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performance - Page 3

  • Les mots de Mette Ingvartsen

    D'abord elle parle. De la salle. Dans un français impeccable. Mette Ingvartsen nous prend et nous installe ainsi dans sa thématique, ses récits. Le corps de la performeuse intervient en son temps, évidemment pertinent, intense objet au cœur de ce sujet de la pornographie. Mais les mots permettent- utile mise à distance- de ne rien s'interdire dans le champ choisi. En évitant les pièges de d'un sensationnalisme sans sens, ou de la trivialité. Il n'est pas vraiment besoin de définir ce qu'est la pornographie, mais la proposition de la chorégraphe permet de s'interroger sur ce que le phénomène véhicule, quels rapports de force il induit, entre merchandisation, moyen de libération sexuelle ou outil de domination sexué. Les mots de Mette Ingvartsen nous transportent des romans de Sade aux plateaux de films érotiques, ou sur le tournage d'un film de guerre. Ces mots habillent sa nudité, dessinent en instantané situations et costumes. Sans juger ou démontrer, ni militer ni limiter, mais juste par exemple nous laisser décider ce qui serait le plus obscène, entre un jet d'urine ou la description du sang versé par les armes. Aussi le corps, en maitrise et subtilité, exprime lui intense ce qu'il peut y avoir de dur et violent, de jouissif évidemment, mais d'ironique, de joyeux même dans ces déclinaisons. Il se prête crûment aux poses les plus éculées du genre, ou s'exalte en une danse pop débridée, se laisse percevoir dans toute sa vulnérabilité le temps d'un essoufflement... S'évade pour finir dans un espace fantasmatique, toujours ambigu pourtant.


     

    21 pornographies de Mette Ingvartsen , vu le 23 mars 2018 au Centre Georges Pompidou

    jusqu'au 24 mars

     Guy

     

  • En Bref

    A nouveau vient un moment qui n'est pas attendu. Parce que pour les participants il n'y a ce soir que peu de règles, ou même aucune, si ce n'est que d’essayer de partager une évidence, en quelques minutes seulement. Pile ou Frasq est une scène ouverte à la performance: pas de programmation mais un ordre de passage tiré au sort, pas de sélection mais juste des prises de risque. Entre leur urgence d'être au plateau et notre curiosité, se crée vite un lien, ou moins. Il y a des propositions plus "dansées", mais alors pour moi moins pertinentes, trop esthétiques, dans ce cadre, d'autres construites, d'autres immédiates, d'autres qui me laissent loin. D'emblée grotesque, Art is not fun du Didier Julius déclenche aussitôt l'hilarité, par un commentaire sur la performance en général et sur celle-ci en particulier. Coline Jofflineau entraine tout droit mais avec une belle lenteur Ombre portée vers la conclusion que nous anticipons: la disparition de la performeuse au profit d'un double de papier. Ma tendresse va tout particulièrement à Tilhmenn Klapper et We're breathe the shit of plants, je suis fasciné et réjouis par les efforts plus ou moins A nouveau vient un moment qui n'est pas attendu. Parce que ce soir il y a peu de règles pour les participants, ou même aucune, si ce n'est que de partager une évidence, en quelques minutes seulement. Pile ou Frasq est une scène ouverte à la performance: pas de programmation mais un ordre de passage tiré au sort, pas de sélection, juste des prises de risque. Entre l'urgence d'être au plateau et notre curiosité, se crée vite un lien, ou moins. Il y a des propositions plus "dansées", mais au bord de l'esthétisme d'autres construites, d'autres immédiates, d'autres qui me laissent loin. D'emblée grotesque, Art is not fun du Didier Julius déclenche aussitôt l'hilarité malgré le titre, par un commentaire sur la performance en général et sur celle-ci en particulier. Coline Jofflineau organise avec efficacité Ombre portée vers la conclusion que nous anticipons: la disparition de la performeuse au profit d'un double de papier. Ma tendresse va tout particulièrement à Tilhmenn Klapper et We're breathe the shit of plants, je suis fasciné et réjoui par les efforts plus ou moins efficaces de ces jeunes gens pour garder des plantes en équilibre sur eux tout en leur parlant. Cela fait résonner en moi quelques évidences quant à l'inanité de nos propres efforts de communication. Mais ce soir particulièrement chaque spectateur vit son propre ressenti, bien évidemment. 

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    C'était Pile ou Frasq - 1ère partie le 13 octobre à Micadanses dans le cadre du Festival Frasq créé par le Générateur de Gentilly. Frasq #9 continue jusqu'à fin octobre.

