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  • Les joies de l'automne

    Trois mois après le solstice d'été, s'incarne avec le corps collectif la nouvelle étape du cycle naturel: le moment de l'équinoxe d'automne. Débordent toujours la générosité et la gourmandise, les courses et bonds, les gestes emportés, le vin qui coule sur les chairs cuivrées. Mais la saison change vers moins de lumières, plus de réserve. Dans la musique la mélancolie des violons domine les emportements d'Elvis, et les feuilles mortes jonchent le plateau. La danse se fait plus mure, dans l'équilibre du jour et de la nuit. Mais toujours les performances de chacun ne prennent de sens que dans l'ensemble, en relations sensibles, dans l'unité d'un rite. Pour nous aider à survivre à ce qui vient: un plein d'énergie. Je reçois, tardive sensibilisation pour un parisien hermétique. Synchronicité: ce samedi je déguste "Les grands espaces" les mémoires d'enfance à la campagne en BD de la toujours drôle et intelligente Catherine Meurisse. Plus tard, peut-être, à nouveau marcher dans une forêt, pour de vrai?
     

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    That's all right mama 2/4:  l'équinoxe d'automne, par le corps collectif vu le 22 septembre 2018 au Générateur de Gentilly
     
    Guy
     
    Photo de Tadzio photovideo avec l'aimable autorisation du Générateur
     
  • Limites

    Une nouvelle contribution de notre ami François:

    La chorégraphe Elisabeth Streb a fondé sa compagnie en 1985, aujourd’hui installée à Brooklyn et elle occupe une place à part dans le monde de la danse. Ses spectacles, ses shows menés à l’américaine peut-on dire, sont un mélange de cascades, de numéros de cirque et de disciplines sportives bondissantes (gymnastique, trampoline,…) construit sur une base de réflexion théorique très poussée. Ses danseurs sont des athlètes qui sont invités à prendre des risques pour offrir au spectateur une expérience inédite du mouvement, de l’espace et de la capacité des corps à prendre possession de celui-ci. Elisabeth Streb a des obsessions a priori absurdes : faire voler un être humain de ses propres ailes (sic), le faire marcher sur un mur, inventer des mouvements inédits et pour cela concevoir des appareils improbables dans lesquels ses danseurs cobayes sont invités à se mouvoir et à en sortir vivant. Les corps s’envolent en majesté, fiers, souriants mais finissent vaincus par la gravité et s’écrasent sans esquiver le moindre geste de protection ou de préparation de la réception au sol. Splash … et surtout keep smiling guys! Les corps se bousculent, se tordent, s’empilent, se compriment dans des systèmes de contrainte que l’on pourrait qualifier de sadique si on n’était pas sûr d’assister à un spectacle. On a parfois peur pour les danseurs : un petit moment d’inattention et les voilà qui pourraient éclater comme des fruits murs en se prenant de plein fouet une grosse poutrelle de fer à l’énergie décuplée par le mouvement de rotation qui lui est donnée. Il y a un côté darwinien et guerrier dans l’art d’Elisabeth Streb : seuls les plus forts, les plus vifs, les plus attentifs survivent. Ses danseurs sont d’improbables surhommes (il y a aussi des femmes !).

     

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    C’était Streb Extreme Action, vu au Kampnagel de Hambourg en août 2018. Passage à Paris les 13 et 14 octobre au Musée d’Orsay dans le cadre de l’exposition Picasso Bleu et Rose.

    François

     

    Photo avec l’autorisation de la compagnie

  • Deus ex machina

    L'objet trouble. Énorme, sans angles, mou et sans stabilité de forme. Il flotte. La lumière le fait irradier, vibre. La musique le porte, océanique.
    Il me fascine, m'en impose, voire intimide d'autres. Premier rôle, il focalise notre attention, autant que les belles femmes nues qu'ici et et là il laisse dans son sillage, mannequins figées, alors que lui poursuit sa course avant de revenir les réabsorber. Frayeur des messieurs au premier rang, quand cette masse molle viendra les recouvrir de sa surface plastique. Après au dessus de nous légèrement il s'envolera, en un bref émerveillement.
    Il y a là une idée forte, un choc visuel, une présence énigmatique, monstrueuse ou divine, parente du monolithique de 2001. Une idée d'une forte plasticité, toujours au bord d'être surexploitée... mais il se produit chaque fois à temps un glissement, un changement de perspective. Les danseuses s'animent, toujours dans un rapport d'attraction, de dépendance avec l'objet monumental qui leur donne ou reprend l'existence, vives, vestales ou victimes. Courent les âmes perdues. On se surprend à interpréter. A ce jeu, c'est heureux qu'ensuite la perspective se retourne complètement, nous permette de voir l'envers des mêmes déplacements qui se produisaient au début, la face cachée du dispositif, le truc. Les danseuses actives à manipuler ce qui n'est qui n'est qu'un gros objet inanimé, sans autre force que celle qu'on lui prête : les être humains redeviennent libres et agissants.
     

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    Une autre performance aux Plateaux ce soir repose elle aussi sur l'exploitation systématique d'une belle idée visuelle, jusqu'à peut-être son épuisement. Pour en comprendre le principe, je vous propose de regarder l'image plus bas, ce qui m'épargnera de laborieuses explications. D'abord, c'est très drôle. En plus, dans l'exécution, d'être remarquablement virtuose. Ceci posé, où cette expérience nous mène -t-elle?  Il serait trop primaire d'y voir une invitation à regretter l'effacement de la "vraie vie" , de la corporalité, face à l'envahissement des virtualités et à l'usage croissant des écrans. Toutes les vidéos utilisées ont été postées par des inconnus sur You tube. Nous sommes ainsi invités au tour d'un monde où chacun a droit à son quart d'heure de célébrité, en même en temps de vacuité. Le naïf et le pratique, y côtoient des choses plus surprenantes, les tutoriels de bricolage des pratiques sexuelles marginales, les captations d'animaux domestiques les démonstration d'armes à feu. On pourra ainsi se rappeler que là dans où tout est présenté sans recul et sur le même plan, tout ne se vaut pas forcement pour autant.
     

    Giuseppe Chico et Barbara Matijevic, Forecasting © Jelena Remetin IMG_5243.jpg

     

     

    C'était Wreck-List of extinct species de Pietro Marullo , et Forecasting de Guiseppe Chico et Barbara Matijevic  vu à la briqueterie avec les plateaux

    Guy

    Photo (1: Yana Lozeva, 2 Jelena Remetin) avec l'aimable autorisation de la briqueterie