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Pays-Bas

  • T.R.A.S.H. chapitre 2

    Quand vont-ils commencer pour de bon à s'abimer à terre, ou contre les murs? La pièce a commencé plutôt feutrée, d'une nervosité encore souterraine, mais on sait bien que cela ne durera pas, car on a vu Pork-in-loop des mêmes l'an dernier, ici 79f90021f87b1c776a830f787ba73cb7.jpgmême en Artdanthé. Donc on se tient sur ses gardes, pour ne pas se laisser surprendre à froid, sursauter au premier impact. Enfin: une chute, le bruit mat de l'impact. Après, des heurts à deux, des danseuses projetées....

    Quand même, on jugera vite la performance moins chocs et bosses que lors du chapitre précèdent. Ou s'habitue t'on? Objectivement, les crises de corps jouent ce soir plus coté malaise que brutalité, avec les anti-depresseurs plutôt qu'avec la testostérone. Ce soir l'agressivité se retourne en dedans, déborde vers l'autre juste par accès. La violence la plus constante reste celle infligée par la couleur de teinture de la danseuse rousse, le rouge à lèvres de la danseuse brune. Dans l'exécution de cette danse de l'absurde ou de la pathologie, par tensions, contradictions, mouvements nerveux, sauts maîtrisés, adresses au publics yeux dans les yeux et interjections en plusieurs langues, on retrouve à l'oeuvre le même vocabulaire, la même distribution (enfin il nous semble) que de dans Pork in loop. Et le même appui musical, structurant l'ensemble, aussi sage et maquillé classique que les danseurs semblent déjantés. Mais l'effet de surprise en moins. Ce serait pourtant injuste d'être blasé, tant les performances physiques impressionnent, à un niveau circassien. Tant tout est précisément exécuté, avec des mouvements d'ensemble rigoureux dans le débordement. Mais on se pose vite la question de l'articulation des deux pièces. Et-conséquemment- de l'utilité de celle qu'on est en train de regarder.

    Car de quoi nous parle-t-on? De l'âpreté des rapports humains? Des rapports de couple? De la sexualité? Les hommes s'affrontent ou s'éprouvent, l'homme porte la femme, une femme objet peut être, mais un objet à toute épreuve, en caoutchouc, anti-choc. Nous refait-on le coup du jugement dernier? C'est ce que laisse entendre la feuille de salle, mais qui donne surtout une bonne idée de ce que l'on obtient avec une traduction google du néerlandais vers le français sans que personne ne vienne corriger après. Nous parle-t-on de folie? Sans doute: les conflits se dépriment vite ou s'évitent, jusqu'à l'effondrement. Après l'excitation la dépression, l'exposé des pathologies. avec toute la gamme des stupeurs et tremblements. C'est à ce niveau de perception que la proposition se banalise un peu. On voit bien plus souvent sur scène angoisse et folie que bonheur et sérénité. Corps en crise, malades, névrosés. Mais, avec Alain Platel, Christie Lehuédé, Louise Bédard, et bien d'autres en passant par Piétragalla, c'est un terrain déjà beaucoup- et souvent trés bien- exploré. Si on changeait un peu ? On attend avec impatience, dans le même lieu, "La mélodie du bonheur" -rebaptisée Julie entre autres-version Hermann Diephus.

    C'était To File For Chapter 11 ♥♥♥ de Kristel Van Issum et T.R.A.S.H. , avec Tegest Pecht Guido, Lucie Petrusova, Alexandre Tissot, Guillherme Miotto, Yonel Castilla Serrano, José Agudo. dans le cadre du festival Artdanthé.

    Guy

     

  • T.R.A.S.H., l'art de la chute

    Au festival Artdanthé, les soirs se suivent mais décidément ne se ressemblent pas. La surprise ce lundi soir vient des Pays-medium_pork_in_loop.jpgBas. Mais plus rien à voir avec Rubens cette fois.

    L'accompagnement live a beau être retenu et acoustique-clarinette basse et violoncelle- l'inspiration est violemment contemporaine. Frénétique même, paniquée, hystérique, énervée. On ressent, dés les premiers instants tendus, que l'énergie sera le maître mot. Sans pouvoir encore se douter jusqu'à quel degré.

