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sandra abouav

  • L'heure de la sieste

    Créer un spectacle à partir du bâillement, c'était drôlement gonflé, un pari à rebours du préjugé qu'une telle entreprise forcement ennuierait le spectateur. Cette curiosité, cette prise de risque paie. Sandra Abouav ce soir m'emmène là où peu de chorégraphes ont l'idée de m'inviter. En pays d'hypnagogie, pour flotter entre éveil et sommeil. Les danseurs vacillent, sombrent, sursautent, s'étirent et la détente me gagne aussi, agréablement contagieuse. Vite, je me sens apaisé comme lors de la séance de yoga de la veille, invité par la prof à laisser venir un soupir, un bâillement, et paradoxalement grand ouvert aux images et suggestions. Sans être crispé par des enjeux d'analyse et de jugement. Bien oxygéné.
    Il y a tant à voir sur ce nouveau territoire, peu exploré et plutôt laissé au dessin, à la caricature. Les protagonistes baillent comme ils respirent, laissent ainsi s'exprimer une autre vérité, explorent des curieuses postures de la mâchoire, des grimaces et étirements. Dans le suspend de la musique, la chorégraphie gagne tout le corps, qui lutte ou s'abandonne à cet entre-deux. Se développe en liberté une belle écriture du relâchement, du sursaut et de l'ondulation, drôle, poétique et expressive. Elle m'offre au cœur du voyage de vraies surprises, qu'il serait dommage de révéler. Dans cette expérience singulière, l'intelligence, bien éveillée, se met au service du sensible.
     
     

    sandra abouav,theatre de l'etoile du nord,danse

     
    A Bouche que veux tu de Sandra Abouav -compagnie Metatarses vu au théâtre de l'Étoile du nord le 14 octobre dans le cadre d'Avis de turbulence.
     
    Guy
     
    photo de Partrick André avec l'aimable autorisation de la compagnie
  • Mystères et merveilles

    Voici le moment de faire provision d’émerveillements.

    Sur l’écran tournoient des galaxies ou des atomes élémentaires. Hubert Reeves, accompagné de l’ensemble musical Calliopée, évoque 14 milliards d’années d’histoire du monde, du big bang aux périls écologiques d’aujourd’hui. Cela fait beaucoup en 60 minutes de temps. Le vieux savant est parfait et au naturel sur scène dans le rôle du sage-enfant. Entre ses mots les notes s’osent, démontrent l’imprévisibilité des combinaisons du vivant. Le discours peut sembler naïf dans la forme, il est surement essentiel dans le fond, il ne pourrait être plus important. J’accepte les questions posées sans réponses, le souffle des vents et le frottement des cordes me donnent un peu de respiration, interrogent et éveillent sans révéler.   

    De l’intelligence du vivant on se concentre sur l’humain en quête de sens. Un cercle de craie est tracé au sol, mais loin de cadrer la créativité des deux interprètes. Vite, les corps courent et les mots s’enchainent en jeu de sonorités, se bousculent et se répètent style marabout-bout d’ficelle. Ces mots forment-ils les limites d’autres enfermements? D’in-articulations en désarticulations, les corps luttent contre en échappées, répondent par charades de gestes en une fébrile déconstruction. C’est un beau duo, Alexis Morel qui se risque en fantaisies flutées, Sandra Abouav bien campée sur son axe mais qui se lance de là vers tant de directions imprévues, mes neurones sont dynamisés.

    La conclusion de leur performance  est gaiement perturbée par deux fous-furieux, Antonin Leymarie armé d’une simple caisse claire et Rémy Poulakis qui fuse dans tout sens avec sa voix et son accordéon. Ils partent illico en valse-musette, accélèrent sans freins, accrochés l’un l’autre de regards intenses, atteignent de joyeux paroxysmes, jubilent et se relancent. C’est un plaisir d’assister à cette chorégraphie du rythme et de la générosité.

    Cosmophonies d’Hubert Reeves et l’ensemble Calliopée, Riz Complet de Sandra Abouav et Alexis Morel, Antonin Leymarie et Rémy Poulakis le 13 juin dans le cadre du festival La voix est libre au théâtre des bouffes du nord

    Guy

  • Danses en forme- partie 3

    A quoi sert la danse? A permettre d’entrevoir des forces invisibles, de nouvelles lignes au long desquelles l’énergie circule?  Sur scène, ces lignes dans l’air sont matérialisées: deviennent-elles des liens qui entravent, ou des liens qui relient? La chorégraphe Sandra Abouav se tient campée sur ses pieds au centre, dans l’œil du cyclone, fétu de paille pile au milieu du grand tourbillon- peut-être en est elle elle-même la source…   Le corps se tend, se plie, revient à son l’état initial. Se reconstitue en mémoire de forme, le temps aussi est un cercle.

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    Dans un maelstrom de sons et musiques empilés, je ressens une brusque ivresse, ou une fatalité, je la crois au perdue monde et elle m’emporte dans ce vide. Puis  elle me semble à l’inverse en pleine communion avec des forces la traversent, des forces qui préexistent. Elle retrouve mobilité et liberté, se développe en une profusion de sensations. Ailleurs on découvre entre énergie et matière de nouvelles particules, ici avec la pensée, le mouvement fait le monde. Hélices, pièce en devenir, prolonge en idées, maitrise, intensité, Slide, et me fait renverser mon point de vue, ressentir maintenant convergence plutôt que résistance.

    C'était Hélices de Sandra Abouav vu à Point Ephémère dans le cadre du festival Petites (d)formes cousues.

    Guy

    A suivre....

    photo par steve Appel avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • Une lutte

    Le corps et le monde…. L’énergie de cette danse sourd et déborde, une volonté entière en lutte contre l’adversité. Contre un ennemi- est-il naturel, intime, politique, métaphysique?- qui reste invisible. Le corps à l’œuvre combat sans relâche dans ce vide menaçant et omniprésent, tombe, se relève, les gestes amples et généreux. Il résiste en mettant en oeuvre plus de souplesse que de violence. La remarquable création musicale, en flux, chocs et superpositions, témoigne de la confusion du monde, de changements incessants. A la fois elle oppresse et se laisse traverser de mouvements d’espoirs.

    S L I D E - trailer from cieMETAtarses on Vimeo.

    Cette agitation fébrile, cette énergie à vif, m’interpelle, me dérange aussi dans ce qu’elle a d’excessif. J’hésite à tant m’impliquer. J’aimerai cette dance plus concentrée en moins de gestes, plus mesurée, mais peut-être alors se trahirait-elle? Elle persiste dans sa lutte entêtée, de plus en plus vertigineuse, le corps se sature de cendre et titube, souffre à terre, mais progresse, vers la liberté?

    C’était Slide, chorégraphie et interprétation de Sandra Abouav, musique de Vincent Cespedes, vu à la Loge.