Breve - Page 4
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Nouvelles divas
Le jazz n'est pas mort. Ses interprètes rajeunissent et son public vieillit. Sur les gradins beaucoup d'habitués ont amené leurs coussins et petites laines, et personne ne se risquera à danser. Pourtant sur scène le tempo bat son plein et les belles divas la jouent sexy, cheveux blonds et voix d'ébène, feignent de hurler à l'amour comme des corps et âmes esseulés, aussi bonnes actrices que chanteuses. Ster Wax vient de Barcelone, Denise Gordon des Caraïbes Britanniques, et leurs chants tout droit des traditions afro-américaines.En 1ere partie Ster Wax, l'organe rappeux et électrique, dévale sur les montagnes russes du boogie -woogie, le piano mitraille, la section rythmique slape et claque. Le saxophoniste Drew Davis, l'homme clé de la soirée, pimente d'un jazz joyeux cette base rythm & blues.Puis Denise Gordon remonte encore dans le temps, aux sources du gospel et de la Nouvelle Orléans, nous emmène au Mardi gras, rend hommage à Mavis Staple, l'orgue gronde comme à la messe du dimanche matin.Les deux belles, chacune et à l'unisson, soutenues par les impeccables riff de la section de cuivres, paient de beaux tributs à Aretha Franklin, désormais immortel étalon d'une forte féminité.Il y a, en apothéose de cette soirée riche de bonnes vibrations, un moment de pure beauté. Denise Gordon entonne A change is gonna come de Sam Cooke, complainte intime, spirituelle et militante, gorgée d'espoir et de confiance. Chant et cuivres entremêlent, beaucoup se sont levés pour se rapprocher de la scène, tout s'envole vers le ciel.Denise Gordon, Ster Wax, au La baule Jazz Festival, le 12 aout 2019Guy -
Venus de loin
Le lieu d'abord: quelque part dans l'imaginaire de la méditerranée. Il y a, énorme, cette montage noire sur laquelle on installe un arbre solitaire, une montagne à gravir, d'où chuter. C'est le décor où s'imposent ces grands tableaux nocturnes et somptueux, peuplés d'hommes en costumes et de femmes en robes élégantes, ou d'une nudité blafarde en clair obscur. Grappes d'hommes, grappes de femmes qui convergent pour des séductions qui ressemblent à des défis. Les rassemblent aussi des cérémonies, des jeux... Dans l'organisation de ces attractions, l'image fixe, grand format paysage, fascine et importe autant que les mouvements. L'image est forte de ce qu'elle retient, des métamorphoses à venir. Les équilibres des danseurs se font fragiles, contraints et douloureux, en toute humanité, d'abord pour traverser la scène perché sur ces fameuses chaises... est ce la marque d'un héritage encombrant? Surtout comment est ce, que l'on ressent cette grâce toujours présente, dans les moments de calme et ceux plus tumultueux? Ces tumultes viennent à leur heure, naturellement. De la Méduse à Saint-Sébastien, les thématiques s’enracinent loin, denses et intimes, belles et monstrueuses.Since She, création de Dimitris Papaioannou pour le tanztheater Wuppertal , vu à la grande Halle de la Villette le 8 juillet 2019.
Guy
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Tiens, voilà du boudin
Le texte presse bien fort où ça couine, tout au long de cette fable cruelle: une famille renie un fils qui ne parvient plus qu'à s'exprimer qu'en langage des porcs. Nulle fin heureuse à espérer, pas une once de pitié, juste un inexorable enlisement: l'humanité se vautre et se dissout dans le purin, le boudin. C'est noir, comme le sang. Gare: on est toujours le cochon de quelqu'un. La mise en scène organise sur le retournement de perspective: le fils a l'apparence d'un jeune homme sain, alors que les autres protagonistes portent des masques bestiaux qui trahissent leurs vices. Ainsi que leur monstruosité, devenue la norme, définie par leurs actes. Ils feront sa fête au cochon. Subsidiairement, la pièce aujourd'hui nous interroge quant à nos comportements vis à vis des autres espèces animales, dont quelques gènes nous séparent. Ce soir pas d'espoir et une méchante énergie sur le plateau: des corps déchaînés, du trash qui éclabousse, et de l'humour saignant. Çà fait du boucan. C'est impressionnant, et cohérent.La fête du cochon, texte de Peter Turrini, mise en scène Marie Brugière et Majan Pochard vu au Théatre 13 le 18 juin 2019Guyphoto avec l'aimable autorisation de la compagnie -
The Big Note
Le gros son nous enveloppe, un extraordinaire bourdonnement: place aux saxophonistes venus d'ailleurs. Les officiants sont enveloppés dans des préservatifs géants, affublés d'étranges couvre-chefs, avec un orifice pour le bec. Les costumes irradient et nous renvoient les vibrations des couleurs avec celles des notes. Ils avancent 10 ou 20 ou 30 à l'unisson, en tenues de décontamination musicale, cosmonautes culturels, pompistes de cérémonies, extraterrestres impavides aux langages intraduisibles. Il avancent en majesté, glissent en souffle continu et nous enveloppent dans leurs boucles, c'est une impressionnante procession de derviches souffleurs.
