Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lavoir moderne parisien

  • Nagège Prugnard: Femmes Fatales

    Si M.A.M.A.E était un morceau de jazz, il pourrait être signé Charles Mingus. Avec en fil rouge une pulsation obsédante et organique brisée par de e5e921eec1e6e9cff9c5c6bc3e220402.jpgsoudaines éruptions de stridences et de provocations, avec un humour féroce et politique, avec des impressions de sang, de larmes et de sueur, et d'un bout à l'autre, malgré des plages de réveries et de tendresse, un grondement de révolte et de colère. Un morceau hurlé à six solistes qui se soutiennent et se répondent. Un morceau traversé d'éclats modernistes et toujours techniquement maitrisé.

    La métaphore n'est pas gratuite: les mots s'installent et s'imposent d'abord par leur musicalité, portés par les six voix et à travers les six corps en soutien rythmique, pour six portraits de femmes dans tous leurs états d'urgences, d'excès et de dépendances. Sur tous les terrains de saturation des boulimies sexuelles, affectives, artistiques, consuméristes, politiques. Les six personnages, chacune différente incarnation de la femme portée à vif, recrachent par attaques verbales tout ce qui à l'intérieur fait mal, à en pétrifier d'effroi le mâle pris à témoin dans la salle. Le moment où est mise en évidence la violence que porte en lui le regard du spectateur-quand poussé à l'extrême de sa logique- n'est pas le moins dérangeant. L'exploit est qu'il y a ici toujours de l'audace, jusqu'au rire d'incrédulité, jusqu'à l'obscènité du verbe quand il le faut, mais sans jamais de vulgarités. Le mérite en revient à une écriture d'une belle pertinence, et à une réalisation sans gratuités. Qui s'allient pour mettre tout à bas de la convention théatrale, et reconstruire aussitôt.

    C'était M.A.M.A.E- Meurtre Artistique Munition Action Explosion   ♥♥♥♥  , de Nadège Prugnard, mis en scène par Marie-Do Fréval en collaboration avec Nadège Prugnard, avec Véronika Faure, Marie-Do Fréval, Sophie Million, Johanne Thibaut, Juliette Uebersfeld, Tessa Volkine, au Lavoir Moderne Parisien.

    Cet article  a été initialement mis en ligne le 18 janvier 2008, M.A.M.A.E. est présenté au théatre de la Bastille, aujourd'hui samedi à 18H00.

    Guy 

    P.S: Monoi est ici

     

  • Blandine livrée aux jardiniers

    Simple limace, pour une performance aussi simple en première apparence que de se laisser glisser molle et engluée le long de l'escalier face à l'entrée du L.M.P., une fois dépêtrée d'une bâche plastique. Est ce un chemin ou une chute? Pour devenir limace jusqu'au fond des yeux, d38eb6c6e82ffccb454c54aae57aeb5d.jpgdégorgée de la pensée humaine, jusqu'au bout de l'idiotie, des mots-bulles tentent de se former avant d'éclater aux lèvres. Sur le corps humide et blanc et sur le mur du fond sont projetées des diapos éducatives d'histoires naturelles. Histoire de rassurer? L'innocence d'avant le langage semble presque à portée de langue, d'avant la sexualité même, un hermaphrodisme placide s'affiche sous la forme d'un postiche naïf fixé sur les reins nus. La régression s'offre trés généreuse, effrayante et délicieuse, vers une grâce pataude en une reptation de bruits mous, slurp. La jubilation de la salissure s'exprime sans retenue, enfantine, sous une cascade de sauce tomate, le corps s'abandonne sans réserves à l'immersion intégrale dans le sel alimentaire, nourri d'oubli. Cette poésie naturelle est gluante et basique, aussi belle que posée sur une feuille de laitue.

    Mais l'utopie est par essence paradoxale, dés le début du projet, et les arrières pensées reviennent sans cesse au jour, humaines et civilisées. Le temps d'un mouvement d'une virtuosité pas si évidente, l'exigence de la danseuse se fait deviner sous le naturel placide de la limace. Les cinq ou six photographes très empressés n'ont rien de jardiniers, et posent par rafales des regards très avides et culturels sur la performance poisseuse. Un drap est dressé contre la porte de la rue, pour isoler des regards du dehors l'obscénité organique montrée sans censure aucune dedans. Une bulle de nature, remarquable, mais forcement acculturée, que la conscience perce dès son émergence. Le problème central de la performance reste le public.

    C'était "tracer sa route #3" de et avec Blandine Scelles des Koeurspurs avec le CRANE au Lavoir Moderne Parisien

    Guy

  • 4.48 Psychose: Sarah Kane assassinée

    Deux ou trois très longues minutes pour à peine commencer, à regarder les spectateurs d'en face, faute que le regard ne veuille vraiment se fixer sur les acteurs plantés au milieu de la scène. C'est déjà le temps de laisser un fantôme rôder. Celui de Sarah Kane (1971-1999), accompagné par l'écho obsédant de la même pièce: 4.48 Psychose, vue dans le même lieu, il y a un an ou deux. La pièce était alors mise en scène par Bruno Boussagol et c'était l'une des plus belles choses qu'on ai vues au théâtre.

