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Rechercher : christine armanger

  • L'imitation des saints

    L'effet le plus troublant, même avant l'in-actualité du sujet, c'est déjà de ne pouvoir savoir à quel degré recevoir ces exercices d'hagiographie, sucrés-salés, entre canon et irrespect. Il y a ici des signes de grand sérieux: Christine Armanger fait preuve d'une érudition sans fautes dans ces récits très incarnés des martyres de Sainte Agathe et Saint Sébastien (à cette étape). Et d'un coté la chair est intensément engagée dans l'imitation, avec flèches et tenailles, de l'autre les vidéos tutorielles témoignent d'une délicieuse désinvolture, détachée. Ou est ce de la pudeur? On flotte dans les zones frontières entre sacré et érotisme. Modernité et tradition. Déconstruction et réenchantement. Ça sent l'encens. Et le parfum également?
    Je ne poserai pas de questions à Christine Armanger, de peur qu'elle me réponde. On y croit, ou non. Certains mystères ne doivent pas être éclaircis. On la prie juste de continuer.

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    Edmonde et d'autres saint(e)s de et avec Christine Armanger,  étape de travail vue à Micadanses le 16 mars 2016

    Guy

    Photo de Salim Santa Lucia avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • Spectacle vivant

    Le spectacle vivant se voit, vit et se meurt à chaque instant. (A son sujet écrire ne sert à rien, ni tenter de retenir, mais pourtant encore ici j'écris, avant d'oublier....) 
    Donc maintenant sur scène Christine Armanger, en douceur, vit, égrène les instants - ce soir nous en partageons ensemble 2900 -pour les laisser s'enfuir, elle mesure ceux écoulés depuis sa naissance. Considère les états de soi depuis alors: enfant, fille, jeune femme... et  tous ceux à venir jusqu'à la mort. La mort. Le mot est lâché. En toute lucidité.
     
    Il y a d'abord une incroyable audace, regarder la mort en face, au mépris de toute considération commerciale en faire d'emblée le sujet de cette proposition, ni juste un ressort dramatique, ni l'angle mort du récit.
     
    Il y a le regard, calme et résolu, cette lucidité. Ni pathos ni détachement. L'ironie œuvre en toute intelligence, à l'inverse d'une dérision qui viendrait miner le propos. A vue méditent les vanités: le crâne, ce train électrique qui roule inlassablement...  La voix raconte et renverse les points de vue, le corps s'engage en nudité dans des tableaux saisissants pour échapper à l'étroitesse du présent. Sont évoquées sur ce thème les sensibilités des siècles passés, de l'effroi à la truculence, dans une indispensable relativité. Jusqu'à l'ultime rendez-vous, quand entre le personnage tant attendu: M le maudit.
     
    Il y a enfin la vie, et toutes les surprises que celle-ci peut réserver. Ce soir très particulier, le corps de la performeuse est fort d'un enfant, à quelques jours de la délivrance. Extraordinaire circonstance pour la création de la pièce, celle-ci ayant été conçue antérieurement. Les formes puissantes du ventre, des seins, disent, encore plus que les mots, des millénaires de filiations, remettent le sujet en perspective. C'est plus de la vie que de la mort dont elle parle ici.
     
     
    Guy
     

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    Photo GD

  • Faut-il brûler Edmonde?

    Pas de mystères: la pièce de Christine Armanger est assez chargée d'images fortes, assez subtile et intelligente dans sa construction pour fâcher tout le monde. Des cathos chatouilleux qui apprécieront modérément de se faire accueillir par Ève maniant l'encensoir, aux anticléricaux militants qui lui reprocheront de ne pas clairement bouffer du curé, et trouveront suspect qu'elle connaisse son missel jusqu'au bout des doigts. Ou certains, par miracle, plutôt que de faire la queue pour en lapider l'auteur, recevront la pièce sans y plaquer leurs attentes et là où elle peut les mener: vers des territoires qui dérangent, et de libres interprétations.
     

