiel je le crains, mis à trop de distance. Je suis vite découragé par la lecture blanche de ces lettres d’amour, de prison et de manque, rescapées d’une Palestine non nommée, puis par d’autres textes trop dispersés, en arabe, en français, en anglais. Aussi par cette danse qui se contente d’abord de n’être que fragilité, au mur par des images obscures, et par ce bruit de fond qui renonce à se faire entendre. Le recours à cette pluridisciplinarité ne me semble pas faire sens, chaque voix trop faible pour dialoguer avec les autres. L’accumulation s’annule. Il s’agit certes tout le long de perte et d’absence, de la mémoire des lieux et des gens mutilée par l’histoire. Mais ce minimalisme au départ courageux finit par ressembler à de l’affection, économe et asséchée. A entendre chaque histoire, on se rapproche de l’empathie, mais sans vraie compréhension.

    Se détache pourtant un moment très beau d’émotion, et qui échappe aux pièges d'un militantisme univoque pour nous faire toucher l’universalité. D’un malheur qui ne peut pas ne pas se partager. L’évocation d’une maison détruite, ses souvenirs d'une vie réduits à néant. Si fort soit le texte, il ne suffit plus. La danse vient alors au secours des mots. Sans ne pouvoir rien expliquer, mais pour tenter de soigner cette perte. Les tambours de Max Roach se révoltent. C’est un moment assez beau pour suffire à ne pas nous faire regretter toute l’expérience.

    C’était le Tangible, du collectif tg STAN et Frank Vercruyssen, sur des textes de divers auteurs, au théâtre de la Bastille jusqu’au 14 novembre.

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    Guy