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Un (autre) voyage intérieur

Tourne le train miniature, et tournent les disques... le chanteur prend le train pour une tournée, s’évade au son des essieux, loin de Brest... Next stop: Vladivostok, de l’ombre du plateau surgissent les couleurs du cabaret, les numéros des artistes de cirque. Ce voyage de 1983, consigné avec soin sur un cahier, est immobile, vécu dans une chambre, et cette nouvelle vie inventée, la précédente arrêtée nette. Le personnage, quant à lui, serait réel : Jacques Mercier, une gloire locale, ancien chanteur de cabaret. Atteint du syndrome dit de Korsakoff, d’un délire solitaire d’alcoolique, mais ici un phénomène théâtral partagé, avec pour symptômes divertissement et illusions.

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Quoi de plus normal dans ce théâtre? Comme lui, spectateur émerveillé, je crois aux sauts extraordinaires de la puce savante- je la vois- ainsi que les décors dans lesquels évoluent les mimes. Ce sont les visiteurs de Jacques Mercier, dans sa chambre de Brest, qui paraissent inquiétants, irréels, et les artistes vrais, vivants, chaleureux, sur la scène. La femme d’ici dédaignée, Margot, parait si fade, mais son double imaginée, Sonia, si désirable… L’amour vit sa chance avant de se dissoudre sous les masques. Transsibérien, lac Bakail… les mots déjà emportent, loin du quotidien. Les paroles des chansons sonnent belles et étrangères, dans une  langue russe enthousiaste…et imaginaire ? On pardonne lenteurs et maladresses, comme autant de tendresses. Plus important, les acrobates subliment le réel,  s’élèvent, ouvrent la vie et la scène vers le haut. La vie est un songe, de toute façon.

C’était Atavisme, de Philippe Fenwick , vu à l’Atalante.

guy

 photo avec l'aimable autorisation de la compagnie Zou

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