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    Cette vie des martyrs à rebrousse poils déroute, sa construction à double niveau n'y est pas pour rien. Un étage pédagogique vidéo, animé sur un ton badin mais avec érudition, pour instruire sur la vie des saints. Et une évocation en direct par l’interprète, sensible, plastique et charnelle, des tourments de Saint Sébastien, Sainte Agathe, sainte Lucie... D'un coté un humour féroce et isolent, de la distanciation, de l'autre la fusion entre le sacré et l'érotisme. Sur scène s'incarne en extases ou souffrances le corps de Christine Armanger. Sur l'écran, son avatar virtuel- Edmonde Gogotte- déroule des tutoriels You Tube d'imitation des martyrs en Do-It-Yourself. L'une est sainte... mais l'autre ne l'est pas moins. Là, précisément, s'articule la pièce. En faisant dialoguer, en réponses aux mêmes aspirations à la transcendance, les figures passées de la tradition chrétienne, et les nouvelles idoles virtuelles pour qui les like tiennent lieu d'adoration. Nos doubles imaginaires d'hier et d'aujourd'hui. Avec une égale acuité et cruauté: en explorant chez les figures d'hier les ambiguïtés entre douleur et extase, le sort réservé au corps des femmes... En montrant aujourd'hui le martyr numérique subi par l'avatar, d'autant plus injurié et "bashé" dès qu'il dérange qu'il a été porté aux nues auparavant. C'est le sort virtuel que dans la pièce subit Edmonde. J'ose une prière pour que l'œuvre de Christine Armanger soit mieux reçue malgré sa radicalité.
     

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    Edmonde et autres saint(e)s - partie 1, de Christine Armanger, vu le 22 septembre à Micadanses dans le cadre de Bien faits!.
     
    Guy
     
    photos de Salim Santa Lucia avec l'aimable autorisation de la compagnie Louve

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  • Pourpre (lettre ouverte)

    Chère Christine

    C'est passionnant pour moi d'avoir pu voir trois moutures successives de Pourpre, et d'avoir chaque fois été surpris par les évolutions du projet.

    Surpris par l'effacement progressif des codes du burlesque, une prise de risque qui déplace à chaque fois la dynamique du spectacle, et les oppositions qui le traversent. J'en étais décontenancé.

    J'ai été très impressionné par la densité que prend ta présence, ton corps, de plus en plus, ce mouvement qui part du jeu pour aller vers la danse (pas dans un sens académique).  La force qui fait évoquer par d’autres chroniqueurs  le buto, l’état de stupeur, de somnambulisme

    C'est en tous cas intense, sur une voie grave et sobre, tu t'approches (mais est-ce atteignable ?) de la quintessence d'un érotisme dans la radicalité, pur (dur !). Quelque chose de dangereux. Loin des vulgarités des clins d’œil et des évidences. Je crois que c'est très difficile à réaliser, car il faut être sobre et être impudique à la fois, être à fond  en faisant peu, émettre puissamment sans excès de mouvement, être unique mais générique.

    Avec cette pièce, où en sera tu  à Confluences ?

    Bien sur à  bientôt

    Guy

    Pourpre de Christine Armanger, est joué le 8 et le 9 décembre au festival Péril Jeune à Confluences

     

    Teaser Pourpre from Compagnie Louve on Vimeo.

  • Premier degré

    Orson Welles a écrit qu’il  préférer voir des pièces de théâtre interprétées dans des langues qu’il ne comprenait pas : il pouvait ainsi mieux apprécier le jeu des acteurs.  Ainsi ce soir Waterproof n’a ni queue ni tête.  Tant mieux, j’en suis d’autant plus libre. Les faits: il s’agit sur un mode plutôt badin, peut-être opportun, d’un anniversaire (celui des 5 ans du lieu ?). Trois candidats s’activent (mais pour quoi ?) : chants, poésie, récits décalés,  un tir de barrage de loufoquerie et d’indétermination. Je pense à aux nombreux appelés et aux peu d’élus dans cette voie, je pense à l'actualité mais je ne pense pas vouloir interpréter plus avant par là. L’arbitre lâche des diagnostics en forme de non-sens, ouvre des crevasses, mais je ne veux pas réfléchir à l’incommunicabilité. C’est drôle et je veux juste gouter un peu de légèreté.   

