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danse - Page 40

  • Something in between- (voire bien au delà)

    On aime les lieux qui ressemblent à tout sauf à des salles de spectacles: dans cette catégorie Les Voutes méritent une mention spéciale . Allez y, vous comprendrez.

    Donc un lieu improbable et adequat pour y présenter du Buto. S'il s'agit encore vraiment de Buto, mais qu'importe. Présenté par "In Between" compagnie transnationale et européenne.

    "Bacon R'us" pour commencer. 3 figures chacune isolée sous une voute, jeux d'ombres et de sonorités, improbables interactions. Mais la vraie surprise vient de Claude Parle.Qu'on avait déjà vu, en d'autres lieux, soutenir Moeno.Annoncé comme musicien, il s'impose ici comme performer. Au naturel. D'abord en une création de Francis Bacon incarnée, en relief, débordante. Puis qui fait subir des traitements extrêmes à son accordéon. Une présence énorme. Qui focalise l'attention. Les deux autres (vrais) danseurs ont beau se tordre, c'est injuste mais rien n'y fait.

    Pour "In between" en seconde partie, Claude Parle s'abstient, et en un sens tant mieux. 4 danseurs pour représenter la folie, en 4 trajectoires simultanées. Le dispositif est saisissant, les interprètes assument tous les risques de l'expérimentation et du débordement.

    Tout au long d'un voyage intense pour peu que l'on accepte de les accompagner. Pour retrouver, au delà des codes bien connus-corps défigurés et lenteur torturée- l'esprit du Buto.

    Pour de vrai.

    Guy

    P.S. Cet évènement préludait au 7° festival de de danse Buto à partir du 6 juin. A l 'Espace culturel Bertin Poirée, bien sur.

     

  • Apres le chaos

    Petit retour sur Kao:

    Yumi Fujitani est très loin d'être une débutante: vingt ans de vie artistique, dont dix aux cotés de Carlotta Ikeda.

    Mais pour se produire elle doit prendre pretexte d'un festival de "théâtre gestuel" pour s'inviter à l'Akteon. Qui est un medium_kao_solo.jpglieu certes attachant, avec une vraie personnalité, mais seulement 50 places plus ou moins assises en se tassant bien, avec une scènes comme un mouchoir de poche où l'on a vu un soir de canicule une Loretta Strong apoplectique perdre trois litres de sueur, et un soir d'hiver une Ophelie blafarde grelotter.

    Comme quoi le Buto en est toujours là où il a commencé: dans les arrières salles et dans la quasi-clandestinité, en tout cas bien à l'écart des circuits institutionnels et subventionnés. Consolation: les cinquante places ce soir là étaient occupées et largement au delà.

    Mais, pour nous contredire un peu, signalons qu'on pourra revoir Yumi Fujinati en juin, d'abord au festival buto bertin Poiree, puis au Theatre du Lierreoù elle mettra à nouveau en scène Kao... mais en version trio.

    Guy

  • Kao: Yumi Fujitani nait masquée

    Kao(le visage) ou Chaos? L'ambiguïté s'affiche déja dans le titre, le buto se joue toujours de l'ambivalence de ses origines, entre l'occident et le Japon.

    Comme de juste, le visage en question reste longtemps absent, masqué. Et Yumi Fujitani  escamotée au tout début par un tissu bleu. Un temps de latence et de lenteur, jusqu'au moment intense où d'abord un oeil apparaît, c'est un soulagement.

    Mais de courte durée, car il nous est rappelé une fois encore qu'il est toujours dur et douloureux de venir au monde, et la suite nous fait craindre, de tremblements en convulsions, que c'est peut-être un monstre qui naît. Le premier rang, menacé, en reculerait d'effroi s'il pouvait.  Aprés ce paroxysme la pièce se conclue, peut-être, sur un apaisement.

    Conclue par les applaudissements, car le buto est sans doute celui des arts de la scène pour lesquels nous sommes le plus étonnés et rassurés de voir l'artiste revenir saluer, vivante, indemne.

    c'était à l'Akteon ,le soir du 19 mai

    Guy

  • Sasha Waltz met le feu...

