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Breve

  • La saison de Frasq

    Y entrer. De l'autre coté du rideau. Et tout lâcher. Aussitôt, d’un coup, je vois tous et de tout, sauf de l’ordinaire. Flottent légèrement des brumes d'inconscient, s’ose brusquement le décalage, le grotesque, la performance.
    D’abord les gestes. Ces gestes se lancent, incongrus et po(é)litiques. Sans intentions qui s’imposent, tous errent. Pas de sens évident vers tant de directions. A l'image de l'époque. S’échangent des imaginaires, s'y frottent. Se heurtent de molles nécessités, futiles, urgentes.

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    Dans ce désordre organisé, tout l’espace m’est laissé. L’espace du lieu, du Générateur, celui capricieux de mes sensations. Je l’arpente sans repères. J'applaudis avec mes pieds, bouche bée.
    Remuez moi sous la retenue, l'indifférence, catalysez mes émotions. Sous la pudeur, de même que le plastique couvre les corps. Cherchez en moi l'enfant, ma sagesse oubliée. Devinez ce qui me meut, m’émeut, me fait vivant ou me laisse mort.
    Les mots s'échouent, ne fixent rien. Seul le son lie les mouvement, mais souvent. En liberté se démultiplie mon attention, puis s’évapore. S'inscrivent les gestes d'idiots célestes.
    Se réinventer (est ce pour moi encore temps?).
     
    Festival Frasq au Générateur à Gentilly depuis 2009, et à partir de ce samedi 4 octobre 2025
     
    Guy
     

    Photo Yassine Boussaadoune - Show Your Frasq 2024 © Bernard Bousquet - Le Générateur

  • River deep, Mountain high

    Yeux clos, je ressens.
     
    Intérieur mais exposé pourtant, à la lumière qui traverse mes paupières, aux odeurs et aux sons, aux gouttelettes de pluie, à la chaleur et au vent.
    Stimuli et sensations, méditation.
    Soudaines variations.
    Je me souviens soudain d'un après midi de printemps, d'une sieste dans un parc, empli des effusions arythmiques des cloches de l'église toute proche.

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    Mon transat est suspendu, juste un léger mouvement du bras ou de la jambe, et je me berce, je me balance.
    Je voyage dans les pays de l'hypnagogie.
    Endormi, éveillé, chamanisé.
    Une myriade de clartés filtre à travers mes paupières,autant de points lumineux qui composent de fugaces images.
    Elles dialoguent avec l'informulé de ce que j'entends, avec les caresses et surprises de la chaleur ou de l'eau.
    Elles racontent autant d'histoires fulgurantes , tout intellect abandonné.
    Et toute mesure du temps.
     
    Où tout cela m'emmène-t-il?
    ...c'est personnel.
     
    Ou suis je?
    Je ne suis ni dans mon jardin pourtant, ni sur une plage, ni dans une forêt.  Je suis, nous sommes, en interieur.
     
    Je suis une montagne d'Éric Arnal Burtschy, au Lieu Unique (Nantes) le 19 septembre 2025.
     
    Guy
     
    illustration: la vie secrète des arbres Benjamin Flao
  • H comme la Vie

    Douce mélancolie, étrange poésie. Serait-il un peu fatigué ce soir d'hiver à Saint Nazaire, un peu malade? Cela colore avec d'autant plus de beauté les émotions qui s'installent bientôt. Arthur entreprend ce soir de "réarmer l'amour". En passant, de raviver ici dans le présent les liens passés entre les figures aimées- le père Jacques Higelin, Brigitte Fontaine... -et nos avenirs.
     

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  • L'Eden d'avant Adam

    S'imposer sur scène dés avant l'arrivée des spectateurs, avec tant de force et sérénité, c'est d'abord affirmer une sensation de réel, une continuité d'avant la représentation. Un état stationnaire. Aussi déjouer d'emblée par la nudité en pleine lumière, toute interprétation érotique pour s'affirmer ailleurs. D'évidence dans le domaine du féminin, de la communauté, en toute égalité. It's a woman's world.
     

