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danse - Page 38

  • Môh Aroussi: buto schubert ?

    S'agissant d'art, faut-il tout essayer? C'est nécessaire, vital, salutaire, courageux évidemment. 

    Pour autant, Schubert et le buto sont-ils fait pour se rencontrer? Le seul moyen d'en juger est de voir "La jeune fille et la Mort".

    Mais le dialogue a-t-il seulement lieu? Est ce art organisé d'un coté, et organisation du chaos de l'autre? Deux émotions qui s'ignorent? Pourquoi se surprend-t-on à ressentir que les moments les plus remarquables ceux qui sont "en marge", des moments incertains, tel celui où Moh Aroussi- au physique si remarquable- tombe, tombe et retombe encore, tel celui, interminable, où sa partenaire emmêle d'un peigne ses cheveux? Schubert est un peu oublié, et la musique également, à l'exception des ponctuations libres, et précieuses alors, du seul violoncelliste? 

    C'est "La Jeune Fille et La Mort" tous les mercredi jusqu'à fin décembre, par le Quatuor Bedrich, Moh Aroussi et Valentina Miraglia, à l'Espace La Comedia.

    Guy

  • Blanche Neige et le sexe explicite: toute la vérité

    On s’est engagé hier à tout dire sur SNOW WHITE d' Ann Liv Young, au Théâtre de la Bastille, et sur les raisons de l'interdiction de ce spectacle aux mineurs.

    medium_reportage_02.jpgTout dire. 

    Sans rien cacher.

    Donc disons tout.

    Avec objectivité, avec déontologie, avec méticulosité.

    Dans le fichier texte qui suit sont décrites de manière trés explicites des actions à vocation artistiques exécutées en direct par des danseuses sur la scène du Théâtre de la Bastille devant le public, et qui reproduisent à l’identique certaines pratiques sexuelles, ce qui nous oblige à déconseiller-à défaut de pouvoir en interdire l'accés- la lecture de ce texte aux mineurs de moins de dix huit ans, ainsi qu’à toutes les personnes que de telles descriptions pourraient offenser en raison de leur sensibilité, de leurs convictions, de leur histoire familiale et personnelle, de leur orientation sexuelle ou de leur religion.

    Les personnes qui, aprés avoir pris connaissance de cet avertissement, décideront de lire ce texte, sont priées de cliquer sur les liens lignes suivantes, et s'engagent d'avance à ne pas rechercher la responsabilité du rédacteur si elles estiment par la suite avoir subi un préjudice moral ou psychologique du fait de cette lecture. 

    Tous_les_details_sur_la_scene_de_sexe_de_SNOW_WHITE.2.doc 

    On espère qu’après ces descriptions on aura autant de visiteurs sur ce blog qu'il y avait hier de spectateurs au Théâtrede la Bastille. En tout cas on aura été aussi prudent que le Théâtre.

    Ceci posé, si l'on s'efforce ne pas considérer uniquement l'aspect "sexuellement explicite" du spectacle, sans en pouvoir84738235f0dc018a690337d4bc802382.jpgs'en abstraire non plus, car il est consubstanciel à la pièce, il faut bien admettre que, pour une fois, le Monden'avait pas tout à fait tort. Même si c'est sûrement pour de "mauvaises" raisons! Il nous reste la seule consolation de donner tort à Libération.

    C'est tout de même plus court et distrayant qu’une performance de Vera Mantero, mais il n’y a pas grand mérite à ça. Les thèmes que l'on peut exploiter autour de Blanche-Neige sont quand même riches et variés, on se souvent avec fascination d'un "Cas Blanche Neige" vu l'an dernier.

    Mais tout est ici considéré à travers la longue-vue souvenir de Disneyland, même reconvertie en godemiché. Ann Liv Young reproduit à l’identique, avec les apparences de l'enthousiasme et sans suggérer le moindre recul critique, les manifestations diverses de la sous-culture mondiale ambiante: chansons populaires, objets populaires, danses, récits naïfs ou familièrement pornographiques. Est ce une démonstration par l'absurde?

