Regards sur la création de « Fresque, femmes regardant à gauche » par Paco Dècina et la compagnie Post-Retroguardia.
Quelques bonus...
Pause Forcée
Les répétitions de Fresques ont continué pendant une quinzaine au C.N.D., et sans que je parvienne me libérer, même une heure ou deux, pour y ouvrir un œil, une oreille…
Qu’ont-ils fait, là-bas, durant ces deux semaines? Je reviens, irrésistiblement, à ce qui est invisible, hors champ. Que le regard soit attiré dans cette direction, c’est, dans ce projet, une obsession.
Cette question en amène une autre, illico…Font-ils autrement quand je suis là que quand je n’y suis pas? Il dansent, bien sur! Mais surtout durant les moments où ils ne dansent pas? Je sais bien que ces danseurs sont habitués aux ateliers, aux ouvertures, aux répétitions publiques, aux interventions dans divers milieux, etc… Il n’y pas le noir et le blanc, d’un coté la scène et de l’autre le reste…Il n’empêche! Ma présence, celle de Jérôme, ont-elles une influence sur la manière dont ils se comportent, dont ils parlent?
Puis je vraiment assister à la création? C’est une interrogation voisine de celle d’un ethnologue…par définition je ne le saurais sans doute jamais.
La musique et le regard
Au filage qui eu lieu lors de ma première venue au T.C.I. assistait aussi Michel Caserta, qui est l’éminent directeur de la biennale du Val de Marne. Ses avis furent, bien sûr, attentivement écoutés. Dont deux remarques critiques, qui firent saillie au milieu de nombreux compliments.
En premier lieu, l’une des séquences musicales, dans laquelle étaient utilisées des voix retraitées, l’avait quelque peu gêné. En réfléchissant à cette réflexion, je me disais, moi aussi, que ce passage était en soit intéressant, mais qu’il s’agissait de la plus « visible » des musiques utilisées durant le filage, et au risque de détourner l’attention de la danse.
Paco et Frédéric Malle, le créateur de la musique, m’apprirent un peu plus tard que ce morceau avait été le premier à être créé. Et même une source d’inspiration pour l’ensemble de la création, à ses débuts… Ce qui était un point de départ sera-t-il à l’arrivé gommé pour sauvegarder le bon équilibre de l’ensemble?
Ensuite, Michel Caserta fit la remarque, qu’à mains égards, la danse était déja aboutie, incarnée…mais pas encore jusqu’aux expressions du visage, du regard, de la bouche, de la respiration.
Est-ce le plus important, et cela ne peut il venir qu’en dernier ?
Mais à entendre ces deux remarques, j’étais dés lors un peu plus rassuré: Fresque n’en était pas encore, n’en est toujours pas, à son achèvement…
En Parler ou pas ?
Dans la Galerie, durant les premières minutes de ma toute première visite, Marion m’avait lâché quelque chose d’assez drôle, dans le feu de la conversation: « Tu peux parler absolument de tout, sauf des histoires de cul». Ce qui tombait plutôt bien: de tous temps plutôt naïf, je n’ai jamais trop bien flairé autour de moi les intrigues amoureuses, sinon avec un train de retard.
Cela revenait donc à dire que dans mon récit rien ne me serait interdit!
L’exact opposé d’un reality-show télévisé.
J’en suis aujourd’hui à peu près au premier tiers de ce travail de regard et d’écriture.
Sans histoire de cœur, bien sur, surtout sans trop savoir où je vais. Sans savoir ce que j’écrirai la semaine suivante, avec juste le sentiment d’entreprendre quelque chose d’un peu original. Cette petite incertitude fait écho à l’incertitude, aux implications autrement plus importantes, du projet artistique que j’ai pour projet d’observer.
Une chose est sure, comme promis, l’écriture se fait en toute liberté. Sans jamais que ces articles ne soient relus par le théâtre ou la compagnie. …
Et il est tout aussi évident que mon regard tombe sous le charme…. Avec la hâte, la semaine prochaine, d’y retourner !
Guy Degeorges
Photos de Jerôme Delatour, a voir en intégralité sur Images de danse.
Merci à Paco Dècina et à la compagnie Post-Retroguardia, et au T.C.I..
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