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Breve - Page 12

  • Chaque minute compte

    Depuis le lendemain de l'attentat de janvier 2015, Nadia Vadori-Gauthier agit à sa manière, poétiquement. En improvisant une minute de danse par jour, filmée, en tous lieux, par tous les temps. Tous les jours. Le projet est à échelle humaine, modeste et ambitieux, résilient. Elle n'en dévie pas. Chaque jour le corps témoigne d'être vivant, de son état et de ses émotions, va à la rencontre du monde et des gens, guérir un peu le quotidien, réparer un peu l'indifférence et le renoncement. Une mémoire se constitue peu à peu de ces rencontres, de ces micros-événements. Les battements des ailes du papillon peuvent-ils changer les temps? J'espère que ces minutes dureront très longtemps. Ce soir, juste retour des choses, la minute s'invite dans l'espace scénique de Micadanses . Multipliée par autant d'artistes invités. Plus de partage que d'égo, des propositions drôles ou graves, émouvantes, des gestes posés qui prennent un sens ensemble.

    "Une minute de danse par jour a 2 ans!", festival de la micro-performance, 1ère édition

    projet de Nadia Vadori-Gauthier avec Jeanne Alechinsky, Margaux Amoros, Odile Azarugy, Hélène Barrier, Christian Bourigault, CLOC d’Anaïs Lelièvre, (incarnée par Mairi Pardalaki), le Corps collectif, Wonder Woman (Sophie Cusset), Anne Dreyfus, Emmanuelle Deroo, Isabelle Duthoit, Yves-Noël Genod,  Moni Grégo (avec Victor Calcine), Roland Huesca, Adrien Kanter, Milena Kartowski-Aïach, Daniel Larrieu, Theo Lawrence, Will Menter, Matthieu Patarozzi, Julien Salaud, Réda Soufi, Françoise Tartinville, Alice Valentin et Olivier Lefrançois, La Ville en Feu, Liam Warren, Nadia Vadori-Gauthier.

    A micadanses le 14 janvier 2017 dans le cadre du festival Faits d'hiver.

    Guy

    le festival fait d'hiver se poursuit jusqu'au 9 février

    voir sur Une Minute de danse par jour

  • Entre les poses

    Au dehors du théâtre la tempête, dedans l'apaisement. Le silence invite l'attention, la présence de Yasmine Hugonnet installe une curiosité sans impatience, une relation de bienveillance. Il y a des spectacles qui heurtent, qui s'imposent ou restent à distance, d'autres simplement que l'on accepte dans l'instant. La chorégraphe propose des poses muettes, en nuances, plus lentes que figées, les possibles lettres d'un paisible alphabet. Compas ou boussole, elle laisse l'imagination travailler entre les postures. Ses équilibres me reposent. Me rassurent avec l'illusion de la facilité. Rien ne compose une histoire, mais quelque chose se construit. A partir d'une densité, une évidence. la nudité se fait sincérité. Sans rupture, par les cheveux elle change, qui l'habillent, deviennent déguisement pour aller vers le grotesque et la théâtralité. Tout le corps jusqu'aux pointes rentre en danse et en jeu. Elle devient multiple, potentialités. La leçon de métamorphose se conclue par la voix encore naissante qui vient ouvrir une histoire à venir.
     

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    Le Récital des Postures, de Yasmine Hugonnet, vu au Théâtre de la Cité Internationale le 12 janvier 2017
    jusqu'au 17 janvier.
     
