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  • Sur le terrain

    Moi, je n'aime pas le foot. Tous les rites, les vestiaires, les slogans, les chansons, le ballon, le spectacle, la pratique... Mais celles-ci ce soir-sportives et/ou performeuses- font équipe, une équipe 100 % féminine. C'est qu'elles placent là l'enjeu  (et leur jeu, sur le terrain et sur la scène): investir un territoire préempté par les hommes. Rebecca Chaillon utilise ses méthodes à vif, approches rusées et osées, transgressives et incarnées: déconstruire par l’excès. Elles mouillent le maillot. Érotisation publique du sport féminin par ici la répétition de la nudité, ambiguïté des corps, pizzas et bières des spectateurs dits sportifs, enthousiasme et l’idolâtrie des fans, esprit d'équipe et chauvinisme, violence et  fraternité/sororité, sueur et effort, terre remuée. Tout y est, en mouvements et énergie, emboîté là, d’après le pire et le meilleur, livré à notre jugement, à nos sensations. La proposition réussit à dépasser la contradiction d'attirance et répulsion, entre l'appropriation par les femmes de ce sport et de ses valeurs, et la dénonciation de ses travers. En évitant, avec audace et humour, le prêche militant. Dans la partie parlée, la colère fuse et s'explicite, guettée par l'épuisement et la confusion. Chacune des voix porte un point de vue singulier, de par chaque motivation première- sportive, amoureuse, sociale, intellectuelle... et les approches politiques. Ce discours des possibles est à la portée de vieux mâles blancs.
     

    le baiser - Rebecca Chaillon - Crédit photographique Sophie Madigand.jpg

     
    Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute par Rebecca Chaillon vu à la ferme du buisson le 17 novembre 2018.
    Au carreau du temple les 29 et 30 novembre.
     
    Guy
     
    Photo de Sophie Madigand avec l'aimable autorisation du carreau du temple
  • Requiem , regard nouveau

    Une nouvelle contribution de l'ami François, trés en forme:

    Un spectacle très souvent s’oublie. Quand le mot 'spectacle' n’a jamais semblé aussi déplacé que ce soir-là, les 100 minutes de traversée du Requiem pour L. sont inoubliables, chargées d’une gravité rare.

    Fabrizio Cassol, musicien, et Alain Platel, chorégraphe, se sont retrouvés pour aborder le Requiem de Mozart. Cette œuvre est un monument du répertoire classique, et les circonstances de sa création contribuent certainement à sa notoriété. Mozart fut emporté par la maladie avant d’avoir achevé la composition de cette messe des morts. L’inachevé historique est un appel à pousser l’œuvre vers d'autres territoires.

    Sur scène se déploie un autre monument : un assemblage de stèles qui rappelle le mémorial de l’holocauste de Berlin. Pour les acteurs du Requiem pour L., qu’ils soient musiciens ou chanteurs, les stèles deviennent un banc, un socle de présentation, une mini-scène, une table. Le mémorial devient lieu de vie, lieu de danse et de musique.

    A l’image de cet exemple du décor et de sa fonction, le Requiem pour L. mêle la vie à la mort. Jusqu’à l’extrême. Un immense écran remplit le fond de la scène. Pendant toute la durée du Requiem, un plan fixe montre L. , alitée, entourée par des proches qu’on ne peut que deviner. L. va s’éteindre peu à peu sous nos yeux, pendant que devant elle, les musiciens et chanteurs jouent, dansent et chantent. Ce requiem est une expérience bouleversante de rencontre frontale avec la mort, mais il affirme avec force que cette rencontre a lieu depuis le monde des vivants. Le spectateur se retrouve placé dans une situation où il côtoie la mort , un dispositif où paradoxalement la confrontation crée l’acceptation et peut-être même l’oubli car pendant que L. agonise, la musique, le chant et la vie continuent.

    Les thèmes et les airs célèbres du Requiem sont adaptés ici dans un mélange de musique sacrée, de jazz et de musique africaine. Cette version audacieuse nous fait prendre conscience du formatage inconscient et des préjugés qui nous habitent. Par exemple, celui qui fait apparaître étrange de voir les airs lyriques du Requiem de Mozart chantés des blacks, par une soprano et un baryton africain habillés selon les codes vestimentaires du rap black et chaussés des bottes de caoutchouc des mineurs sud-africains. Le métissage inouï voulu par Cassol et Platel nettoie complètement les habitudes d’écoute et de regard.

    requiem pour L _ chris van der burght.JPG

     

    Vu le 26 septembre 2018 à l’Avant Seine à Colombes. Programmé au Théâtre National de Chaillot du 21 au 24 novembre 2018

    Photo : © Chris van der Burght , compagnie Les ballets C de la B

  • Dégenré

    Comment la percevons nous, cette danse, à nous troubler?  Cette danse serait en potentialités, toute en choix. Virile ou féminine, selon. Nue ou maquillée, les danseurs barbus ou glabres, en robes ou costumes, leurs mouvements secs ou enveloppants, doux ou brutaux, nos regards complices ou distants. S'habille-t-elle de stéréotypes et d'implicites? Quand se dévoile-t-elle vraiment? Que se permet-elle, que nous permet-elle de voir et de vouloir? Notre regard a-t-il un genre? Des préjugés, des intentions plaquées. Maria Montero joue avec mes perception, me questionne. A la fin le moine est fait, déshabillé.
     

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    Men's Day, de Maria Montero à l'Etoile du Nord , le 30 octobre 2018, dans le cadre des festivals Zoa-Zône d'occupation artistique, et Avis de turbulence.
     
    Guy
     
     
  • Plus de dimensions

    Principe: les danseurs se coulent dans les moules d’œuvres musicales déjà abouties, en explorent les possibilités, en repoussent les limites. A chacun son approche, sa stratégie, son appropriation. Les sons nous entourent, mais la physicalité s'impose tout autant, dans toutes ses dimensions. Vincent Laubeuf installe un imaginaire puissant, des bruits et conversations, des rumeurs d'ailleurs. Eli Farmaki s'y fraie un chemin sensible, sur elle-même tourne lentement, s'y glisse humblement, se laisse colorer de sons.

    En chair et en son #4 - Efi (9)ok.jpg

     
    Teddy Ramasike sur la puissante composition de Jacob Elkin décline un vocabulaire du buto dans ses fondamentaux-mais est ce trop? - le pathos comme une malédiction. 
    Même prise de contrôle par Tina Besnard sur la musique de Benoit Bories, sa composition est forte et saisissante, m'emmène dans des territoires d'effroi.
    Juju Alishina rentre en belle résonance avec le récit musical d'Ivan Magrin Chagnolleau, des respirations oppressantes au son des gouttes d'eau. Son costume de pluie, et sa danse vive, en complémentarité.
     

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    C'était la session 1 du festival 2018 En Chair et en Son (rencontres buto et musique acousmatique), avec Incarnations, Until I become nothing, Le corps contraint, Aerial 01 au Cube, le 25 octobre 2018.
     
    Guy
    Photos par Fabrice Pairault avec l'aimable autorisation du festival