    Les jouets de grande consommation jonchent la scène. Le fameux sex-toy introduit plus tard en est une déclinaison adulte, en voie de banalisation. Blanche Neige hurle "Le Lion est Mort ce Soir" en boucle, à s'en ruiner les cordes vocales (notons qu'elle chante en français, ce qui est plutôt courtois pour l public), comme un credo naïf. Le vocabulaire chorégraphique semble emprunté aux clips des chaînes musicales 15-25 ans. Heureusement soutenu par une energie néo-punk primale, le sol martelé à grands coups de godillots, l'air brassé par de martiaux mouvements d'avant bras, style qui s'accorde d'ailleurs assez bien avec la physionomie plutôt robuste des interprètes. De l'exagération, de l'audace- on  fera crédit à A.L.Y. de ne pas être si audacieuse et de de ne pas s'engager si physiquement dans son projet par seul opportunisme et besoin de promotion. Mais toujours pas de distance entre le sujet et la représentation, pas d'enrichissement du sujet, peu de plus value artistique. 

    Posez-les toutes trois sur un char, vous aurez presque un spectacle chanté et dansé pour une parade de Disneyland, à quelques détails prêts. 

    Avec moins de détails à changer qu’on pourrait le penser.

    c'était Snow White d' Ann Liv Young , au theatre de la Bastille

    Guy

    P.S. : A lire, le point de vue-infiniment plus enthousiaste!-de JD

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  • Ann Liv Young: Blanche Neige sous surveillance

    On est prévenu.

    Mais de quoi au juste?

    C'est que le Théatre de la Bastille a diffusé, par courrier envoyé aux abonnés et par affichage sur son site internet, un  communiqué hors du commun, concernant "Snow White" d'Ann Liv Young.

    medium_Ann_liv_Young.jpgCe texte est si remarquable qu'on le reproduit ici in-extenso: "En l'état actuel du travail, nous vous informons que le spectacle comporte des scènes explicitement sexuelles, qui nous obligeront, au regard des réglementations, à en interdire l'accès aux mineurs de moins de moins de dix-huit ans."

    Tout à fait surprenant, et à plusieurs titres.

    Car ce genre d'avertissement est très inhabituel sous nos latitudes. Seules quelques rares salles de spectacle prennent l'initiative de renvoyer le public à ses responsabilités- mais sans rien interdire- en avertissant ce public de scènes de violence ou de nu. Qui, de manière générale '"peuvent choquer certaines sensibilités". Ces scènes ne sont pourtant pas rares dans les spectacles qui se définissent comme contemporains. Depuis la polémique d'Avignon d'il y a deux ans, on ne peut plus faire semblant de l'ignorer. Encore que... Mais n'anticipons pas.

    Cet avertissement surprend d'autant plus qu'il émane du Théatre de la Bastille, où sont présentées chaque saison des productions- de J.M. Rabeux et bien d'autres- plutôt moins qu'ailleurs pudibondes. Devant un public, d'après nos quelques souvenirs, toujours adulte du premier au dernier rang. Mais peut être les scènes les plus audacieuses de ces spectacles passés n'étaient elles pas vraiment "explicitement sexuelles"? Peut être existe-t-il des critères techniques et objectifs pour en décider? Un code Hays du spectacle vivant?

    Car quelles sont au juste les "réglementations"derrière les lequelles s'abrite le Théatre de la Bastille pour expliquer cette interdiction aux mineurs? A notre connaissance, ces reglementations, évoquées par ce pluriel si vague, n'existent tout simplement pas, en matière de spectacles de danse ou de théâtre. Qu'on le déplore ou qu'on s'en félicite. Liberté artistique contre ordre public: score 1-0. Ou plutôt victoire par forfait, l'ordre public regarde ailleurs. Et laisse en paix "l'élite culturelle", se livrer en paix à ses distractions habituelles.

    Pourquoi la direction de la salle ne reconnaît elle pas alors ouvertement que cette décision -justifiée ou non- est la sienne? Non, elle se dit "obligée".

    Evoquer enfin "l'état actuel du travail "est délicieusement évocateur. comme quoi l'art vivant est un monstre imprévisible, incontrôlable. On imagine l'organisateur qui observe les répétitions par l'entrebâillement de la porte, et ce qu'il a cru voir, et qu'il n'ose évoquer- des scènes "explicitement sexuelles" en tout cas- justifie d'en protéger les mineurs. S'il se garde bien d'intervenir sur l'objet en lui-même, au moins peut il en contenir l'exposition.