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    Tranquilles, elles mangent: pommes, raisins, fruits du jardins... Est-ce ici une utopie? Dans cet Eden: ni homme, ni péché, ni serpent et c'est bien ainsi, pour laisser place nette à d'autres enjeux. Le texte de Monique Wittig me traverse sans vraiment m'éclairer, comme musical il me laisse des repères évocateurs. Ces mots me renvoient à la sororité: diversité des corps de tous âges et tempérament, des peaux claires ou mates, mais que les gestes unissent. Ce soir les regards, mouvements et énergies de chacune semblent s'offrir avant tout au groupe. Nous en sommes les heureux témoins, à l'orée de la clairière. La communauté se constitue en cercle, se divise, apprend des contributions de chacune, s'étire et revient. Ces modulations s'épanouissent avec une grande richesse. Les bassins ondulent lents, les protocoles se transmettent en duo-miroir, figurent des échanges d'où rapports de force sont absents. Il y a de la vigueur pourtant, quand les amazones s’entraînent pour un combat qui ici n'aurait pas à être livré, courses, rougeurs, sueurs et claquements. Mais une vigueur joyeuse, sans violence. Avec amour.
    Sans doute qu'on ne nait pas sœurs, qu'on le devient.
     
     
    Amazones: conception et chorégraphie Marinette Dozeville. Interprétation Léa Lourmière, Elise Ludinard, Florence Gengoul, Frida Ocampo, Delphine Mothes, Lucille Mansas, Dominique Le Marrec. Musique Dope St Jude. Voix Lucie Boscher, Dope St Jude. Conseillère artistique Julie Nioche. Dramaturge Rachele Borghi.
     
    Vu le 2 février au Carreau du temple avec le festival Faits d'hiver
     
    Guy
     
     
    Photo de Marie Maquaire avec l'aimable autorisation de la compagnie
  • Au nom du père

    Le 5 novembre 1977, nous avons tous perdu René Goscinny, créateur de BD sans pareil et parrain- avec le journal Pilote-de la bande dessinée post-enfantine francophone. 
    Mais Anne Goscinny, à l'age de 9 ans, a ce jour là perdu son père. 
    "Le bruit des clés" dit ce deuil au théâtre, avec force et subtilité, deuil raconté par l'écrivain adulte à la recherche des émotions de l'enfant, de adolescente, de la jeune femme enfin. 
    Un long chemin, si difficile ,sans guide ni carte, du déni initial et de l'incompréhension, en passant par la recherche de substitut, par la colère contre les médecins, jusqu'à l'acceptation. Arrivée à ce point, la mémoire est devenue assez sereine pour faire vivre le père disparu, même à travers lui ceux de la famille du scénariste que la shoah a privé de sépulture.
    Le récit est forcement intime, forcement partagé pourtant. Le personnage public nous appartient un peu: ne sommes nous pas d'abord venu ce soir car il s'agit de l'histoire de René Goscinny?  Puis nous sommes gagnés par l'universalité du propos, si nous avons perdu, trop tôt ou beaucoup trop tôt, un père. Un peu plus encore si nous avons gardé dans notre cœur une photo de lui prise sur la rivière enchanté du jardin acclimatation. 
    Le travail de scène, à l'épreuve du monologue, est solide et sensible. Il assume les dimensions publiques et privées du récit- un album d'Asterix trône en bonne place, avec une judicieuse économie d’accessoires-il s'agit de manque et de perte ici, et évidemment pas d'image du disparu  Le jeu de l'actrice suit avec justesse et sans heurts les différents âges de la narratrice, fidèle donc à elle même jusqu'à retrouver sa vérité.

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    Le bruit des clés , texte d'Anne Goscinny (editions NIL) , mise en scène de David Ruella avec Anne Veyry (comédienne) et Wim Hoogewerf (musique) .
     
    Vu à la Comédie Nation le 27 novembre 2021 . les vendredis et samedis jusqu'au 11 décembre.
     