L’exiguïté du lieu d'accueil, à l'abri des murs épais des frigos ne permet pas aux performeurs de nous entourer. Mais la note partagée vibre, rebondit, domine, en quatre dimensions. The big note, belle et entêtante, de tout son volume sans jamais être oppressante, portée par des courts motifs implacables. Les octaves s'entassent et résonnent, portées par la chorégraphie des saxophone, voix, guitare vibraphones. Plein les oreilles, l'ivresse me gagne. La musique n'est ni savante ni populaire: essentielle. La musique est une ascension.
Urban Sax vu et entendu le 26 mai aux Frigos
Guy
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La vie sur les os
Elle porte les fleurs comme des épines, et son corps comme une extase, à l'ultime douleur. Oui elle offre, sans tricher, place les enjeux à hauteur de l'existence. Ni compromis ni contingences, le gris de la peau s'écorche aux aspérités des murs, s’abîme en chutes brutes. Il y a alors un bruit qui claque, qui rythme la poésie convulsive qui lui vient aux lèvres, telle une blessure qui se répand en une médiation à voix haute, échevelée, de sauts en abandons. Tout cela na rien de triste, la vie l'agite dans toute son intensité. Presque nue, lucide, absolue, toutes vertèbres à vif, que lui reste-t-elle à donner, la peau tendue sur ces os, à retourner, à écorcher? Encore une respiration lourde la soulève, les muscles se tendent et saillent et rien du corps n'est superflu, ne reste que ce corps, et tout ce corps. Son sourire rit aux éclats, de férocité et sauvagerie, se donne yeux dans les yeux. Comme chacun elle disparait, l'image persiste.
Je ne danse pas, j'offre mes os , mes par Jean Daniel Fricker, interprété par Céline Angèle vu le 21 mai 2019 à l'espace culturel Bertin Poirée
Guy
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Frasq(s)
Tant d'images, tant de sons, tant de tout, à s'abandonner en totale innocence. Dés le début, m'entoure le chaos, ou alors se contracte vers la fin sans claire conclusion. Entropie. Des indices émergent sur ce qui va venir ou planent des réminiscences de ce qui fut. Ici la féminité se caricature en prothèses de plastique, qui disloquent les stéréotypes. Des révolutions éructent et s'ignorent, ou tentent en vain de se tendre la main. D'où viennent ces voix, où se perdent-elles? De quelques prophètes qui prêchent dans le désert, des micros hors de vue. Dans des enveloppes, des mots d'amour. Je me plonge dans ce flot qui m’accueille doucement. Un corps s'offre aux pinceaux, comme absent à lui même. Regards sans explications. Je m'immobilise pour que tout bouge autour. Là sur un corps voilé de noir, le sourire d'un téton. Tourbillon, je parcours mais sans rien figer, ni parvenir à rien définir. Il y a à deviner sur l'état du monde, beaucoup, se laisser éblouir par des éclats de beauté, nombreux. Des morceaux d'émotions, feux d'artifices. Je m'avance, ose sur le blanc de la peau un trait de couleur, me recule aussitôt. Tout sera effacé, mais plus tard. Le grotesque ricane, cache-cache avec l'obscène. Sous les réalités grouillent les vérités. Trois jeunes femmes dansent comme chez Matisse. Tout se disperse à reconstruire. Une guitare jazz me fait monter en rythme. Les slogans et utopies se perdent dans les échos des chants. Encore des enfants courent et gloussent. A la sono un tube réconcilie les mémoires, transcende la trivialité. Les énergies fluent et refluent. Des nudités s'osent ou se refusent. Des révoltes fusent. Des dentelles dansent. Ni dessein intelligent, ni chefs d'orchestre, mais le chaos créateur, des frictions et des complexités qui s'entrechoquent. Rien à attendre ni regretter, tout à vivre dans l'instant, et loin des yeux les graines qui vont geler ou germer. J'y plonge.