    Waterproof du collectif Hubris mis en scène par Raouf Raïs, vu à la Loge le 3 juillet 2014, dans le cadre du Summer of loge jusqu’au 19 juillet.

    Le festival continue du 15 au 7 juillet avec Sophie de Christine Armanger et Les Cahiers du Connemara de Laurent Bazin.

  • Compte à rebours

    Des moments dits "fragiles". Ces fameuses sorties de résidence, qui se dévoilent à reculons, dans l’ambiguïté de l'inachevé. Que l'on doit considérer obligatoirement avec bienveillance- comme s'il était possible de s'abstenir de tout jugement. Mais aujourd'hui pas d'embarras, plutôt l'excitation qui me gagne, à deviner les pièces du puzzle prêtes à s'assembler, m'interroger sur celles encore à venir. De l’excitation: une pensée tient ensemble ce qui est déjà montré, marque la différence avec le flou, le vague mouvement. Plus q'un squelette Aujourd'hui c'est le cas: au centre une pleine conscience, du temps qui passe et ne repassera pas, qui nous rapproche toujours plus du sujet, symbolisé par un crâne qui dit beaucoup de l'indicible. La mort. La mort: le mot est lâché, sujet si obscène. Le propos sera-t-il grave ou ironique, inquiet ou fataliste, universel ou intime? Sans doute tout cela concilié. Il n'y a pas de lumières à voir, ni de costumes vraiment, alors j'imagine, pour me tromper déjà. Et je m'interdis de parler de ce que je vois. Sauf partager ce constat que l'évocation de la mort, en récit, en conte, en mouvement, en scénographie... se fait justement par son contraire: montrer, compter, faire sentir le temps d'avant de la vie, ce temps qui n'est pas retenu. Et puis il y a ce titre, à mourir debout...

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    MMDCD de Christine Armanger (étape vue à Micadanses le 8 février 2019), prochaine étape au Théâtre de Vanves pour la (Déca)danse (festival Artdanthé)

    Guy

    photo avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • Le rouge et le blanc

    Pourpre revient à La Loge cette semaine, à partir de mardi (rediffusion du texte du 2/6/2012). 

     

     

    Il y a ce soir deux femmes, deux personnages, deux archétypes, deux corps, deux sensations…

    Un corps en chairs, rassurant de rondeurs, et un corps femme mais frêle, inquiet. L'un des personnage qui sur-joue, force les codes surannés du burlesque, l’autre qui s’aventure muet aux limites, ob-scène et hors-champs: sa trajectoire tend vers l’asymptote d'un impossible dévoilement.

    Il y a la lumière rouge qui enveloppe, aussi les flashs qui aveuglent, blancs.

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    Apparaissent un corps paré, et un corps nu: avec d’un coté une surcharge d’accessoires qui font diversion –bas noirs et frous-frous, trucs en plumes, caches tétons, portes-jarretelles... -, de l’autre une robe blanche, léger tissu qu’elle relève sur sa nudité crue. On entend sur un tourne disque d'avant The man I love, Blue reefer blues, et maintenant à la guitare des décharges electriques et boucles lancinantes, intemporelles.

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    Ici le tiède, là le glacé (ou le brulant).

    Soit des effeuillages de dentelles qui se dérobent soulignés de clins d’œil coquins, sinon l'obsession d'un regard fixe et impassible, un mouvement lent qui s’ouvre et s’offre sans retour. D’un coté de l’aguichement, de l’autre un déchirement. Soit l'art de la feinte, du simulacre, ou un geste d’’aveu et de défi, dans l'absolu abandon le violence se retourne.

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    L'objet, et le sujet.

    Il y a un corps qui joue au plus fin sur le terrain du regard et du pouvoir masculin, l’autre qui provoque hors des règles, suit son propre désir jusqu'au bout.

    ... quand le décor tombe, elles se rencontrent.

