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  • L'homme est-il bon?

    Ils reviennent loin avant. Profondément. Avant la culture, avant le langage, les vêtements, avant les codes sociaux qui ordonnent les distances entre leurs corps. Les sept performeurs dansent le retour à un état premier. Impossible utopie, nus, ils la tentent.
    C'est dire qu'aucune construction d'ensemble n’apparaît, mais des évidences crues: chacun laissé libre de creuser obsessionnellement sa gestuelle, sa frénésie, son obsession. chacun explore des gammes d'émotions comme vierges: excitation, douleur, agressivité, plaisir, sexualité... Mais un trait d'union: le rythme des percussions qui fait converger les danseurs dans un même crescendo. Et la scénographie brute des tas de bois, dans l'espace  bétonné du sous sol du C.N.D.. On y voit une représentation évidente du niveau zéro de la sociabilité, celui du rassemblement primitif autour du feu. ce dispositif induit un premier embryon d'organisation, des rondes qui vont tout autour s'accélérant, et le bois devient accessoire, arme, instrument, alors que les performeurs partout se déploient.
    Se pose la question de la relation. De la relation entre eux, sans que la notion de méchanceté mentionnée dans le titre ne m'apparaisse évidente au vu des interactions que j'observe. J'y vois surtout de la rudesse, mais de l'innocence. Le groupe tend à exister, interagir, se structurer, peut-être avec des dominants/dominés, des pulsions, on ne peut le nier, mais sans intelligence. Des idiots ensembles. Surtout quelle est la relation avec nous, qui avons été invités dans le même espace réduit qu'eux, sans sièges, ni conventions ni repères. Les plus prudents collés aux les murs, les plus téméraires assis au milieu. Où se placer, se déplacer, par rapport à ces corps dénudés? Nous sommes fascinés et embarrassés, confrontés à ces démonstration de force et de puissance, bousculés sur le trajet d'une horde suante, au delà de l'épuisement. Pas le temps de spéculer sur des implications politiques. Le rythme nous gagne aussi, à leur unisson, sans repères temporels. Gardons nous cette distance, sommes nous tentés nous aussi par la sauvagerie ? 

    C'était A Invenção da Maldade de Marcelo Evelin vu au C.N.D. le 15 octobre 2019

    Guy

  • Mme Stéphanie et Docteur Aflalo

    Pour cette conférence performée, Stéphanie Aflalo s'est dédoublée: l'une sur scène , l'autre sur un écran de télé.  Est-ce le corps et l'esprit ? Un dédoublement de personnalité? Le cerveau gauche et le cerveau droit? La tête et les jambes? L'une ordonne, l'autre exécute, les deux philosophent, s'interrogent. Nous interrogent vers essentiel jusqu'à l'impossibilité, en passant chaque fois par la drôlerie. On en sortira joyeusement blindé d'incertitudes.  
    Dédoublement: l'auteure met l'actrice à l’épreuve, sans complaisance. Dans un rythme contre-intuitif. D'abord une attente qui s'étire- l'absence portée jusqu'à sa limite- puis le corps et la voix de la Stéphanie Aflalo physique sous la contrainte de rafales de consignes de son double cathodique. C'est alors que tout le talent fuse, juste, la force d'expression s'impose chaque fois instantannée.
    L'irréprochable rationalité du questionnement de l'une, suscite de l'autre de joyeuses réponses faites de créativité absurde, qui transcendent la rationalité. Et quand la philosophie a achevé son entreprise d'auto-destruction, sur un fond irréductible d'inquiétude, sortie de secours pour ne pas finir en cendres avec le chant et la musique. 
     

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    Création de Jusqu’à présent, personne n’a ouvert mon crâne pour voir s’il y avait un cerveau dedans de Stéphanie Aflalo ,vu le 25 octobre 2019 au Point Ephémère dans le cadre du festival Zoa.
    Zoa continue jusqu'au 30 octobre
     
    Guy
     
    image avec l'aimable autorisation de Zoa
  • Un mois en X

    Octobre 2019 est un mois très gaulois. On fête le 60ème anniversaire de la naissance d'Asterix, le nouvel album de Conrad et Ferri, le relooking de stations de métro, même des timbres postaux....

    Une bonne occasion de revenir aux sources est de lire la réédition très augmentée (avec une superbe iconographie et une nouvelle interview de 2015) des entretiens du co-créateur Albert Uderzo avec Numa Sadoul. On trouve bien sur à cette lecture un fort intérêt historique et artistique avec une porte ouverte sur l'atelier d'un artisan modeste et consciencieux... et dessinateur de génie, qui livre sans réticences ses secrets de fabrication. Mais sentimental aussi. Non seulement parce que nous avons tous grandis avec Asterix et Obelix, mais aussi grâce à l'auto-portrait d'un artiste si discret, aussi attachant que ses personnages, sensible et ombrageux. Et au souvenir de sa forte relation avec René Goscinny, avec le récit d'une émouvante fidélité.

    Il fallait la méthode éprouvée d'accoucheur de Numa Sadoul pour obtenir ce résultat. Numa Sadoul est écrivain et auteur de nombreux livres d'entretiens (Hergé, Franquin, Giraud/Moebius, Gotlib, Tardi...), metteur en scène d'opéra et de théâtre.

    Uderzo l'irreductible- Entretiens avec Albert Uderzo l'irreductible par Numa Sadoul chez Hachette

    Guy

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