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Cannibales: à boire et à manger

523409649.jpgDans le désordre: une déclaration d'amour drôle et émouvante à force d'être perdue d'avance, un salon/espace social (après la salle de bain solitaire et régressive de "Fées"),un plateau blême pour le portrait d'une unième génération perdue, l'élégance des gestes circassiens, une caméra sous la couette, de lassantes énumérations, une immolation par le feu( après le quasi-suicide par noyade de "Fées"), quelques rires, pas mal d'embarras, de spectaculaires acrobaties à la perche, du no-future en boucle, des chansons trop générationnelles, un couple embarrassant à rester planté au micro comme pour un discours de mariage, de belles répétitions de gestes, un peu de danse(juste un peu), trop de mots, mais sans beaucoup expliquer, du ton faux, (comme dans "Fées") des dizaines de flacons de produits de beauté, des longueurs et des bâillements, un rap remarquable, des beaux moments, une fête à tous danser sur le lit mais à laquelle on ne se sent pas invité, un spiderman, des groupes comme des additions de solitudes, des sous-vêtements noir et blancs, une sincérité touchante, de l'angoisse et de la précarité, des clins d'oeil téléphonés, de la jonglerie, des pas brusques et des luttes à la T.R.A.S.H., l'explication de la différence entre la blennorragie et la myxomatose, des projections d'images urbaines, une longue complainte de la gauche désabusée, des cascades en transparences, de la verticalité (après l'horizontalité de Fées), de la déprime à la tonne, une fin surprenante (un espace enfin approprié?)

Au final, une ambiance: les trentenaires parlent des trentenaires aux trentenaires. On a compris. Et pour les autres?

C'était Cannibales, ♥♥♥ texte de Ronan Chéneau, mise en scène de David Bobée, au Théatre de la Cité Internationale, jusqu'au 5 avril.

Guy

Commentaires

  • Allez, encore un effort Guy, après l'observation, il faut relier les objets, émettre des hypothèses, proposer une analyse, produire du sens, de la pensée, une lecture.
    Courage.
    david B.

  • Merci pour ces encouragements, David...mais concernant pour "Cannibales" je dois être trop vieux pour faire le travail moi-même. Cela dit, encore bravo pour plein de belles choses.

  • La complaisance quelque peu dédaigneuse de cette réponse ne m'apparait pas étonnante au vue de la pièce que j'ai vu ce soir...
    Parce qu'en terme d'observations, d'émission d'hypothèses ou de production de sens, il me semble que vous soyez loin d'être le mieux placé, M. Bobée...

    Je dois dire que je suis sorti de ce spectacle avec une rage folle, et une envie irrépréssible de crier mon indignation.
    Votre pièce est nombriliste, nihiliste, prétentieuse. Elle est un déculpabilisateur d'auteurs ne supportant pas l'idée qu'ils ne feront aucune révolution, condamnant toute une génération à la passivité, à l'image de la leur. Je reviens sur ses points.
    Nombriliste, le spectacle l'est. Il se regarde comme une oeuvre maitresse, proposition politique et esthétique à caractère universel, ou du moins universalisant, en tt cas de manière générationnelle. Manifestement, vous ne connaissent pas mai 68 (ou dans les memes longueurs que les Glucksman son and father). Vous vous considèrez comme la génération des trentenaires post 68ards (ce que vous êtes sans conteste), seulement vous reprochez à vos parents leur mollesse. En effet, pour quiconque a fait un peu de socio et d'éco, on sait que les populations peuvent supporter la pauvreté si elle précède la richesse, mais pas l'inverse. A partir de ce constat, on peut être d'accord sur l'idée que notre génération a perdu bcp d'idéaux au profit du gout de la réussite individuelle. Seulement cette façon de se regarder avec complaisance, et de s'excuser de n'avoir rien faire, et de ne rien prévoir d'entreprendre (parce que l'asphyxie de l'individu face à la sté est tout de même le point d'orgue ultime d'une dénégation manifeste d'une POSSIBILITE d'une révolution). On se regarde en se culpabilisant, et en se confinant dans cette mollesse parce qu'on se dit que se le dire, c'est déjà bien. A la manière d'un Beigbeder (ce qui n'est franchement pas un compliment), c'est notre faute si ca continue de merder, mais en meme temps pas vraiment, parce qu'on n'y peut rien.
    Et c'est là que ca devient nihiliste. Tout d'abord parce que la destruction de l'individu en tant qu'unité pensante et agissante est systématique : le système (qui ici prend des allures d'entité informe et anonyme, machine invisible sur laquelle on ne peut poser aucun nom, alors qu'il y en a) broye les individus. Ce qui est seulement possible, c'est le libéralisme tout puissant.

    Demerdez vous avec ca.

    Ou pas justement.
    Ici, il n'y aucune possibilité de prendre les armes, de se battre. Rien qui présage que l'individu peut exister dans son intégrité. Une autre manière de considérer que c'est pas de notre faute, qu'on n'y peut rien.
    Je POURRAIS partager quelques syndromes que vous décrivez, mais pas sous cette forme, ni avec cette idéologie. Parce que c'est se bercer d'illusions de parler de la gauche comme l'une des personnages en parle (comme d'une tolérance idéale niaise et impensable, comme si on pouvait changer les choses sans une révolution qui détruisent toutes). Cannibales arrive donc à décrire une génération paresseuse, qui pleure sur les idéaux de ses parents, avec la certitude autruchesque qu'un petit geste, ca va pas changer les choses.
    Passé cette analyse sur la partie politique de l'affaire, sur son aspect idéologique, je peux en venir à l'esthétique et la scéno.
    Tout d'abord, les acteurs avancent avec une assurance et une suffisance à l'image du texte et de la mise en scène. Peu de prises de risques, pas de danger, des stéréotypes des plus convenus. Les acrobaties (certes très belles), ne sont là que pour amuser, plaire, faire digérer un discours mal construit, quelque peu racoleur, et idéologiquement plus que louche, confondant tout, ne proposant rien, balancant des vérités arbitraires qui se rapportent plus au billet d'humeur qu'à de l'argumentation.
    L'espace est confus et convenu, les éclairages donnent une impression de tape-à-l'oeil, ou de m'as-tu-vu?, donnant l'impression de combler du vide, et qui réconforte le spectateur.
    On sort de ce spectacle sans que rien en nous ne soit ébranlé. Nos certitudes restent les mêmes. La preuve, c'est que les spectateurs rient aux éclats. Rien ne le pertube, rien ne le bouscule, et la pièce, sitôt ingurgitée, et instantanément digérée. Cette pièce, qui se veut une sorte d'expérience sensitive - pamphlet contre une génération apathique, et juste une énième occasion de ranger tous les trentenaires dans une même case, celle des planqués, des opportunistes, des amers qui ont perdus toute illusion.
    Pas grand chose donc à tirer de ce spectacle déconcertant d'absence de subtilités, de propositions, d'engagement ou de théorie. Si c'est pour entendre qu'on ne fait rien, et qu'on s'en excuse (et qu'au final, on en est dérésponsabilisé), pas la peine. Je ne critique pas le fait que vous ne montiez pas sur la barricade (je ne saurai en tenir rigueur à personne), je vous reproche simplement (et c'est selon moi, beaucoup trop) de vous donner d'honneur de leçons sans l'air d'y toucher, de reprocher un fait dans lequel vous englobez tout le monde, et pour lequel vous ne vouliez rien faire sans en prendre la responsabilité (et pas la culpabilité, je suis pas dans la morale mais le pénal, si j'ose dire...).
    A classer donc comme une Bridget Jones dramatique.

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