     Guy 

     photo GD

  • Harmonies

    Vernissage? Je n'aime pas ce mot sage qui fige et limite, tant ici la peinture vit et déborde, libre. Les toiles de Bernard Bousquet vibrent de couleurs et de générosité. En très grand format, avec des ondes qui se prolongent tout autour. Les performeurs font se matérialiser cette énergie, sans rien en retenir. Jean François Pauvros peint l'espace sonore de teintes élémentaires sans temporalité qui contrastent avant de se mélanger, il soulage soudain la tension d'une toute simple mélodie. Éléonore Didier est à la fois corps et support, raccord, juste toile moins nue que bariolée, en retenue, sans plus besoin d'agir mais plutôt d'être ici en belle harmonie. Simplement tout rend heureux.
     

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    Performance de Bernard Bousquet (peintures), Jean François Pauvros (Guitare) Eléonore Didier (danse) au Générateur de Gentillly le 27 juin. L'exposition de Bernard Bousquet est visible jusqu'au 9 juillet
     
    Guy
     
    Plus de photos ici, qui rendent mieux justice aux couleurs : Album flickr du Générateur
     
     
  • Cours particuliers

    Cette leçon de géographie est loin d'être ennuyeuse, et le Générateur une salle de classe heureusement indisciplinée. Éléonore Didier et Lila Derridj font plutôt l'école buissonnière. Surtout occupées à rire, jouer et chanter, espiègles et facétieuses, se courser. Est ce l'influence de sa partenaire? En performance, Éléonore Didier n'a jamais autant bougé. Au programme après la récrée une géographie des corps, mais affectueuse alors, d'abord à l'échelle de l'humain. Tous préjugés déjoués, différences abolies, apparaissent d'elles deux d'infinies postures, possibilités et convergences. Elles les déclinent en harmonie, avec bienveillance et exigence ( je prends conscience qu'il me reste bien du chemin à faire avant de réussir le poirier). Cette danse dessine des valeurs apaisées de liberté, égalité, sororité.

     

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    eleonore didier,lila derridj,générateur,performance,corps collectif

    Même sincérité, horizontalité et engagement, pour la performance du Corps collectif, mais là en mode furieux. Les danseurs hors des normes improvisent à l'unisson autour d'état de corps, débordent d'énergie et de générosité. Effervescence et tremblements, comme des visions en éruptions du volcan intérieur, on est secoué.
     
    Géographies (ou classroom) d'Éléonore Didier & Lila Derridj suivi par Le crépuscule des baby dolls de Nadia Vadori-Gauthier et le Corps Collectif pour les performances de mars au Générateur.
     
    Guy
     
    photos GD
  • Solitudes

    Muette panique, Maki Watanabe se débat comme un oiseau ivre au sein du grand vide scénique, mais saturé de l'expressivité des matériaux sonores de Jean Marc Foussat. "Peut-on danser ensemble?": je ressens une infinie solitude dans l'espace que ses intenses improvisations dessinent, une fuite. Maki Watanabe révèle. Elle réduit l'écart sensible entre l'être et le monde, la couche qui protège le corps fragile de la dureté de l'autour, la distance de sécurité.
     

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    (Un peu plus tard et non sans rapport, David Noir se propose sous l'improbable déguisement d'une tortue dans sa longue migration. Sous le fou rire et le grotesque une interrogation sur l'essence et l'apparence) .
     
    "Peut-on danser ensemble" de Maki Watanabe sur une musique de Jean Marc Foussat, "Marée Haute" de David Noir, Performances de Mars vues le 4 mars 2017 au Générateur.
     
    Guy
     
    photo G.D.
     
    A voir ce dimanche à partir de 17H00 :

    The hammer in my head
    Bonella Holloway
    Performance

    Géographies (ou classroom)
    Eleonore Didier & Lila Derridj
    Performance Danse

    Le crépuscule des baby dolls
    Nadia Vadori-Gauthier et le Corps Collectif
    Performance Danse

  • 100 % poésie

    Au Générateur on souffle 10 bougies. Anne Dreyfuss y invite la poésie sous toutes ses formes. C'est exactement de cela dont il s'agit ici, de la poésie à nous faire voyager loin dans ce lieu. A commencer avec les images loufoques, mobiles et hallucinées des scopitones... Puis surprend, poétique à laisser bouche bée, la rencontre de tous crins, ceux du violon réputé civilisé de Théo Ceccaldi, ceux du cheval dompté mais puissant, si puissant. L'amazone, Netty Radvanyi est posée sereine, le cheval impose son incroyable présence, si beaux tous deux, liés. Le peintre Vincent Fortemps revient aux origines: l'argile sur leurs corps nous ramène loin en arrière. Sous la projection d'images brouillées le cheval devient zèbre, et nous explorons des cavernes inconscientes.
     