    La toute première chute, par sa violence laisse incrédule. Les suivantes aussi- bruits mats du choc des corps contre le sol- et ceci jusqu'à la fin, jusqu'au rire admiratif et nerveux. Portant à medium_trash_1.jpgson point d'exaspération ce commentaire radical, ironique, furieux de l'insupportable quotidien- qu'il soit amoureux, social, médiatique. Mis en évidence par quelques dialogues grotesques- le temps de laisser les corps éprouvés reprendre souffle, après s'être entrechoqués, avoir été renversés, projetés en l'air, précipités contre les murs.

    Rien de désordonné ni de bâclé dans ce jeu de massacre: c'est un langage chorégraphique résolument moderne et cohérent qui s'impose au regard par fragment et ruptures. Qui paradoxalement inspire une impression de rigueur et d'austérité, au delà de sa dimension provocatrice. Toute la différence avec des artistes tel qu' Ann Liv Young, qui bien que s'inspirant de thématiques voisines, en restent- faute de travail?- à une plate imitation du crétinisme contemporain. Rigueurévidente de la part des 7 performeurs, qui d'évidence doivent faire preuve d'une discipline digne des arts du cirque pour accomplir sans risques les prouesses physiques imposées. Avec tant de désinvolture affichée.

    medium_trash2.jpgC'est d'autant plus dommage, que- faute d'une scénarisation assez nette ?- toute cette énergie semble un peu trop se disperser, sans laisser dans notre mémoire, une fois la tempête passée, toute la persistance qu'elle aurait mérité de laisser. Pour que l'on garde vraiment alors le souvenir d'une performance d'exception.

    C'était Pork-in-Loop de T.R.A.S.H. ---dans le cadre du festival Artdanthe, au Vanves Théatre. Où nos voeux de dimanche dernier dernier ont été exaucés; une main anonyme nous a réservé durant la nuit une petite place en 2 dimensions et 24H/24H, sur le mur du fond...

    Guy

    P.S. du 15/2:on a donc inséré deux très dynamiques images capturées par Jean Michel Coubart,on est invité à s'étonner avec leurs 71 voisines, sur son site www.coubart.fr/jmcoubart/ , partie  http://www.coubart.fr/jmcoubart/ardanthe.

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  • Herman et Dalila

    Erika Zueneli, nous avait invité, il y a peu, à passer de l'autre coté du cadre avec Edward Hooper. C'est bien plus loin dans lemedium_Samson_and_Delilah_by_Rubens.jpg passé que nous devions remonter avec Herman Diephuis, pour y rencontrer Rubens et Jordaens, à en croire le programme.

    Il ne faut jamais lire les programmes. Ni les dossiers de presse. Ni la presse qui recopie les dossiers.

    Peut-être une fausse piste, cette promenade du coté des primitifs flamands, entrevus le temps de quelques poses dans un clair obscur distancié. Juste un prétexte, une judicieuse inspiration, un point de départ stimulant. Les personnages dès qu'ils s'échappent du tableau, n'en font qu'à leur tête. Dalila surtout, car Samson est un pantin, yeux gagnés par une panique muette, un jouet de chair et caoutchouc manipulé avec gourmandise et  affection par cette femme au corps de matrone. Un corps tel que celui de Dalila Khatir, on en voit rarement sur une scène de danse: le résultat est passionnant, et ceci écrit sans la moindre complaisance. De même qu'on l'entend rarement dans ces mêmes lieux une voix comme la sienne, à nous guérir de notre allergie au lyrique. Coté danse, la répétition des enchaînements se fait commentaire ironique- mais pourquoi le public de la danse ne s'autorise-t-il à rire que très prudemment? Le tout est aussi intelligent et froidement drôle que les dernières performances de Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna. Surtout totalement imprévisible, ce qui n'est pas si fréquent que cela, ouvert et surprenant du début à la fin.

    Cette conclusion, l'ancien testament (livre des juges, chapitre 16) ne nous donnera aucune clé pour la comprendre, tant mieux. Pas de tonte, ni de colonnes qui s'écroulent, mais simplement la plus tendre, la plus originale, la plus délicate des mises à nus que l'on se souvient avoir vu.     

    C'était "Dalila et Samson, par exemple" -♥-de et avec Herman Diephuis, avec Dalila Khatir aussi, dans le cadre du festival Artdanthe au Vanves theatre,où on se sent si bien qu'on voudrait s'y installer discrètement dans un coin, jusqu'à fin Mars au moins.

    Guy

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