    C’est Pourpre, un spectacle de Christine Armanger, encore ce soir à La Loge.

    photos avec l'aimable autorisation de la compagnie Louve

  • Effeuillées

    On voudrait croire encore pouvoir assister ici à quelque chose d'interdit et de dangereux, voire louche, même sulfureux... quand le rouge règne dès l'entrée alors que des créatures se balancent langoureusement dans les alcoves. Mais ce mystère là vite s'évapore, avec le public c'est plutôt la complicité que la provocation qui s'installe, le strip tease définitivement bien apprivoisé, qui d'ailleurs maintenant s'enseigne à l'Ecole Supérieure de Burlesque, même à Micadances, sûrement demain dans toutes les assoc' culturelles entre un cours de tricot et un cours de tango. Tandis que les filles palmées de Tournée font salle comble au T.C.I., que Celine Milliat rechauffe toujours les salles, les trois danseuses de ce Pourpre 26-C, elles aussi, mènent joliement leur affaire. Renoncent à toute surenchère avec la pornographie étalée dans notre quotidien au dehors, charment plutôt qu'effaroucher, choissisent plus que jamais de moins en montrer, persistent à faire du rève avec de la chair, du désir avec du tissu. Obligées de jouer la connivence, la matière étant connue elles surprennent par la manière. A trois interprêtes il ne s'agit pas ce soir d'une succession de numéros mais d'une course de relais, la tension montant chaque fois d'un cran. Ces femmes se parent en mille-feuilles, comme emballées sous des papiers cadeaux, dessous leurs corps mieux que parfaits: tout simplement vrais. Chaque couche qui s'envole en dévoile une nouvelle, en un jeu de détournement à renouveler perpétuellement. Le leurre fonctionne plus que jamais, la réalité du sexe cachée vers son imaginaire. Les tambours font vibrer, le blues donne la chair de poule, les lacets indélassables agacent de tant de complications, les mouvements s'attardent dans les courbes sans jamais déraper, puis font tourner imprévisiblement les caches tétons. Il faudrait des contorsions du cerveau tout aussi spectaculaires pour voir ici des manifestations de féminisme, on en revient, comme de tout temps, au pouvoir derrière la séduction, qui s'alimente d'archétypes en exotismes. Ces voluptées paraissent sans doute bien inoffensives, mais, gestes aprés gestes, les trois danseuses recréent un peu de l'enchantement du corps.

    C'était Pourpre 26-2,  avec Belladonna LaPoison, Cherry Candy, Joy Va Voï, mis en scène par Christine Armanger à la Loge , et encore jusqu'au 6 janvier.

    Guy

  • 24 questions qui ne répondent à rien

    1. Ce qu’est une performance, dois-je essayer de le définir, ou tout laisser venir ?
    2. Ils étaient censés faire « autre chose »…mais que font-ils habituellement ?
    3. Que s’est- il passé durant ces 24 heures, en mon absence ?
    4. Mais que s’est-il passé quand j’étais présent ?
    5. Où est passé le temps ?
    6. Eléonore Didier a-t-elle vraiment réussi à ne rien faire ?
    7. Aurais-je pu-du ?- plus participer?
    8. Mon regard a-t-il vraiment participé ?
    9. Qu’est ce qui m’a fait- à un moment précis- partir ?
    10. Et plus tard revenir ?
    11. Avais-je des attentes ?
    12. Ai-je réussi à y renoncer ?
    13. Quel bruit fait une cuiller si je ne suis pas là pour l’entendre tomber ?
    14. Nous discutons et je me suis interrogé sur la méthode, ai-je tout faux ?
    15. S’agit-il de renoncer à la méthode ?
    16. S’agissait-il de semer du désordre ?
    17. Ou de soulever des pierres ?
    18. Qu’est ce qui m’a ému?
    19. Qu'est ce qui m'a mu?
    20. Qu'est ce qui m'a changé ?
    21. Quelles autres réalités pouvais-je percevoir lorsqu’ils déchiraient le tissu du quotidien ?
    22. Que s’est-il construit, ou déconstruit dans ces rencontres ou enchevêtrements ?
    23. Rien n'était-il prévu?
    24. Tout était-il imprévisible ?