    Guy
    Photo avec l'aimable autorisation de la compagnie
  • La théorie

    C'est un espace en déshérence-une école-d'un vide glaçant et inhospitalier. Au mur: un possible tableau noir éraflé, dont fuit la craie, où rien ne s'inscrit pour pour ne rien expliquer. Un espace de transit avant l'expulsion vers un monde extérieur, effrayant, qui déjà impose ses règles dedans dans toute leur violence. Rien n'y fait espoir ni sens.
    Quatre personnages s'y croisent sans repos pour ne jamais s'y comprendre. La fille rebelle, le garçon réaliste, la prof qui y croit encore, le surveillant déjà abîmé par la vie. Leurs corps tendus et intranquilles, leurs voix âpres, se croisent dans l'incompréhension. Le discours bienveillant de la prof, maladroit dans sa verticalité, reste inaudible. Les théories complotistes du surveillant aigri s'imposent avec la force d'autant de revanches sur la vie, sur le pouvoir des puissants. Sous son influence, la fille se laisse griser par le sentiment de découvrir des vérités qu'on lui cacherait, qui pourraient tout expliquer.
    Les théories du complot à l’œuvre dans la pièce sont circonscrites à des événements vécus par les personnages, loin de notre triste actualité. Et pourtant... Les mécanismes décrits s'appliquent tout autant: biais de sélection des informations pour confirmer des croyances préétablies, confusion entre coïncidence et causalité, absence de vérification ou de recul critique, défiance envers toute source perçue comme institutionnelle, escalade dans les croyances pour échapper à tout dissonance cognitive, crédulité de personnes vulnérabilisées par des situations d'échec personnel, sentiment de supériorité retrouvé sur les autres pris pour des naïfs....
    Pour autant la pièce, servie par une mise en scène serrée et une interprétation à vif n'a rien de didactique. C'est un drame qui se précipite jusqu’à son paroxysme, sans leçons à donner ni solution à proposer. Simplement, tristement, juste. 
     

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    La théorie, de Marie Yan, mis en scène par Valentine Caille et interprété par Léna Garrel, Jordan Sajous, Guillaume Verdier, Laure Wolf.
    Vu le lundi 15 novembre au théatre de l'Etoile du Nord dans le cadre du festival satellites
    reprise les 15 et 16 décembre aux plateaux sauvages
    Guy
    photo avec l'aimable autorisation de la compagnie
  • Une main

    Où qu'elles finissent, où qu'elles tendent, rapides ou lentes, ces danses dites buto commencent au sol. Comme si elles trouvaient leurs origines de plus profond encore. Danses de l'inconscient, peut-être, tant on y perd pied: et c'est une qualité de susciter de tels moments particuliers, l'attention alors se relâche et flotte, dans un autre état de conscience. Les corps se redressent vers leurs devenirs et on perd le compte des mouvements, entouré par la musique acousmatique diffusée partout autour de nous,. Une musique dont on ne peut, en l'écoutant, visualiser quelque instrument que ce soit: une autre façon de renoncer à ses repères.
    Michel Titin- Schnaider permet ces rencontres, organise ces association libres par ce festival depuis 6 ans, elle font sens et beauté.
    Ce soir, deux courtes pièces nous emmènent loin, avant d'assister avec le "son d'une main" à une plus longue éclosion.
    Nous sommes séparé de la scène par un voile de gaze, comme pour préserver une intimité, protéger l’Interprète ou nous protéger de la force de ce qui va se jouer. D'abord immobile, une forme ensommeillée, en une métaphore des états d'attentes qui durant de long mois nous ont contraints. Le retour à la vie dans un imaginaire rose cocon , dans une robe nuptiale, laisse tout le temps qu'il faut au corps de s'inventer, de se considérer, à une main se dresser, et la musique dissout ce temps. Une lueur rouge, jaillit du plus profond, intense.

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    Plus tard, à un moment, maintenant elle est débout. Elle vient. Elle me tend sa main , vers mon visage. Tout prés, lentement. Entre nous la gaze se tend. Ce quatrième mur est comme fragile et organique, convergent. Je ne sais si ce mouvement est doux ou inquiétant, je le le ressens, fascinant. Je suis pétrifié, consentant. La rencontre s'est faite.
     
    En Chair et en son, édition 6, le 23 octobre, avec The waste Land de France Attigui (danse) et Luca Forcucci (musiqie) , Diptyque N°3 de Diana Bratu (danse) et Michel-Schnaider (musique) , Slow time Low Freqs ou le son d'une main de Maite Soler (danse) et Elsa Biston (musique).
     
    Guy
     
    Photographie de Fabrice Pairault, avec l'aimable autorisation du festival
     
  • Et maintenant?