     

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    Jean François Pauvros et Didier Malherbe nous offrent de la musique qui devient poésie, de l'inédit, toutes textures brassées. On peut, incrédule, les regarder, l'un caché sous ses cheveux, qui parle à travers sa guitare et attaque les cordes sous tous les angles, l'autre, coloré, qui souffle dans tous ses instruments d'ici et surtout d'ailleurs. Ou l'on peut s'étendre yeux clos et voyager-ici c'est un lieu on l'on se pose où l'on veut- pour vivre autrement les paysages que racontent les deux voyageurs. Il y volent très haut en improvisations. Ils dialoguent en liberté, en vibrations électriques et acoustiques, chants et loufoquerie, et nous emmènent, en exotisme ou dans des lieux paisibles. Le tissu de mes pensées effiloche,comme les notes elles vont et viennent où elles veulent.
     

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    C'était la Nuit blanche au Générateur en ouverture de Frasq, avec Les scopitones de Laurent Melon, À tous crins avec Théo Ceccaldi, Netty Radvanyi, Vincent Fortemps et Arto, le concert de Jean François Pauvros et Didier Malherbe, et (pas vu) C.O.L.O. de Bino Sauitzvy & Cyril Combes.
     
    Guy
     
    Frasq, le festival de la performance continue jusqu'au 22 octobre.
     
    photos GD

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  • Faut-il brûler Edmonde?

    Pas de mystères: la pièce de Christine Armanger est assez chargée d'images fortes, assez subtile et intelligente dans sa construction pour fâcher tout le monde. Des cathos chatouilleux qui apprécieront modérément de se faire accueillir par Ève maniant l'encensoir, aux anticléricaux militants qui lui reprocheront de ne pas clairement bouffer du curé, et trouveront suspect qu'elle connaisse son missel jusqu'au bout des doigts. Ou certains, par miracle, plutôt que de faire la queue pour en lapider l'auteur, recevront la pièce sans y plaquer leurs attentes et là où elle peut les mener: vers des territoires qui dérangent, et de libres interprétations.
     

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    Cette vie des martyrs à rebrousse poils déroute, sa construction à double niveau n'y est pas pour rien. Un étage pédagogique vidéo, animé sur un ton badin mais avec érudition, pour instruire sur la vie des saints. Et une évocation en direct par l’interprète, sensible, plastique et charnelle, des tourments de Saint Sébastien, Sainte Agathe, sainte Lucie... D'un coté un humour féroce et isolent, de la distanciation, de l'autre la fusion entre le sacré et l'érotisme. Sur scène s'incarne en extases ou souffrances le corps de Christine Armanger. Sur l'écran, son avatar virtuel- Edmonde Gogotte- déroule des tutoriels You Tube d'imitation des martyrs en Do-It-Yourself. L'une est sainte... mais l'autre ne l'est pas moins. Là, précisément, s'articule la pièce. En faisant dialoguer, en réponses aux mêmes aspirations à la transcendance, les figures passées de la tradition chrétienne, et les nouvelles idoles virtuelles pour qui les like tiennent lieu d'adoration. Nos doubles imaginaires d'hier et d'aujourd'hui. Avec une égale acuité et cruauté: en explorant chez les figures d'hier les ambiguïtés entre douleur et extase, le sort réservé au corps des femmes... En montrant aujourd'hui le martyr numérique subi par l'avatar, d'autant plus injurié et "bashé" dès qu'il dérange qu'il a été porté aux nues auparavant. C'est le sort virtuel que dans la pièce subit Edmonde. J'ose une prière pour que l'œuvre de Christine Armanger soit mieux reçue malgré sa radicalité.
     

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    Edmonde et autres saint(e)s - partie 1, de Christine Armanger, vu le 22 septembre à Micadanses dans le cadre de Bien faits!.
     