    Quoiqu'il en soit,la journaliste de Liberationest, elle-aussi, venue aux répétitions. Et en est ressorti suffisamment intéréssée pour en rendre compte dans son édition de lundi dernier, le jour de la première On nous promet du cru, on apprend que le travail est toujours en cours, que tous les objets présents ne seront pas retenus- c'est assez suggestif- et que la chorégraphe, bien qu'américaine, est opposée à Bush: on respire.

    Est ce à la suite de cet article, que la billetterie est "prise d'assaut" selon Le Monde, paru deux jours aprés?

    La journaliste du Monde de nous expliquer qu'Ann Liv Young est "complètement inconnue en France", qu'elle n'a que  25 ans, que le spectacle ne dure que 40 minutes- qu'il "tire vers le bas". Et que d'alleurs la "minute sexe (...) risque" -c'est un brin contradictoire- de "frustrer ceux qui sont venus pour ça".Et qu'en plus Ann Liv Young chante faux. Tout donc pour dénier à la chose la moindre valeur artistique, avec une instance qu'on commence à trouver suspecte. Punition?

    Et surtout, la journaliste de deviner chez l'équipe du théâtre: "un malaise (...) et pas mal de suspicion sur les mauvaises raisons du succés d'une pièce avant même la première."

    Diable! C'est sûrement au "Monde" de nous expliquer quelles sont les "bonnes" raisons et les "mauvaises" raisons d'aller voir un spectacle. Celà donne envie de relire avec un nouvel oeil les critiques passées du Monde, relatives à d'autres spectacles que l'on pouvait sans doute juger audacieux. Peut-être la première de ces mauvaises raisons est elle de lire "Libération".

    Mais, pour revenir au tout début, pourquoi, cet avertissement diffusé par le théâtre?

    Le "Théatre de la Bastille"a-t-il du refuser des inscriptions en masse de bambins innocents, abusés par le titre, révant de douces princesses? De mamies chevrotantes, pressées de fêter d'avance Noël avec leurs petits enfants?

    Et pourquoi ensuite cette polémique?

    Alors que les acteurs et actrices des pièces de Rodrigo Garcia, pour ne prendre que cet exemple, peuvent uriner nus sur la scène de la Cité Internationale, sans faire retentir un tel écho. Est ce parce que l'attention s'est focalisée dés le communiqué du départ sur le coté supposé scandaleux de la chose, qu'on ne peut désormais ne parler que de cet aspect? Et que tout le reste est inaudible désormais? Et jugé à cet aune ? Le sexuel s'est manifesté avant l'artistique, au lieu d'avancer sagement dans son ombre. Dangereuse impolitesse!

    Ou peut-être les nouvelles icônes culturelles que l'empire Disney s'est appropriées sont-elles devenues aussi intouchables que les icônes religieuses d'autrefois? On peut se le demander en lisant cette réaction indignée.

    Ou alors, montre-t-on vraiment sur la scène de la Bastille des actes sexuels qu'on ne saurait montrer ? Et explicites, à un degré insupportable?

    On le saura surement ce soir.

    Et on dira tout demain....

    Tout !

    Guy

  • Salut les filles

    D'un malabar rose géant émerge une femme nue, qui se transforme en Jeanne d'Arc un peu plus tard, mais telle qu'on ne la verra surement jamais au T.N.O., puis encore des signaux qui clignotent violemment, une esclave enchainée, un drapeau qu'on agite, du feu, une épée, une tête qui gonfle, des personnages menaçants, un homme coiffé d'un haut de forme....

    medium_file_47_heygirl2.jpg

    Images chic et choc, trés plastiques. Plutôt metalliques à la réflèxion. 

    Mais que met-on en jeu au juste, ce soir, sous nos yeux? La lecture du livret ne nous sera d'aucune aide pour trouver un début de réponse. On y apprendra quand même que les hotesses d'accueil sont habillées par Agnes B.

    C'est brumeux, au sens propre d'abord, et lent, trés lent, et même plus lent encore, mais pourquoi pas.

    Oublions le sens: pas le choix. Au moins comprend on qu'au delà des images, c'est le regard sur ces images même qui est mis en scène. Mais l'on ne garde que cette question en mémoire, le théâtre a-t -il encore besoin de sens pour exister? Alors qu'il y a bien longtemps que l'on a dispensé la danse du devoir de narration.

