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  • Pas froid aux yeux

    Tirée à quatre épingles, on lui donnerait le bon Dieu sans confession... avant qu'elle ne déchaine toute la force de ce monologue frénétique et sacrilège, à classer triple X. L'affaire a commencé en douceur. Le phrasé de Stéphanie Aflalo est millimétré. Fausses hésitations et silences calculés qui sèment le trouble, petites ambiguïtés, légers abandons. Il faut cela: le texte de Georges Bataille est à contenir avant de le libérer, un torrent à canaliser pour en garder tout le débit. Et il arrivera un beau moment où la comédienne se laissera de tout son corps chavirer, portée par la violence érotique ainsi libérée. Maitrise de la distance dans le jeu, ce sera drôle aussi: tout le joyeux et le grotesque de ce récit obscène, et donc aveuglant, est mis à nu, par les excès mêmes de ses transgressions. Stefanie Aflalo remet du beau désordre dans Bataille.
     

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    Histoire de l'œil d'après Georges Bataille par Stéphanie Aflalo, vu à la Loge le vendredi 19 mai 2017.
     
    Guy
     
    photo (droits réservés) avec l'aimable autorisation de la Loge
  • Ici d'ailleurs

     
    La musique souffle où elle veut, migre du Brésil à l'Uruguay, s'envole de Londres aux clubs de jazz new-yorkais. Elle nous en revient métissée, pour se poser juste le temps d'une soirée ici entre amis, riche de rythmes d'ailleurs et de mélodies partagées. Elle transporte odeurs et souvenirs, du pianiste Horace Silver qui évoque son père venu du Cap Vert, des lendemains de carnaval à Rio, des mélancolies milongas et tangos. La guitare danse, la voix se lève et le sax nous caresse. C'est tout sauf une musique de salon, même si jouée en appartement, mais une musique qui nous ouvre pour parler ici avec ceux qui viennent d'ailleurs.
     
     
    Gianfranco Grompone (sax tenor), Javier Pizzaro Cerda (guitare) , Carolina Parodi (chant), chez Marie B. le 20 mai 2017.
     
    Guy
     

  • Eclairages

    La lumière renoncée, comment ce corps sur scène nait-il à notre conscience? Il se fait deviner, dessiné d'ombres, fractionné dans cette obscurité presque parfaite. C'est la partition musicale, toute en tension, qui en continuité l'entoure, qui tout du long souligne sa présence. Ce corps s'impose dense pourtant, beau et puissant. Avec une chair masquée de noir même, que soulève une respiration souterraine, en des poses essentielles. Pré-historique,cette femme mue ou nait. Le solo est grave et sobre, entêté. Il suscite en moi des pensées obscures et étonnées, mes mots posés à l'aveugle sur le carnet se perdent. Indéchiffrés. D'où elle est, la danseuse nous voit-elle distinctement tenter de la deviner?
     
    Mais je ne vois rien ou presque de la proposition suivante, aveuglé par une lumière stroboscopique et vive, je le regrette. L'instinct de survie l'emporte: je ferme les yeux. Il y a là peut-être, à terre, un personnage nu et innocent, grandissant dans le cocon de nappes sonores qui vont et viennent.
     
    C'était Palimpseste 17 4, aventure electro-acoustique avec Capture de Maite Soler (Danse) et Florent Colautti (musique), et Essor mélancolique de Denis Sanglard (danse) et Blas Payri (musique), au théâtre du temps.
     
    Guy
     
  • Folk Dance

    Les peaux de bêtes ont la respiration profonde, la mémoire longue. En émerge un corps qui revient de loin, nourri des traditions. Prêt à toutes les insolences et métamorphoses. II lui faut d'abord se prêter à un rite de passage, se grimer de noir. Laurence Pages évoque l'esprit de la samba et du carnaval. Et ouvre le moment festif où tout serait permis, l'identité collective, le folklore ravivé. Pourrait-on la suivre, à son exemple oser se transformer? Ses mutations sont spectaculaires, son corps engagé, humaine et animale, prête à mordre ou griffer, ours ou bélier. Masculine ou féminin en sa semi nudité, lutteur moustachu et belliqueux, ou en sensualité débordante. Là où elle me trouble, c'est par ce balancement joyeux entre transe et connivence, comme une shaman d'occident.

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    Pour qui tu te prends de Laurence Pagès, vu en présentation professionnelle au Centre National de la Danse le 28 avril 2017
     
    Guy
     
    photo de Maïa Jannel avec l'aimable autorisation de la compagnie
  • De Tokyo à Paris

    Au rythme de ce soir je ne pourrai bientôt plus m'étonner de rien. Tout m'est délicieusement incongru.
    L'affiche est bariolée, surchargée de beaucoup de noms pour moi tous inconnus. Le festival entier est importé du pays 18010344_1384526504920175_2549349666346440660_n.jpgdu soleil levant, mais plonge coté obscur de l'underground. Attaque brute ce soir: le saxophoniste éructe free tandis qu'un couple se livre à une démonstration savante de Kinbaku. La femme s'élève encordée sur la musique groupe de jazz Cosmos report (allusion à Weather Report? Peut être dans son incarnation la plus sauvage). Et les propositions se suivent, variées, en sets de vingt minutes qui évitent de lasser. Jamais de ma vie je n'avais écouté du glam-punk japonais. Avec Sister Paul, ça c'est fait.18057678_1384524868253672_5998410155620722714_n.jpg Comme dans tous les duos électriques qui suivent, la batterie cogne binaire, avec une énergie revigorante et les amplis saturent. The Tug aussi décape les oreilles en structures basiques, Reiko Nagayama les apaise avec des accents folks, avant que Kokkei no door ne remette des décibels. je suis évidemment frustré de tout ce qui m'échappe, en néophyte, de ces expressions de (contre)culture, amusé de reconnaitre les avatars des courants musicaux anglo-saxon, du folk au rock, avec chaque fois une couche en plus. Est-ce un contresens de croire que ce plus est fait en grande partie d'extravagance, de fantaisie, de second degré? Mais 18336995_10210561621415227_1305883010_n.jpglorsque, sur la musique de Kuri, glissent des danseuses vêtues des peintures de Ibuki Kuramochi, pas besoin de traduction.
     
    C'est une soirée du festival Paint Your Teeth in Paris #2 (Festival japonais alternatif ) organisé par l'association Art Levant , le 21 avril au DOC
    il y avait cette soirée là :
    - film "precut girl" (Eric Dinkian avec Karin Shibata) + shibari (de l'école des cordes)
    - Cosmos report : free jazz + Niels Mestre (guitare élecrique) + shibari
    - Sister Paul : punk
    - Bonkichi (Reiko Nagayama) : folk personnel
    - The Tug : rock "garage"
    - Kokkei no door : hardrock "fantasy"
    - Ibuki Kuramochi + Kuri (accompagnement musical) + Léozane Wachs + Laureline Mialon (danse)

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    Guy
     
    Photos avec l'aimable autorisation de Sylvain Kodama