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espagne

  • Veronica Vallecillo: surveiller la chute

    C'est un travail en cours, qui court fébrilement et va se heurter avec énergie, mais déja très élaboré, en bordure de beaucoup de genres: tout 1771396240.2.jpgsemble se propager du centre, du regard de la danseuse, intense, hagard, fier, fiévreux? Un regard presque furieux, qui part en vol pour ne plus s'arrêter, on guette la chute promise dans le titre. Plutôt d'abord on est soi même assez secoué à force de remarquables vibrations: Veronica Vallecillo martèle sans relâche le sol de coup de talons néo-flamenco, et le cataclysme se propage irrésistiblement. La danseuse est vetue code noir baroque, bottines- mais sans ailes de géants-, trés dense, main peinte en rouge, poitrine en transparence gazée. On est déstabilisé aussi par, projetées sur le fond, des images de chutes et ascensions, d'immeubles qui défilent au vertical, vertigineusement. V.V., devant, vole par transparence. Pour la recadrer: deux personnages, d'abord à la vidéo et la batterie histoire de relancer la pulsation, V.V. en est alors projetée vers d'autres danses. Qui a dit Hip hop? Les assistants interviennent par la suite plus physiquement, pour contrôler ou aider l'artiste, on ne sait, c'est en tous cas entre eux trois un rapport intéressant, qui évolue ou dérive en un cérémonial curieux: les deux deviennent officiants d'un rituel inédit et un peu sulfureux: notre sujet toujours provocante et maintenant yeux bandés marche sur des têtes de plâtre, guidée par ses comparses courbés. Troublante encore, elle tombe plus tard , en passivité... mais c'est tout pour le moment, la suite parait il pour plus tard en Avignon. Frustrations!

    C'était une étape de travail de Solo sous surveillance, Alb'atroz II, le temps de la chute, par Veronica Vallecillo-Cie Anouchka Vallon , avec Uriel Barthélémi et Elise Boual, à Point Ephémère.

    Guy

    P.S. : et un peu de video ici

    photos de Veronica Vallecillo avec l'aimable autorisation de Myriam Martinez

  • La grande parade de Rodrigo Garcia et Mickey au Théatre du Rond Point

    Le public rit franchement, la première fois qu'un comédien apparaît nu sur scène.

    Le public rit très rarement, lors des trois longs monologues anti-consuméristes en espagnol du début. 

    Le public rit quand même, quand on voit pour la première fois le mot "baiser" en sur-titres sur le grand écran.

    Le public rit, quand les comédiens s'enduisent de miel.

    Le public ne rit pas, quand rentre la figurante, encore chevelue.

    Le public rit un peu, quand un des comédiens tond les cheveux de la figurante, il rit mais sans doute en réaction à des textes en sur-titres, relatifs aux dirigeants politiques et aux grèves.

    Le public ne rit pas du tout, quand un comédien plonge des souris dans un aquarium (Il vaut mieux être escargot avec Jesus Sevari que souris avec Rodrigo Garcia), et les repêche avant la noyade.

    Le public rit un peu, quand cette scène est interrompue, pour cause de panne vidéo.

    Le public rit aux éclats, quand un comédien et une comédienne minent nus un coit crane contre sexe.

    Le public rit beaucoup, quand apparait ensuite une famille entière de figurants pour monter en voiture.

    Le public rit tout autant, quand les comédiens plongent dans la boue.

    Le public rit, mais moins fort, quand on accroche par des fils des grenouilles à un comédien.

    Le public baille, lors du long monologue final, et la projection de films de parachute.

    Le public applaudit.

    Le public sort du théatre, sur les Champs Elysées.

    C'était la premiere parisienne d'Arrojad mis Cenizas sobre Mickey / Et balancez mes cendres sur Mickey de Rodrigo Garcia, avec Jorge Horno, Nuria Lloansi, Juan Loriente, et à la figuration le 8 novembre, Laurie-Anne Ivol, qui fait ce qu'elle veut avec ses cheveux, au Théatre du Rond Point, avec le festival d'Automne à Paris.

    Guy

    P.S du 11/11: A lire, Le Tadorne, Scenes 2.0, un air de theatre

     

  • Le 3° coup de minuit

    Il y eu les Récitatifs Toxiques.  Et après Epilogos, confessions sans importances. Et hier soir - mais il y avait-il un ordre? -  "Je te tue, tu me tues,  le premier de nous deux qui rira".

    Où l'on voyait pour une troisième fois Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna(Toujours aprés minuit) danser leurs crimes ordinaires.

    C'est une vraie prise de risque: à la troisième variation autour du thème, on commence à connaîitre son Max Aub sur le bout des doigts. Aucune facilité ici d'ailleurs, d'aucune sorte: rien de spectaculaire, aucun jeu primaire de séduction, pas de démonstration virtuose, et pas de bons sentiments. Pas de structure narrative qui s'imposerait à l'esprit non plus: mais des contrastes, des ruptures, un collage bout à bout de mots et de gestes. De quoi s'interroger dangereusement, dans le même temps qu'on y assiste, sur la nature même du spectacle. Sur sa propre situation de spectateur, et l'exigence que l'on se doit à soi-même. Mais le très modeste risque que l'on prend, coté public, on l'accepte bien volontiers: c'est en assistant un soir presque par hasard à l'extraordinaire "Rosaura" qu'on fût, brusquement, désormais, convaincu qu'on pouvait être plus que récompensé de sortir de chez soi. Pour découvrir des objets artistiques non identifiés dans ce non-genres là.

    Doute. Pour autant, est on devenu complaisant? Prêt à applaudir si ces deux là font du Mantero? Non, lorsque ce texte est dansé, il nous surprend encore, même à rebrousse-poil. S'expose en un déchaînement subtile et efficace, teinté plus de noir que d'humour. Du sérieux, et de l'imprévisible.

    Pour évoquer quand même un peu l'objet en lui-même, cette folie furieuse prend place dans une salle de classe- qui remplace le tribunal des Récitatifs Toxiques. Encore un lieu de répression et de normes, pour qu'elles soient bien sur transgressées, et le bel ordonnancement symétrique du lieu menacé. Sous le regard de ce personnage du fond, qui note scrupuleusement dits et gestes.

    On a rangera cela dans la catégorie théâtre, parcequ'on en a assez d'appeler cela de la danse. Et qu'on a assez des catégories.

  • Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna: elles tuent

    Elles osent tout, ces deux femmes, et elles ont terriblement raison. Mais sans jamais qu'elles en fassent trop, sans jamais qu'elles ne sonnent faux. Ne se glissent jamais là où on les attend, mais juste un peu à coté, parlent lorsqu'il faudrait qu'elles dansent, interrompent une phrase en français ou catalan pour entamer un pas de danse. Ou laissent la danse s'achever en un geste discret. Ou ne font rien du tout, sinon regarder et écouter intensément leurs musiciens jouer Biber (1644-1704). Avant de casser les violons. 

    Toujours jouer de tout en un mot. Brigitte Seth minaude et se tortille, en personnage de bourgeoise ahurie. Roser Montllo Guberna se suspend enfantine, puis glisse au sol et évolue, sur un mode doux-amer, fausse ingénue.