    Guy
     
    photos de Salim Santa Lucia avec l'aimable autorisation de la compagnie Louve

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  • Des mutations

    Discuter avec des gens à poils, cela parait assez rapidement tout naturel, pour peu qu'on se laisse emporter par le sujet de conversation. Mais on discute avec eux, ou on les regarde: cela dépend à quel moment ils en sont de leur évolution. Cela dépend du moment où l'on rentre cette grande salle, comme à une exposition permanente.  
    A cet instant, ils en sont tous à l'état d'animaux, jamais sur leurs deux pieds, témoignant d'une brutalité paisible, d'une tranquille impudeur. Ils se promènent à un train de félin, avec les tics de l'instinct, regards flous et ventres qui tremblent. Ils se frottent et se frôlent entre eux, nous autour comme des voyeurs au zoo. Subtilement d'autres moments les emmènent plus vers l'humain. Toujours sans textes ni contexte. Mouvements collectifs, poses académiques. Faute de mots, j'ose un croquis.
    Et plus tard, arrivés au bout d'une mutation, ils se lèvent. Ils se présentent et viennent à notre rencontre, toujours nus mais extraits de la représentation, pour discuter. Les sujets-l'amour, l'apprentissage...- sont universels et balisés: la rencontre peut se produire. Les conversations s'animent, on entend des rires. Ou parfois ça ne prend pas. Dans tous les cas, on a pris conscience, ou non, que d'autres spectateurs nous regardent parler avec eux. Nous sommes inclus dans la performance. Ou simplement on nous regarde regarder.
    C'est long, quatre heures, ou plus, ou moins, le temps d'être là, ou pas. De remettre le regard à zéro. D'entrer, sortir, s'assoir, se lever, bouger, partir prendre un café, c'est un temps volé à sa productivité, du temps perdu pour en gagner. J'essaie tout: assis, debout, accroupi, sérieux avec le carnet, affalé et la vue renversée, déambulant... Comme 95 % des gens, qui sont adossés aux murs, groupés, je n'ose pas le centre. Allez: tout juste un ou deux mètres à l"écart. Vite surpris, comme par une marée qui monte, au milieu d'une migration de corps qui glissent autour moi vers leur alignement.

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    Les danseurs se relaient, à une vingtaine, pour en permanence être une douzaine en actions. J'essaie de deviner qui parmi nous est d'entre d'eux, va se déshabiller dans quelques minutes et changer de situation. je me trompe parfois. Mais il parait qu'il a des intrus. Je me trompe aussi, lorsque je lie conversation avec cette spectatrice, qui me dit entre autres que la pièce ne parle que de changements, qui est convaincue de la bienveillance avec laquelle les spectateurs accueillent les danseurs. Quelques minutes plus tard, je la surprends, une fois déshabillée, dans l'autre communauté.
    Avec le temps s'impose une évidence: les corps s'égalisent aux regards en une même sérénité: hommes ou femmes, jeunes ou vieux, gros ou maigres, pâles ou foncés, ils convergent vers une même beauté, digne et qui ignore les canons. Ils proclament la démocratie de la nudité. 
    Avant la fin- c'est à dire quand j'ai décidé de partir- se dresse une forêt de bras et de jambes, poussés d'un terreau de corps en fusion, en une seule respiration. C'est beau. Apaisant. C'est effectivement la fin de quelque chose- mais ce n'est pas grave- ou son commencement.Une de-évolution, quand sont épuisés tous les sujets de conversation.

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    Temporary Title de Xavier Le roy au Centre Georges Pompidou le 15 septembre 2016
     
    Guy

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  • 24 questions qui ne répondent à rien

    1. Ce qu’est une performance, dois-je essayer de le définir, ou tout laisser venir ?
    2. Ils étaient censés faire « autre chose »…mais que font-ils habituellement ?
    3. Que s’est- il passé durant ces 24 heures, en mon absence ?
    4. Mais que s’est-il passé quand j’étais présent ?
    5. Où est passé le temps ?
    6. Eléonore Didier a-t-elle vraiment réussi à ne rien faire ?
    7. Aurais-je pu-du ?- plus participer?
    8. Mon regard a-t-il vraiment participé ?
    9. Qu’est ce qui m’a fait- à un moment précis- partir ?
    10. Et plus tard revenir ?
    11. Avais-je des attentes ?
    12. Ai-je réussi à y renoncer ?
    13. Quel bruit fait une cuiller si je ne suis pas là pour l’entendre tomber ?
    14. Nous discutons et je me suis interrogé sur la méthode, ai-je tout faux ?
    15. S’agit-il de renoncer à la méthode ?
    16. S’agissait-il de semer du désordre ?
    17. Ou de soulever des pierres ?
    18. Qu’est ce qui m’a ému?
    19. Qu'est ce qui m'a mu?
    20. Qu'est ce qui m'a changé ?
    21. Quelles autres réalités pouvais-je percevoir lorsqu’ils déchiraient le tissu du quotidien ?
    22. Que s’est-il construit, ou déconstruit dans ces rencontres ou enchevêtrements ?
    23. Rien n'était-il prévu?
    24. Tout était-il imprévisible ?

