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  • L'adieu au langage

    Duras bouge encore, et surprend. Loin des romans la pièce adopte les formes du théâtre de l'absurde, tendance farce à trois. Mais plus question de narration, ni de situation. Juste les personnages entraînés dans des jeux d'influence et de langage labyrinthiques.  Les identités, intimes, sociales, s'y délitent: "terminé, terminé, terminé!". Les mots ne cachent plus le vide, façades sans maison. Tout est pourtant mené sur un mode loufoque, et crescendo. Quand le verbe se suicide c'est "B" qui ne parle qu'en "Shaga"-langage fictif- qui en dit le plus: par la force et la grâce de sa chorégraphie.
     
     
    C'était le Shaga de Marguerite Duras, m.e.s. par Hervine de Boodt, vu au Théo-théatre le 19 juillet 2018
     
    Guy

  • Le point G.

    Qui est-on maintenant, ici, agit par tout ce qui d'ose, retourné? La linéarité est en pièces, bousculée d'initiatives à 360 degrés au dessus de zéro. Libre, on va ici, là, on décide du tempo. Pour un € d'embrasser la vierge, ou la putain, ou pas. Sans temps fixé s'impose l'espace généreux du Générateur et les artistes qui y prennent le pouvoir, entraînant les spectateurs, dans un désordre désorganisé. Plus de bon gout, de règles, ni de limites ou de tabous, les fous ont pris le non-contrôle de l'asile, les gardiens en permission. Ils sont nus, peints, déguisés, loufoques ou tristes, naïfs ou sardoniques, débridés ou minutieux, intimes ou politiques, secrets ou impudiques, ou les deux à fois. Çà fuse, s'agite et se confronte, avec bienveillance ou tensions pour tout essayer. S'ils ne peuvent pas ici, pour ensuite garder ou jeter, où pourraient-ils? Les performances s'entrechoquent, se commentent, se dédaignent ou copulent. Le spectateur décide avec ses pieds, part, revient, ne s'étonne de rien. Tout ça vit dans l'instant avec mille possibilités. Comprend qui peut, et celle là danse indéfiniment son corps de farine et de pain, et touche au sublime.
     

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    Show Your Frasq 2 vécu le 23 juin au Générateur de Gentilly avec les performances de Bernard Bousquet & Anna Ten • Sabine Caminade • Sonia Codhant • François-Régis Daumal • Éléonore Didier • Coline Joufflineau • Deed Julius • Mélanie Martinez Llense • Miss LNI Marin Marie • David Noir • Marc Planceon • Jérôme Poret • Adrien Solis • Élizabeth Saint-Jalmes & Cyril Leclerc Chloé Silbano • Alberto Sorbelli + Guests
     
    Guy
  • Brèves Rencontres

    Même à la troisième occurrence, c'est encore un jeune festival avec de jeunes artistes qui cette fois envahissent les recoins du Point Éphémère (que je ne visite pas tous). Ces formes courtes se prêtent à l'intime et à la simplicité, de bref récits du "je", voix et corps confondus à cueillir sans à priori. L'amour toujours: Sara Tan et Marine Colard, nées en 1989, partagent sur la terrasse le parfum de leurs souvenirs, en pèlerinage de naïveté. Fortes et fraîches, ces évocations fleur bleue: main dans la main, chastes baisers, pop songs pré-pubères. Se prépare un piquant contraste entre ces explorations de l'éternelle adolescence et ce qui suit l'étage plus bas: des confidences gaies, crues et précise dans la promiscuité de la douche. Emmanuelle Coutellier y adapte "Insurrection ! En territoire sexuel" de Wendy Delorme. Au delà du manifeste sexuel, au milieu des poses alanguies: une ode à la vie. C'est tout autant touchant, finalement.
     

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    c'était au festival Chimique(s) #3 à point Éphémère le 1' juin 2018
     
    Guy
     
    Photo de Simon Lemachand avec l'aimable autorisation de chimique(s)