    Sasha Waltz met- littéralement- le feu à la scène du Theatre de la ville. C'est sans doute à ce moment du spectacle que le fossé se creuse entre la chorégraphe et ses spectateurs enfumés.

    Dommage, tout avait bien commencé.

    Que le décor flambe (un peu), on peut le comprendre, prevenu du theme de "Gezeiten": l'humanité confrontée à toutes les catastrophes: tsunami, tremblements de terre, attentats, cyclone, epizootie.... 

    Cette douloureuse problématique à l'esprit, on s'est laisé aller, au début du spectacle, à aimer une danse de groupe, à la fois nerveuse et délicate, sur des fugues de Bach, sans mievrerie, pleine d'énergie et d'ironie. Et on a lu-bon public- dans les mouvements ce qui était écrit sur le programme.

    Mais bientôt surviennent les cataclysmes. Face à l'adversité, les personnages s'enfuient affolés, pleurent ou meurent, se battent ou se secourent. Presque comme pour de vrai. Car dés ce moment, hélas, tout est presque mimé.

    On s'en voudrait de reprocher, par principe, à la chorégraphe de tenter de rassembler les disciplines. Mais il n'empeche: le vocabulaire de la danse employé au début, allegorique, mais expréssif et maitrisé. s'est revélé bien plus efficace que la représentation de scènes trés figuratives qui a suivi. A vouloir raconter au pied de la lettre, Sasha a perdu en route toute la force du recit.

    Pour qu'il ne reste que de la pyrotechnie.

    Mais dans ce genre là, les parcs d'attraction font bien mieux.

    C'était Gezeiten ♥ de Sasha Waltz , au Theatre de la Ville

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  • Suisse Panique, Suisse Beauté - Claudia Gradinger

    Il se passe souvent quelque chose au Centre Culturel Suisse.

    Surtout quand Claudia Gradinger y vient danser.

    La représentation se fait attendre, on y est certes habitué, dans ce lieu d'arts où le lieu de spectacle est caché. Mais ce soir des anomalies s'insinuent aux frontières de notre champ visuel. Ubik ? Toutes les spectatrices ne sont pas telles qu'elles semblent être. Brusque confirmation de ce soupçon, mais d'autres réponses ne seront jamais données: ce qui est dans la tête reste caché.

    Il est un temps rassurant de rentrer dans la salle, mais ensuite tout semble devoir encore se dérégler. Sons volontairement mal maîtrisés, corps décalés, les mamies investissent la scène, considérations sur l'âge des articulations, démonstrations et contrebasse maltraitée, apparaît une femme à l'oeil noir, jeune mais dans une robe démodée, les mamies se déchaînent et nous-même ne savons plus sur quel pied danser. Échanges de rôles, des territoires troublants et ruinés surgissent sur l'écran en fond de scène, qui se lève ensuite pour laisser place à un corps dérangeant et allongé.

    Après: peinture et verbe, la progression du discours échappe à toute rationalité. Mais-changement de direction- la suite se joue dans le registre de la beauté. Car hélas Claudia Gradinger est terriblement belle. Final dans la séduction, la sauvagerie, la virtuosité, et dans le classicisme même.

    Est ce dommage? Était-ce obligé ?

    Réponses plus tard peut-être.

  • Demandez le programme....

    Au programme cette semaine: Jan Lauwers au Theatre de la ville, et Claudia Gradinger au Centre Culturel Suisse.

    Jan Lauwers, car il faut bien aller au Theatre de la Ville de temps en temps, ou plus exactement car pourquoi ne pas y aller quand on a réservé un an auparavant. En se promettant quand même de ne pas forcement partir avant la fin.

    Et pourquoi pas Claudia Gradinger, et parcequ'au Centre Culturel Suisse, il y a rarement dans le public plus de 30 personnes, ce qui sera trés reposant aprés le Theatre de la Ville.

    Quant au fond... réponse dans quelques soirées.