    24 heures de la performance de Frasq les 17 et 18 octobre au Générateur de Gentilly

    Avec (peut-être) Anne Dreyfus, Sarah Cassenti, Eléonore Didier, François Durif, Lotus Eddé-Khouri & Christophe Macé, Aurore Laloy, David Liver, Mélanie Martinez-Llense, David Noir, Rémi Uchéda, Violaine Lochu, Cyril Jarton, Katalin Patkaï, Biño Sauitzvy, Maya Arbel, Christine Armanger, Jeanne Bathilde, Claire Bergerault, Rebecca Chaillon, Hélène Defilippi, Manon Harrois, Natalia Jaime-Cortez, Didier Julius, Abdelilah Kaddouri, Thomas Laroppe, Julie Larouer, Constantin Leu, River Lin, Di Wang, les étudiants de l’université Paris 8 : Léandre Ruiz, Léa Fagnou, Sophie Paladines, Anissa Mohamed, Océane Manizan, Manon David, Nina Harper, Cyril Combes, les étudiants de l’école supérieure d’art de Bourges (Ensa) : Annely Boucher, Lympia Filippi, Jon Haure-Placé, Jean Bonhoure, Tara Vatanpour, Maëva Tchibinda-Choquet, Claire Bertolotti, Loren Gautier.

  • Tous artistes?

    Tout semble hors de contrôle et c’est plutôt intrigant, cela donne envie de travailler plus son attention pour organiser un sens à tous les actes proposés çà et là, les recoller. David Noir s’affaire, stimule ses performeurs amateurs à coups de musique, de lumières et d’images: toiles de maitre, photos d’histoire et d’actualité. Il les harangue sans violence. Sans les diriger. Son mantra est de laisser venir, ne pas mentir: pas évident. A nous (spectateurs?) il explique, en faisant rallumer les lumières, nous faisons déjà aussi partie de ce processus, qu’il n’existe plus dans cet espace du Générateur de murs qui se dresseraient entre les uns et les autres, pas de différences. Trois jeunes femmes lui donnent raison en se levant, et s’offrent, nous offrent, du mouvement. Que peut-il naitre d’états particuliers et d’interactions, sans convention ni discipline? Il y a des micros. Les paroles tentent mais les révoltes retombent, les dialogues s’alourdissent de malentendus. Les corps s’avèrent plus sincères, plus parlants. Je vois comme une mer qui dort et sur laquelle parfois se lève une bourrasque qui me décoiffe. L’improvisation se libère quand volent quelques chemises et culottes. Mais mon heure n’est pas venue de me jeter dans la bataille pour danser à poil, un jour peut-être.

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    Le lendemain l’ambiance est clair-obscur, plus feutrée, partout des feuilles et des crayons. Trois beaux modèles féminins sont. Cette fois la proposition est de les dessiner. Les spectateurs et artistes semblent d’inégale productivité. Je tente. Le trait trahit, les doigts ne courent pas comme le regard et la pensée. L’esprit encore dans la lecture du livre de Numa Sadoul avec Jean Giraud, je rêve à l’épure de ses dessins. Comment évoquer, le trouble d’une pose, la plénitude d’une courbe, l’idée de perfection? Le rapport incertain avec un corps conscient d’être scruté? Qu’exprime-t-il, ce corps, immobile, dans des rapports subtils avec les lumières, avec les images vidéos, et quand en me déplaçant je change la perspective? Comment dire la tension ou l’abandon, de lentes mutations, la surprise d’actions soudaines. Même les mots peinent. Renoncer et juste regarder? Sur une table il y a de la terre glaise, j’en reviens aux petits personnages des ateliers de mon enfance. Je sculpte des seins. Mais peut-être l’art est-il né ainsi?

     Iconicum- performance animée par David Noir, Bodyin, le corps d’Alice de Sarah Cassenti au les 10 et 11 octobre au Genérateur de Gentilly dans le cadre de Frasq,

    Guy

    Frasq continue le 17 octobre avec les 24 heures de la performance.