    Reste la manière: Romeo Castelllucciest un illusionniste doué, ni plus ni moins que cela. Et un fieffé menteur, bien sur,lorsqu'il prétend que sa création part "d'une amnésie essentielle du théâtre".

    Tout est trés professionnel au contraire, bien construit et réglé, avec beaucoup de moyens et de budget, maitrisé, savamment dosé, avec de l'attente et des surprises, impeccablement technique, des lumières aux effets spéciaux, des explosions aux pleurs. 

    Ce n'est pas rien alors que d'autres- tels Vera Mantero- deconstruisent jusqu'à la forme.

    Beaucoup de savoir-faire, mais au service de quoi?

     Hey Girl ! c'est au Theatre de l' Odeon Ateliers Berthier, jusqu'à fin novembre.

    Avec le festival d'automne encore

    Guy 

  • Vera Mantero: 1/10 (pour les costumes)

    Dieu  est decidement tendance en novembre. Avec ce soir: "Jusqu'à ce que Dieu soit détruit par l'extrême exercice de la Beauté"

    Pourquoi pas...

    Mais après ce qu'on a vu ce soir, on peut être rassuré (ou déçu): Dieu a encore de beaux jours devant Lui. A moins que Dieu Lui-même puisse mourir d’ennui. 

    A en croire certains, Dieu aime par dessus tout les enfants et les faibles d’esprit. Dans ce cas, il peut se réjouir en observant les activités d’école maternelle auxquelles se livrent Vera Mantero  et ses invités. Cela s'appelle "le chef d'orchestre". L'un des six bienheureux- ils sont tous assis en rang d'oignon- prononce une syllabe et puis une autre après, et chacun d'ânonner la phrase à sa suite- une généralité comme tirée d'un manuel d'anglais pour touriste pressé- et de mimer avec lui. Si vous vous ennuyez, ne vous reste qu'à deviner qui a parlé le premier.

    Et sur scène, quand on se lasse, on bouge les chaises. Et après on recommence, puis on re-bouge les chaises encore. Autour d'une météorite géante, posée là sur la scène, sublime forcement.

    C'était Jusqu'à ce que Dieu soit détruit par l'extrême exercice de la Beauté" au Centre Georges Pompidou - est il vraiment besoin de le préciser?

    Avec la bénédiction du Festival d'Automne à Paris.  Demain soir à nouveau, et encore le soir d'après.

     object width="425" height="355">

  • Inbal Fichman: buto casher?

    "Je suis Japonaise", dit-elle...

    Pourtant Inbal Fichmanest israelienne. Même quand elle bride les yeux, en quête d'un ailleurs, d'une nouvelle identité.

    Mais israélienne en premier lieu, de tout cet héritage, pas vraiment facile à porter. En témoignent ces symboles qui marquent la peau: l'étoile de David d'abord, mais d'autres aussi qui évoquent les drames indicibles. Il faut alors solliciter toutes les ressources de la danse, du buto, du mime, du chant, du théâtre d'objet, pour traiter le sujet, ainsi mis à distance, et rendu supportable, d'une transformation à l'autre, en en gardant intacte l'émotion.

    C'est évidemment passionnant. c'est inévitablement étrange, c'est bien sur émouvant. Peut-être sommes nous tous des juives nipponnes dansant à Paris, déchirées entre notre passé, notre vecu et notre imaginaire. Essayant de nous rappeler qui nous sommes, et attirés par l'Autre et sa culture, dans les salles de spectacle en premier lieu.

    C'est à l'Espace Falguière, jusqu'à mi novembre.

    Guy

  • Moeno vers le Ciel

    Il fut un moment, très particulier, et jamais ressenti jusque là, où peut-être toute la beauté de cette pièce se concentrait soudain, quand Moeno s'était relevée, étirée, et a tendu le bras, la main, le doigt, le regard s'envolant au delà, trés loin.

    C'était "Proserpina et la mort", dernière -jusqu'à l'an prochain ?- des étapes de ce Project Ovid à Paris, c'était toujours toujours au même endroit.