    Corps en crise, marqués, traversés par l'urgence... Covid et confinements ont pesé. Libérations se font sur scène souvent avec âpreté, que la proximité avec le public exacerbe. Chacune des 14 propositions de ce soir n'a que 10 minutes pour vivre, pour s'imposer. Pure liberté: ni contrainte, ni thématisation, juste les cohérences qu'on s’efforcerait après coup de construire. Submergé par ces profusions, on s'interroge à quelques jours de distance sur ce qui s'est imprimé en plus de deux heures, parmi ce qui sur le moment a toujours interpellé. 

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    Est-ce quand les intentions ou références, qu'elles renvoient au féminisme, à la religion, au monde du travail, à l'homosexualité... se revendiquent haut et fort, plus que quand le sens, subtil, ose se chercher devant nous, fragile? Quand les corps paraissent se mettent en danger, quand la violence de leurs expressions nous bouscule? 
    De tout cela on imaginerait un an zéro, de remise en question. Où l'universitaire s'égare dans sa thèse devenue obsolète, où les violences faites aux femmes sont désormais intolérables, et presqu'autant la phraséologie des entretiens de recrutement. Où les corps courent, cherchent leurs places, leurs repères. Où cette femme explore les infinies possibilités qu'offrent une pièce de tissu... Surtout je regarde ce personnage qui, avec calme, pudeur, presque timidité, avec une tranquille détermination, prend méthodiquement la mesure de toutes les parties de son corps. Comme pour à nouveau se connaitre, se trouver prête, maintenant, à tout recommencer.
     

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    Guy
     
  • Speed Queen

    Ce solo n'en est pas un: il y a ici en jeu deux personnages, confrontés. Chair et mécanique, réunis pour une lutte inégale, en une histoire d'amour qui finit mal. D'un coté la femme- Stéphanie Aflalo- toute de silences, regards mi-clos puis emballements. Si subtile et intense. De l'autre une Citroën Picasso lui donne la réplique. Cet objet rond et banalisé, faussement rassurant, roule jusqu'à devant nous, joue de tous ses moyens d'expression des phares à la sono. L'automobile s'impose dans l'espace, devient même un espace scénique aux nouvelles potentialités, dans lequel la femme trouve un refuge, ou une prison. Devient scène de théâtre dans ce lieu de représentation en plein air - la Gare expérimentale- quelque part entre boulevard périphérique et boulevards des maréchaux. 
    Le récit s'ancre après. Après le drame, après l'accident, d'une violence indicible, quand se brisent les fils de l'existence et se déchirent les corps, démembrés.  Autant pour les beaux spots télévisés et le sentiment de sécurité.
    La voix brisée par le traumatisme, revient en arrière, et la pluie cesse, dans le récit drôle et tragique de cette relation avec la vitesse et la machine, de nos folies automobiles, de nos fêtes consuméristes, à en rester incrédule de tous les sentiments de bonheur et de liberté que nous y avons investi. 

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    Crash de Florian Pautasso et Grégoire Schaller, interprété par Stéphanie Aflalo, vu le 14 septembre à la Gare expérimentale avec le festival Zoa. 
    Prochaine étape de Zoa le mardi 12 octobre à l'étoile du nord avec la compagnie CAMINANTE pour ANIMANS
    photo de Vinciane Lebrun avec l'aimable autorisation de Zoa
  • Identités

    Les identités bougent et s'interrogent, et le corps s'autorise toutes libertés pour les exprimer
    Aude Lachaise invite les amateurs de Vitry à se dire en danse, d'où ils vivent, quels sont leurs chemins, sur ce quotidien qui dessine leur existence.

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    Dalila Belaza s'enracine dans un folklore imaginaire, qui s'abstrait de la pesanteur des cultures. Elle reste ramassée sur son axe dans un mouvement entêté et enivrant , ce n'est rien de connu, folklore en trompe l’œil. Elle se réinvente, laisse nos imaginations ouvertes à sa poésie.
     

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    Le parcours qu’évoque Mithkal Alzghair danseur syrien installé en France, fuse d'éclats tragiques. Bruits de bottes, gestes de supplications, fuite, exil et détresse, réminiscences de tradition : l'identité paraît ballotté par les évènements. Toute la violence de l'histoire est suggérée par les mouvements qu'elle imprime à ce corps en survie, il nous inspire d'intenses sentiments.
     

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    Aude Lachaise (Chemin), Dalila Belaza (figures), Mithkal Alzghair (Déplacement) A six heures du soir en été à la briqueterie, cdcn du Val de Marne
     
    Guy
    photos GD