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  • Ceci n'est pas un cirque

    Mais qu'est ce qui les lie donc, ces numéros de cabaret? Pas tant le boniment que l'électricité justement, l'énergie relancée par le groupe résident TNT, nerveux et punkisant, un sentiment d'hors du temps, l'ambiance déglinguée. Kader Diop bondit de Dakkar, Lalla Morte joue avec les sens et Antoine Delon joue avec  le feu, Justine Bernachon  emmène Lily Marlène en altitude, Laurent Friaioli fait voler les diabolos, et Yannick Garbolino réfute la pesanteur. Ce ne sont pas des numéros. Tous singuliers mais dans une même urgence qui m'emporte: plus que la prouesse ou le danger, s'expose la volonté d'ainsi survivre, d'exister avec nous malgré la morosité ambiante, une idée de la liberté. Le jongleur peut se planter, mais encouragé, il peut rebondir. J'applaudis le chant de Maria Fernanda de Caracas, et conspue le gouvernement du Venezula, où Amnesty International  dénonce torture et meurtres politiques.

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    le Cabaret Electrique , vu le 27 mars au cirque électrique.

    Guy

     http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Crises-et-conflits-armes/Actualites/Un-apres-les-manifestations-au-Venezuela-les-victimes-attendent-justice-14635

    Photo Hervé Photograff avec l'aimable autorisation du cirque électrique.

     

  • Ondine décoiffée

    Trois coups et rideau qui se lève: la troupe se joue dès l’attaque des conventions du théâtre. Les acteurs forcent narquois sur l’emphase du phrasé à la Jouvet, sur les bruitages à vue dans ce 1er acte fait d’orage, de coup de foudre, de surnaturel et de l’érotisme des ondin(e)s à poils. Satire et hommage réconciliés, la langue de Giraudoux est rafraichie à grande eau et à coups d’audaces bien vues.  D’acte en acte, l’esthétique traverse les décennies et trompe fidèlement le texte pour mieux l’aimer, de la danse pop des sixties avec les spectateurs sur scène au mélodrame hollywoodien, et jusqu’au plus contemporain. Mais Ondine reste une ici féerie, naïveté assumée, sa poésie brille d’autant mieux après ce traitement au papier de verre et à l’électricité. L’exubérance mise en œuvre et la multiplicité des perspectives offertes ne nuit pas à la lisibilité de l’ensemble. Tout au contraire la fable de l’Ondine primitive confrontée avec son chevalier Hans à la société s‘enrichit ici, de la rêverie amoureuse va vers une médiation sur notre acceptation de l’autre, de l’étranger, sur la tolérance.

    artdanthe,giraudoux,armel roussel

    Ondine (demontée) d’après Jean Giraudoux, mis en scène par Armel Roussel, vu au théâtre de Vanves le 17 mars dans le cadre du focus Vanves/ Les Tanneurs.

    ce samedi encore

    Guy

    lire aussi: Ondine mis en scène par Numa Sadoul

    photo de Nathalie Borlee avac l’aimable autorisation d'artdanthé

  • The power of love

    Ce 8 mars c’est la journée de la femme, mais dans la pièce une journée particulière pour Sylvia enlevée par le Prince qui-coup de foudre- a jeté son dévolu sur elle. Un obstacle subsiste: Sylvia et Arlequin sont amoureux-enfin ils le croient tous deux. Une chose est sure: ils sont du même milieu. Tous-serviteurs et courtisans- complotent pour séparer Arlequin et Sylvia. Autour de ce canevas, toute la pièce danse sur le fil entre l’amour et le raisonnement. La langue est délicieuse, les sentiments cruels, la mise en scène respectueuse, le jeu équilibré. Ce qui me charme d’un côté, et me prépare à une lecture politique de la pièce.

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    Dans ce décor rouge cœur et velours, mais clos comme une cellule de prison vip, Flaminia mandaté par le Prince intrigue pour séduire Arlequin et détourner de lui Sylvia. Les premières tentatives de corruption sur Arlequin pour l"amadouer ont tourné court. Le prince de Marivaux non seulement ne veut pas user de violence, mais-avec un temps d’avance sur le Big Brother de Georges Orwell- veut être aimé. Et je dirais autant par Arlequin que par Sylvia. L’exercice du pouvoir passe donc ici par la séduction et la manipulation, les jeux de l’amour deviennent jeux de pouvoir, avec la même précision mathématique, étourdissants de virtuosité. Arlequin armé de son bon sens paysan se rebelle contre le carcan de conventions et les jeux de langage avec lesquels on veut le contrôler. Il marque même des points dans un brillant duel oratoire avec le Prince qui lui demande de céder sa place d’amoureux, en rappelant à celui-ci ses devoirs envers ses sujets. La stratégie du faible au fort. C’est Flaminia qui l’emporte sur lui, mais la jolie surprise est de comprendre celle-ci subtilement prise à son jeu. L’intrigante s’avoue dans ce jeu amoureux avec Arlequin autant vaincue que victorieuse. Merci de faire briller ces instants de sensibilité, sans occulter la richesse psychologique, et politique de la pièce.

    La Double Inconstance de Marivaux, mise en scène par René Loyon, vu le 8 mars à l’Atalante. Jusqu’au 29 mars.

    Guy

    Photo de Laurencine Lot avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • Soldé

    Le théâtre à force de prétendre accomplir sa révolution en revient parfois à son point de départ, chargé de procédés et effets. La représentation du deuil est prétexte à dérision pour provoquer des rires mécaniques, suivi de chansons en chœurs pour jouer aussi sur l’émotion, la moindre action commentée pour verrouiller toute interprétation, des éclats et des pleurs peuvent passer pour de l’intensité, la platitude pour de la clarté, des pas pour de la danse, la mise en scène des conflits pour une réflexion politique, l’évocation de la pédophilie pour de l’audace, l’usage alterné de l’anglais et du français pour de l’internationalisme, l’accumulation visuelle pour de la densité, les vessies pour des lanternes, et un peu de neige prétend à toute la beauté de l’hiver. La mélodie du bonheur en amateur.

    Place du marché 76 mis en scène par Jan Lauwers, vu au théâtre de Genevilliers le 3 mars

    Guy