    Guy

     

  • Moeno Wakamatsu: voyage aux enfers

    Comme chaque fois que Moeno Wakamatsudanse, c'est un chemin lancinant qui est tracé, accidenté, avec des suspens de douleur et d'épuisement, mais sans retour en arrière. Jusqu'au bout. Un voyage toujours, tragique mais jamais le même. Ce soir la cour de la "fondaction medium_Moeno_20BV.2.jpgBoris Vian", au delà des grandes portes-fenêtres, devenait la scène. Dans cette cour, mort peut-être déja, Orpheus gisait, chairs meurtries contre la pierre. Le voyage de ce soir était celui d'Orphée aux enfers, le retour d'Orphée sans doute, Eurydice perdue deux fois, Orphée rubans aux pieds, à l'extrémité une lourde pierre à traîner.

    Peut être la plus grande beauté de cette danse réside-t-elle là, dans un intense et impossible équilibre sur une seule main et sur la seule pointe d'un pied, un effort continu qui engage tout le corps, et l'âme. Ou dans une chute. La chair éprouvée contre le sol rugueux.

    Aprés un maitre - Masaki Iwana- pour invité la semaine d'avant, cette fois une novice (une élève ?): Noura Ferroudj. Elle résoud vite et trés radicalement l'épineux problème du costume de scène. Mais même encore habillée des "Z'ailes du désir"il lui reste toujours ces cordes-souvenir de rite Shinto ?- qui l'étranglent, elle comme nous comme vous et comme chacun, ces maudites cordes dont il faut prendre le temps un jour de se libérer.

    Pièce structurée en pyramide: ascension-paroxysme-descente, rien de ce coté qui ne surprenne. Et en effet c'est joli, ainsi que l'accompagnement boisé de clarinette, les amples mouvements qui s'offrent, les beaux effets de lumière rasante sur le corps presque allongé. Tout cela est joli, comme une rêverie étrange, même un peu acidulée, même parfois un peu agitée. Aux acres parfums du moyen-orient. Tout cela reste encore sans doute en deça des ambitions du projet. Rien n'apparait vraiment tragique, encore. Le corps est là, mais un corps ne laisse pas deviner cette tension qui recule les limites de la danse. Un corps nu mais qui semble plus serein qu'inquiet, qui se met en jeu entier, généreusement, mais sans oser le hors jeu. Mais il est vrai: on avait vu Moeno avant.

    Quoiqu'il en soit mercredi prochain Noura Ferroudj s'envole à nouveau- encore plus haut peut être- au même endroit -Boris Vian Cité Veron - un indice: c'est à coté du Moulin Rouge-, et avec bien sur Moeno, métamorphosée en Dryoped' Ovide à nouveau.

    Guy

  • Une + deux

    On préfère, et de loin, Perrine Valli une fois qu'elle s'est débarrassée de ses poètes suisses, libérée de la poésie et du bruit. Pas tout à fait, car en raison de l'isolation très approximative des différentes salles de Mains d'oeuvres, il fallait ce soir un peu d'efforts pour imaginer le silence autour d'elle. Donc pas de musique, pas d'effet d'éclairage non plus, des habits d'un noir digne et discret, autant de manières de signifier d'entrée que l'on se situait ce soir dans l'austérité.

    medium_perrine-vali.jpgPour une danse lente et prés du sol, à la rigueur toute géométrique, l'émotion contenue dans les yeux, et l'abandon de certains glissements. Interrogative aussi: les bras et jambes se transforment obstinément en aiguilles d'horloge pour ébaucher la mesure d'un temps rêveur et intime. Ici les équilibres et arrêts, tels ces brèves pauses face au public, pudiques, énigmatiques, prennent presque autant de valeur que les mouvements qui les lient. Économiques, presque jusqu'à l'agacement.

    La pièce est courte, comme encore ébauchée. Elle laisse peut être un peu sur sa faim, à force de dédaigner crânement tous les effets faciles. Mais l'artiste est très jeune, et son histoire-on le pressent et on l'espère- en est à ses tous débuts. Et de ce premier essai on oubliera juste le titre: "Ma cabane au Canada".

     

     

    Cette soirée découverte nous projetait ensuite, sur le plan de l'esthétique, à des années lumières de cette première partie sobre et introspective, en compagnie alors de Myriam Lefkowitz et Lise Casazza ( Cie Débribes). 

    Pour atterrir d'abord dans un baquet en compagnie de l'une des danseuses, inanimée. Pourquoi donc un baquet? Était-ce pour lui permettre de s'en extirper, toute nue sous son collant transparent, et bientôt sans collant du tout? C'était une raison aussi valable qu'une autre après tout.