    Guy
     
    photo par Anne Laure Lechat avec l'aimable autorisation du théâtre de la cité internationale
     
  • King Crimson: retour vers le futur

    Pourquoi diable 3 batteurs dans cette version septette 2016 de King Crimson?
    Quelque soit le genre musical, cette configuration live est très inhabituelle. Mais elle permet au groupe de réinventer efficacement 40 ans de répertoire. 
    Le leader Robert Fripp s'était longtemps montré sévère envers les dinosaures du rock, se faisant un point d'honneur à repartir de zéro lors de chacune des nombreuses reformations du groupe avec de nouveaux musiciens, ne conservant du passé musical que l'exigence et l'attitude. Ainsi il surprend en consacrant une tournée à des reprises (quoique la set-list, qui fait la part belle aux années 60/70, élude à peu prêt les années avec Adrian Belew non convié à se joindre à cette occasion). Donc une vieille musique mais en habits neufs, à la différence du choix que fait un Paul Mc Cartney qui pour sa part colle au plus près des arrangements originaux pour satisfaire la nostalgie supposée des fans. Ici les batteurs viennent bousculer les morceaux, en ponctuation, attentes, contradictions, accélérations et commentaires rythmiques. A cet égard, la ré-interprétation d' Indiscipline constitue une belle leçon de tension, frustration et délivrance. Au jeu du reboot, seul "In the court of crimson king" résonne comme une concession-nécessaire? superflue?- à la nostalgie. Rétrospectivement un hommage à l'un de ses créateurs, Greg Lake, disparu quelques jours après le concert. Pour le reste, 21th century shizoid man pourrait avoir été écrit hier, où à la même période de the construction of light, aussi abrupt et radical.
    Les pièces s'enchainent cohérentes, compactes et exigeantes avec quelques respirations et épitaphes, dans cette fusion abrupte trans-genre musical, dans cet équilibre qui privilégie le sens du collectif et la virtuosité d'ensemble. Le vétéran Mel Collins se joint aux stridences et dissonantes plutôt que de bavarder en soliste. Ni chanteur tragique ni guitar hero, Robert Fripp reste obstinément collé à son tabouret, et ne délivre de soli que nécessaires. D'autant plus impassible que la musique se fait furieuse. Mais en terme de dramaturgie de concert rien de plus spectaculaire qu'un percussionniste, la musique rendue visible par les gestes et l'engagement physique, en évidence générosité et précision. Ainsi les 3 batteurs sont installés en avant-scène. 

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    Comme on est à Pleyel, on ne danse pas même, quand est repris Héroes de David Bowie, avec son larsen d'orgine. Mais quand Tony Levin nous photographie. on sourit
     
     Element of King Crimson, concert à la salle Pleyel le 4 décembre 2016
     
     
     
    Photo trouvée sur le site de Tony Levin
  • Mangez moi

    2016-11-12 20.25.37.jpgOù ailleurs qu'au Générateur? Ce soir l'appétit y est requis, tous espaces investis par des propositions goûteuses et consistantes, inattendues. Libre absolument, 2016-11-12 20.43.29.jpgon flâne et déguste ce que l'on veut, avec la bouche, avec les yeux. La liberté de picorer ou baffrer. Retrouver l'avide innocence du nourrisson qui tête le sein de sa mère- belle entrée en matière, où accepter de prendre le micro pour lire des mots gourmands qui aiguisent les sens. Tenter le blind test au stand de charcuterie, ou, plus engageant, prélever dignement les légumes et saucissons qui habillent encore la 2016-11-12 20.42.06.jpgnudité de deux corps. Voir toutes les actions en cours, de la préparation en cuisine au repas romantique, voir les 2016-11-12 21.46.39.jpgvidéos qui insinuent et plus les rapports entre sexe et ingestion. Écouter, en lisière du sujet principal mais non moins savoureux, le témoignage de l'indispensable "amie noire" d'un certain politique. Rire aussi. Puis danser. Où ailleurs que dans cet espace, vivre un tel désordre créatif qui privilégie le sens au bon goût? Où voir un travail artistique y déployer ses choix si déraisonnablement? Celui de Rebecca Chaillon et de sa compagnie a de l'estomac. Il se nourrit de cette rencontre provocante et 2016-11-12 21.55.49.jpgpoétique entre l'idée et la corporalité, qui lui donne réalité. L'appétit ne suffit pas, il faut pouvoir digérer.2016-11-12 20.37.34.jpg

     
     Plus gros que le ventre- soirée de performances et installations conçue pour les 10 de la compagnie Dans le ventre par Rebecca Chaillon & Charlie Chine, au Générateur de gentilly le 12 novembre 2016.
     