    Mais ce soir hélas tout embarrasse: raideur et récitation monocorde. Le refus des conventions scéniques, de toute incarnation, tourne court faute d'intention convaincante. De la radicalité éventée. Le texte de Sarah Kane est ce soir découpé en morceaux entre trois récitants. Blanc, atone, sans enjeu, désincarné. Alors qu'on se souvient du souffle de l'actrice qui il y a un an expulsait d'elle ce texte comme un râle de souffrance, jusqu'au déchirement. Un ultime appel à l'aide que la logique psychotique d'avance mine.

    Ce soir des déplacements sans rimes ni raison. Au tout prendre le plus intense: les ampoules, qui s'allument et s'éteignent, comme des eclipses de la conscience. Alors que l'on ne peut oublier la vision de Nouche JOUGLET-MARCUS dos allongée sur une table pour y jouer quand même, et une heure durant. Avant la mort, le renoncement au mouvement. C'était un postulat de mise en scène d'une rare audace, mais terriblement pertinent, l'exposition clinique d'une chair pitoyable que l'esprit déja abandonnait.

    Ce soir la pièce s'anime vaguement sur la fin. C'est un injurieux contresens alors qu'est évoqué le suicide du personnage, et celui de l'auteur. Alors qu'on est encore gagné par le frisson qui il y a un an agitait le corps à l'abandon, après un dernier passage par le noir, avant le basculement dans les ténèbres.

    C'était 4.48 Psychose de Sarah Kane, ce soir mis en scène par Jean Antoine Marciel - Compagnie Oghma, au Lavoir Moderne Parisien.

    Guy

  • L.M.P. : Limite Manip' à la Petition ?

    On s'était mobilisé ici même le 2 janvier à la nouvelle de la fermeture du Lavoir Moderne Parisien. Fermeture injustifiée, et définitive d'après ce qu'on avait compris. On a appris depuis que le L.M.P. avait rouvert, et serait hors de danger: c'est une excellente nouvelle.

    On a été en revanche très étonné d'apprendre que le 30 décembre le L.M.P. avait reçu de la préfecture une décision de fermeture pour une semaine, et non définitive. C'est tant mieux, mais ce n'était pas du tout ce qui ressortait du mail qu'on avait reçu alors du L.M.P.:

    mail_LMP_du_30_12.doc

    Encore plus fort, en relisant un mail précédent et passé inaperçu, on a découvert que le L.M.P. avait décidé-avant la notification de la préfecture- de fermer de toute manière durant cette semaine là, "pour congés annuels":

    MAIL_DU_LMP_du_29.doc

    La vérité est donc que le L.M.P. n'a jamais été fermé, sinon de manière symbolique, administrative, virtuelle. Mais très médiatique.

    On a donc écrit le 14 janvier au L.M.P. pour qu'ils nous aident à comprendre. On a écrit une seconde fois. Et puis une fois encore. A ce jour sans succès. Chacun en tirera les conclusions qu'il voudra. On restera pour notre part avec l'impression très nette d'avoir été, avec beaucoup d'autres- manipulé. Le L.M.P. peut dire merci à la préfecture de police, il a bénéficié d'une belle opération de victimisation, indolore mais aux fructueuses retombées: Le Parisien, Le Monde, Libération. et France 2 manipulé aussi. Question plan média, les policiers sont plus efficaces que les attachés de presse.

    Pour en savoir plus, on est retourné sur le site, et on a y visionné un reportage vidéo dégoulinant d'autosatisfaction, avec des personnages qui s'enivraient de mots et de bonne conscience. On a été saisi de nausée en y voyant un ex-ministre y présenter ses voeux à l'occasion. Rien de personnel, et peu importe son étiquette politique: c'était juste obscène de voir un candidat aux présidentielles faire campagne dans un lieu artistique où on aime aller. On venait enfin de comprendre quel était le vrai sujet de toute cette performance.

    A ce spectacle très mauvais, on préférera ceux- passionnants- que l'on peut voir dans leur salle. Entre autres Kataline Patkai début mars. Pour le reste on les laissera se pétionnner en rond et sans nous.

    On se devait de préciser cela, par honnêteté pour nos quelques lecteurs, mais on jure de passer désormais à des sujets plus intéressants.

    Guy

    P.S. du 25/01: pour ceux que cela intéresserait encore, ci aprés un mail reçu hier seulement:

    "Bonjour Guy,

    Je suis désolé de répondre si tardivement à cette demande car cela mérite quelques précisions.
    en effet, lorsque j'ai été informé de la fermeture du lavoir et de l'olympic-café j'ai envoyé immédiatement une information par mail avec ce que je disposais comme information. Ensuite, j'ai complété l'information sur le site avec la durée de fermeture et la date de réouverture.

    Merci pour votre soutien.

    Cordialement, Hervé Breuil.

    En ce qui nous concerne, on a clos le débat. 

     

  • L.M.P. : encore un soir et puis plus d'autres?

    L'Olympic Café, où l'on avait vu Marteau Rouge et Maki Watanabe, ansi que la salle jumelle, le Lavoir Moderne Parisien,font l'objet d'un arrêté de fermeture administrative, notifié par la préfecture de Paris.

    Fermeture motivée par des peccadilles, d'après ce qui est expliqué sur le site. On ne sait pas s'ils font trop de bruit, ou s'ils ont le droit de vendre de la bière ou non, mais on a une petite idée de tout ce qu'ils offrent, soirée après soirée, question danse, musique, théâtre. Et on sait qu'ils sont les seuls à le faire, là où ils le font.

    Communiqué et pétition en ligne ici

    Guy