    24 heures de la performance de Frasq les 17 et 18 octobre au Générateur de Gentilly

    Avec (peut-être) Anne Dreyfus, Sarah Cassenti, Eléonore Didier, François Durif, Lotus Eddé-Khouri & Christophe Macé, Aurore Laloy, David Liver, Mélanie Martinez-Llense, David Noir, Rémi Uchéda, Violaine Lochu, Cyril Jarton, Katalin Patkaï, Biño Sauitzvy, Maya Arbel, Christine Armanger, Jeanne Bathilde, Claire Bergerault, Rebecca Chaillon, Hélène Defilippi, Manon Harrois, Natalia Jaime-Cortez, Didier Julius, Abdelilah Kaddouri, Thomas Laroppe, Julie Larouer, Constantin Leu, River Lin, Di Wang, les étudiants de l’université Paris 8 : Léandre Ruiz, Léa Fagnou, Sophie Paladines, Anissa Mohamed, Océane Manizan, Manon David, Nina Harper, Cyril Combes, les étudiants de l’école supérieure d’art de Bourges (Ensa) : Annely Boucher, Lympia Filippi, Jon Haure-Placé, Jean Bonhoure, Tara Vatanpour, Maëva Tchibinda-Choquet, Claire Bertolotti, Loren Gautier.

  • In and Out

    Nous sommes déja entrés, assis, installés. C'est à elle d'y trouver sa place, dans ce lieu, s'y glisser et y être, dans cette espace imprimer une trajectoire, des impressions, des idées. Le contexte reste de pure réalité, en lumière neutre, non théatralisé. Elle propose à l'un d'entre nous de tenir une camera: devenir participant en restant spectateur. Puis crée sa performance à vue, sans plus de moyens que son corps et quelques accessoires, pour ainsi dire à mains nues. L'artiste se tient à la lisière des codes: la quarantaine pincée ne détonne pas dans cette galerie d'art. Ni ses vétements chics, mais ils sont lacérés, ouverts sur sa chair: une première brêche qui déchire la normalité.

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    Sur son visage des peintures, aux murs des oeuvres furieuses, transgressives, crues. Au sol est construit un cercle, mais sans qu'elle y soit enfermée, et sur le coté des rideaux de couleurs. Elle les traverse aussi, y reste entre-deux comme retenue, encore, longtemps, y revient attirée. Tout notre plaisir se maintient et se tend à ne rien savoir, ne pas pouvoir anticiper ces actions qui semblent s'improviser dans la dynamique inconnue de celles de la veille et celles du lendemain. Puis on interprête, plus ou moins. En fond sonore un discours sur la performance, que l'on oublie d'écouter, comme pour ignorer une concession à cette auto-complaisance sans doute consubstantielle au genre. Notre incertitude est adoucie par sa danse, accroupie, à terre, allongée, de retour dans le cercle, puis au delà.

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    Elle se rapproche parfois, trés près de nous, comme pour venir nous chercher, puis retourne interroger les limites d'à travers les rideaux. Peu à peu, sans se forcer, elle a changé, s'est défigurée, est passée de l'autre coté. Elle a rempli le cercle d'eau: il faudra qu'elle y retourne s'y plonger, mais que fera-t-elle (sur son corps) de ces bonshommes de papiers? Pour encore se transformer. De son corsage elle extrait une cigarette, en inspire-expire la fumée. Est-ce aujourd'hui cela se mettre en danger, s'engager? Sous la jupe elle est nue. Discretement (oserait-on écrire), mais nue et sans filet: ici mise en jeu aussi. Et celà abolit une autre frontière entre le regard public et le corps privé, entre le dedans et le dehors.

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    A travers une large baie vitrée, la galerie elle-même est ouverte à la vue des passants: dehors le monde entier, ou sa possibilité. Elle change, et donc le monde juste un peu. Un moment, elle sort, dehors. Pas longtemps. Dedans, l'inconscient gagne du terrain, alors que dans le cercle inondé, elle se transforme en sirène aveuglée. Ou en tout autre chose, selon les imaginaires. Mais elle devient une figure héroïque, pour le moins.

    C'était une étape de Corps en Papouasie, serie de performances de Christine Renée Graz, à la galerie Deborah Zafman, dans le cadre du festival Frasq. Frasq se conclut ce dimanche au Générateur, avec la performance culinaire de Kataline Patkai, déja vue au Regard du Cygne.

    Guy

    images vidéo de Véronique Godé-Orevo, avec l'aimable autorisation de Christine Renée Graz

    Ici le blog de Frasq