Show Your Frasq au Générateur , prochaine édition le 27 juin
mots et images: Guy
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Maison ouverte
S'agissant de "Close": tout est fait pour intriguer: le sujet un brin coquin, l'adresse secrète jusqu'à la veille, le concept de théâtre immersif, surtout la question du comment... Comment faire participer les spectateurs libres de leurs mouvements non à une expérience ouverte de performance, mais aux contraintes d'une narration déplacée de la scène à un espace partagé.Les solutions pour réussir cette immersion sont bien pensées. D'abord installer le sentiment de mystère puis de réalité: placer l'action durant la grande guerre dans une maison close... mais qui nous est ouverte: car nous ne sommes pas spectateurs mais invités à un mariage privé. Par un efficace renversement, nous portons tous des masques, devenus ainsi costumés comme des personnages, fait de fiction, et cette protection aussi encourage une certaine désinhibition. Symétriquement les acteurs portent eux visage nus, et s'adressent à nous familièrement, prêts à dialoguer. Ainsi immergés, nous déambulons dans les lieux de l'action: ni scène ni coulisses mais différents lieux (plus ou moins) accessibles. Ou nous prenons un verre, discutons, et nous risquons peut-être à participer. C'est là que joue la mécanique du récit, bien réglée: à l'intrigue principale (que l'on se garde de dévoiler) dont les moment clés se déroulent dans la grande salle, se greffent des épisodes secondaires dans les autres pièces, nous pouvons y prendre part... En théorie car- et c'est là que le concept se trouve victime de son succès- nombre de prétendants se retrouvent refoulés compte tenu de l'affluence. Ils doivent se consoler de leur frustration avec les numéros de cabaret dans la grande salle, logique Disneyland...Surtout toute la réalité peut s'installer grâce au soin apporté aux détails: minutie des décors, phrasé, tics de langage d'époque, aisance des acteurs pour interagir de plain pied. Plus que les grands concepts, la qualité de exécution, méthode souvent anglo-saxonne, à se fier au souvenir de visites de monuments nord-américains animés par des personnages "d'époques". Le théâtre immersif existe, j'y ai plongé.Close mis en scène par Ariane Raynaud, vu dans un lieu parisien secret le 24 avril 2019GuyPhoto d'Alessandro Clemenza avec l'aimable autorisation de la compagnie -
Sous le Niqab
Elle danse pour celles qui n'ont pas le choix. Elle tente. Malgré le niqab qui entrave le mouvement, frontière qui clos le regard et l'échange, abolition du corps, enfermement blanc. Le tissu pèse du poids de siècles de patriarcat. La musique oppresse. Par la mince fente, les yeux se noient, émergent. Je dois deviner, vaincre le malaise, guetter ce qui s'évade d'humanité, toutes formes dérobées. Je vois des songes, des affaissements, des désordres, des renoncements, la réduction de la chair à la géométrie, pur triangle, une abstraction desséchée. Les sourates décrètent à l'écran les règles à rallonge de la pudibonderie.Mais se manifeste une résistance, une lutte, la main qui émerge. Et même des signes d’espièglerie. La femme ose la transparence, la lumière devient plus puissante que l'obscurité immaculée du tissu. Une séance de pliage vire à une danse frénétique. A force de se déhancher le corps se libère joyeusement.Enfin vient le temps du choix tranquille et souverain des ornements, et de chanter une évidence: It's a man world.A ce solo poignant de la chorégraphe d'origine tunisienne fait écho un autre manifeste de féminisme et de féminité. La pièce est construite d'émotions et de sensualité, orientale et contemporaine, l'imaginaire niché dans le décor reproduction de l’alcôve d'un palais . Les 4 jeunes interprètes du ballet de l'opéra de Tunis qui reprennent cette pièce assument le défi que représente pour une femme de danser dans un pays arabe aujourd'hui.Manta et Bnett Wasla de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, vu le 18 avril au théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine .Guyphotos par Laurent Philippe avec l'aimable autorisation de la compagnie -
Pulpe et fictions
Jubilation, les expressions artistiques se croisent ici; scène et vidéo, bande dessinée et peinture, dessin et chanson, dans une joyeuse dé-catégorisation. Ils tissent les fils de récits intimes, d'intériorités qui s'expriment en variant les habits de leurs pudeurs. C'est en même temps pour nous une invitation aux voyages loin dans l'espace et le temps, mais juste à un quart d'heure de trajet de RER à la ferme du buisson.Posy Simmonds est une charmante lady, c'est un peu l’Angleterre qui nous rend visite içi. A l'heure du gros mot en "B" on lui dit merci. Sa politesse exquise contraste avec l'acuité drôle et sans merci de son regard et de son pinceau, cet understatement acide avec lequel son art traite des dures réalités de la vie, intimes et sociales. L'expo rend justice à son œuvre. Qui est loin de