    "Et alors, qu'est qu'elle devient" ensuite, après cette naissance de Vénus, et une fois un peu rhabec1e8e457d7b464bd6816ebd4a5eb8f7.jpgillée? Sa partenaire l'a rejointe, fébrile, et l'on comprend alors de quoi ce soir il s'agit: ces deux personnages sont très intéressés l'un par l'autre, et auront fort à faire pour se découvrir mutuellement.

    Elles se livrent pour celà à une chorégraphie dynamique et inquiète, ni brouillonne ni confuse pour autant.

    Maquillées en miroir, amantes ou jumelles, ou les deux à la fois, elles s'approchent l'une de l'autre, énervées, se croisent, se frôlent se heurtent, se considèrent, se touchent, se tâtent, se caressent, se maltraitent, s'agrippent par les plis de la peau et des vêtements, évoluent ensemble ou parallèlement, enlacées ou entravées l'une à l'autre, échangent les rôles, se soulèvent et se portent l'une l'autre et se laissent tomber brutalement. Tension, doutes, medium_debribes_2.jpgémois, ruptures. Malgré l'humour sous-jacent, plus de stupeur que de sensualité dans tout cela.

    Autant dire que jusqu'au moment où elles retourneront choir ensemble dans le baquet originel, on n'aura guère eu le temps de s'ennuyer.

    Ni ce soir, ni demain soir encore.

    Guy 

    PS on a trouvé plein de belles photos ici  , site qu'on là lui-même trouvé sur ce portail là

     

  • Les histoires d'amour finissent mal (finissent mal, mal, al..)

    Les histoires d'amour finissent mal, en général, et ce depuis que le Monde est Monde. En tout cas depuis bien avant la chanson, depuis les Métamorphoses d'Ovide (43 avant J.C - 17 aprés J.C.) , au moins.

    medium_fond_echo.jpgSurtout quand l'histoire est unilatérale, telle la passion d'Echo pour Narcisse.

    Echo: "La nymphe qui ne sait ni se taire quand on lui parle, ni parler la première, la nymphe qui répète les sons".Echo, brûlée de désir, qui répète les paroles de Narcisse. Echo qui, rejetée par l'être aimé, se laisse dessécher, jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle que la voix, et les os sous la forme d'un rocher.

    Clémentine Baert joue Echo, elle chante et danse le rôle aussi. C'est beaucoup à la fois, et c'est peut-être trop pour ne pas toujours éviter de sembler, techniquement, maladroit.

    Mais au final elle est Echo, larmes aux yeux et émotion à fleur de peau. A cause de cela sans doute on se laisse attendrir, comme à chaque fois quand on écoute une telle histoire, même si l'histoire, surtout celle là, est un peu usée. Mais la ruse du théatre est de toujours nous faire croire à sa nouveauté.

    On se laisse donc attendrir malgré tous les partis pris esthétiques caractéristiques de ce théatre blanc, ce genre de medium_02-echo.jpgthéâtre qui considère dangereusement les mécanismes transparents de sa propre abolition. Le théâtre etait blanc ce soir. Mais malgré cela, Clementine Baert etait Echo.  

    Il existe un théâtre rose bonbon, robe de chambre de mousseline, escaliers roccoco, et répliques appuyées, pour les vieilles et les théâtres à l'italienne. Un théâtre rouge, teinté des obsessions scato-hémorragiques des nouveaux maitres flamands. Un théâtre gris, verbeux, qui montrent ceux qui attendent, qui rassemble tout le monde dans les brumes de l'ennui. Un théâtre noir aussi, des costumes aux rideaux, tragique, intransigeant, acéré, intense, acétique, tranchant, émacié, un théâtre de moines soldats.

    Ce soir le théâtre était blanc. Comme la scénographie, comme le fond d'écran et le tapis de scène. Aussi immaculés qu'un restaurant de Philippe Stark, ou un loft de Madonna. Avec quelques accessoires post modernes: torches-néons, guitariste live, panneau de plexiglass, voix off et projection video. On pourra en juger en video ici. Autant de signes censés tenir à distance l'émotion?

    Mais pas ce soir pourtant.

    A Mains d'oeuvres, et encore pour quelques soirs.

    Guy