résumer à Tamara Drewe et Gemma Bovery (voire Cassandra Drake qui sort en France aujourd'hui) populaires de ce coté de la manche. On découvre ici la partie immergée de l'iceberg: 50 ans de dessins de presse, de livres pour enfants, de cartoon politique... De salle en salle les antagonismes témoignent de la richesse des thématiques: entre hommes et femmes, France et Royaume-uni, ville et campagne, richesse et pauvreté.Des cottages anglais aux Deux-Sèvres, de leur passion commune pour les œuvres littéraires sources inépuisables d'inspiration, des dessins de presse, Posy Simmonds et sa cadette Catherine Meurisse (Charlie-Hebdo, La legereté, Moderne Olympia..) auront surement beaucoup à se dire en conférence vendredi soir (et puis peut-être il y a -t-il plus d'un point commun entre Posy Simmonds et Claire Bretecher, un des modèles de C.M.)Dans l'espace consacré à l'auteure française, on ne verra pas de planches mais des surprises scénographiques qui évoquent les décors de son enfance rurale, tels que dessinés dans "Les grands Espaces". Une nouvelle manière pour Catherine Meurisse de raconter, mais cette fois sans se montrer, son retour aux sources salvateur après le drame de Charlie Hebdo (Lire la Legereté). On se ballade cette fois ci à rebours dans la campagne des années 80. Pas de mouvement: mais du relief. On en dit pas plus.Voyage au long court avec Alberto Breccia, direction l'Argentine, mais fini le plein air. Pour explorer des territoires d'audaces graphiques, noirs d'encre ou bariolés de délires, pour revivre comme moi-même des souvenirs d'ado délicieusement effrayé à la lecture de Mort Cinder... On peut aussi, mais à ses risques et périls explorer les profondeurs et l'innommable à la recherche de Cthulhu. Dans l'ombre, l'imaginaire déferle.Retour à la réalité, mais celle-ci peut-être déformée par le rêve, la légende, les souvenirs .... le Caire, Beyrouth , ces capitales telles que les années passées reviennent à la vie avec les Astres de l'Orient, album de Lamia Ziadé adaptée sur scène par Bachard Mar-Khalifé. 10 minutes de répétition, deux chansons, des mélodies plaintives suffisent pour s'orientaliser, partir.Et la grande expo des empreintes graphiques, consacrée aux lithographies et estampes, en regard des bandes déssinées permet d'explorer un champ plus conceptuel... et concret: les rapports entre l'art et l'artisan, les idées et la matière, les conditions de leur reproduction pour diffusion. les auteurs de bande dessinée passent parfois des cases au grand format, des librairies au galeries. Philippe Druillet exposé l'an dernier ici en est un exemple emblématique. En vedette et en action une grande presse à bras, qui rend humbles les grandes œuvres autour des géants tels que Baudouin, Art Spiegelman , David B, Loustal, Nicolas de Crecy, Lorenzo Mattotti...)Pulp Festival 2019 à la ferme du buisson du 5 ou 7 avril, expositions ouvertes jusqu'au 28 avril.GuyPhotos GD -
Loretta Strong- variation
Il y a des pièces dont jamais je ne me lasse, parce qu'objets étranges tels des météorites tombées de mondes inconnus, qui changent d’aspect lorsqu'on entreprend d'en faire le tour, énigmes sans solution. Irrésumables. Je me réjouis de chaque relecture tentée en mise en scène, de chaque tentative, escalade, déconstruction, restauration.... D'autant plus que je ne me réfère pour ma part, à aucun mètre étalon. J'ai deux de ces pièces en tête. Loretta Strong, de Copi, est l'une d'entre elle .Une fois rappelé qu'il s'agit d'un monologue échevelé, dans la bouche d'une astronaute en perdition (Qui m'évoque de plus en plus Barbarella, même époque), qu'il y a des vénusiens, des rats, etc.. je ne sais dire un pitch plus élaboré. Les repères implosent et la narration s'éclate sur les murs. Ce qui me plait: un texte absurde et jubilatoire, traversé d'éclats de désespoir, d'un mauvais gout sublime. Cette farce résonne dans mes oreilles comme le cri impuissant de l’inéducable désagrégation du corps.Ce soir ça commence fort, par très peu justement. A contre-courant. Par une habile résistance à la frénésie du texte, à laquelle beaucoup d'autres mises en scène cèdent d'emblée au risque de essouffler. Donc maintenant le silence. Très long. A son bureau, une femme contenue, habillée serrée, jupe et tailleur. Des gestes fonctionnaires. Enfin la voix, mais blanche, avec des annonnements qui retombent, gardent la panique à distance. Qui évitent l'engagement. Le visage, le corps, trahissent des signes avant-coureurs du déferlement, mais tout en nuances.Évidemment, à un moment donné le barrage va céder, tout se dérégler. Mais là encore le travail du corps, de la voix crescendo, vont s'écarter du convenu. Inattendu, jubilatoire forcement.Loretta Strong de Copi, mis en scène par Florian Pautasso avec Stéphanie Aflalo, vu Théâtre de l’étoile du Nord le 23 mars 2019, ce soir encore, dans le cadre de Copiright jusqu'au 30 mars.Guyphoto par Vinciane Lebrun-Verguethen avec l'aimable autorisation de la compagnie