    Guy
     
    photos GD
  • Des choses cachées

    Elles sont de celles qui retournent les pierres, ouvrent le sol sous leurs pieds, font deviner les ombres de choses cachées dans des cavernes  depuis des éternités, nous emmènent. Oui, elles nous emmènent en un ailleurs qui n'est déjà plus le lieu proche de la scène, ouverture sur un écran de cinéma peut-être, à un degré d'étrangeté plus lointain. Y règnent dans les ruines d'autres lois, d'autres attirances entre êtres, d'autres pesanteurs, des résistances. Les mouvements s'empêchent et se libèrent, se stabilisent en étreintes inertes. Elle s'y meuvent au ralenti, comme à l'envers, vers l'origine, premières femmes sur la lune, pourtant le vent violent dans les cheveux. La musique y râpe, puis panique, surprend leurs chutes et leurs fuites. Elles y dilatent l'imaginaire, se jouent des codes, troublent ensemble des gestes de mélodrame et de danse, esquissent un art total, vivant et plastique. Elles se libèrent de leurs peaux pour se peindre, creuser les rites et couleurs, devenir ornements. Elles se livrent à l'archéologie de nos souvenirs partagés, à l'inventaire de drôles d'accessoires et de reliques de notre civilisation, signes et vestiges éparpillés. Sous le tapis de danse, derrière le rideau de théâtre, la nature est retrouvée, tout semble commencer.
     

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    Ornement de Anna Massoni et Vania Vaneau vu le vendredi 4 novembre au théâtre de l'étoile du nord en ouverture d'avis de turbulence.
     
    Guy
     
    photo de Jordi Gali avec l'aimable autorisation de l'Etoile du Nord
    lire à propos de blanc: ici et
  • Deuxième round

    Si les cordes du ring sont bel et bien matérialisées au sol, ce n'est pas la boxe qui est montrée ici, pas littéralement. Mais ses émotions, ce qu'elle bouge et met en jeu. La chorégraphie va extraire des gestes de la boxe: vivacité, élégance, surtout force et résistance, tout ce qui peut entêter la danse. La bande sonore capte le souffle de l'histoire, celle du match "Rumble in the jungle" à Kinshasa en 1974. Elle évoque par cet l'événement le destin d'un homme- Mohammed Ali- son combat politique pour la dignité. Le combat dansé ici rassemble plus qu'il n'oppose, artistique, politique, collectif. Il sont trois ensembles à porter les gants et non deux opposés, trois danseurs congolais d'aujourd'hui qui luttent, pour malgré l'épuisement se relever, vaincre et ainsi témoigner.
     

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    Debout - Se relever de Djino Alolo Sabin et Christina Towle vu le 13 octobre 2016 à Micadanses dans le cadre du festival ZOA.
     
    Guy
     
    photo par Anne Girard avec l'aimable autorisation de Zoa
  • Faire l'amour

    On dit que tout était déjà dans le Kama-Sutra, que cela fait des millénaires qu'on a tout essayé, le nombre de combinaisons étant limité. Heureusement, l'imagination des chorégraphes n'a pas de limites. Ici est réinventée une histoire de couple, qu'initient logiquement des travaux d'approche. L'homme et la femme se jaugent, se poursuivent et jouent, se heurtent, se touchent, se claquent, se mordent et se goutent, matérialisent désirs, curiosités et appétits. Ils éprouvent de leur peau la texture, l'élasticité. De plein fouet, je ressens la fougue des attaques, la vigueur des esquisses. A ce stade déjà, l'entreprise chorégraphique n'est pas sans risques. D"autres dans des projets du même genre ont trébuché sur le trivial ou le ridicule. Ici dans l'inventivité et la fraicheur apparait l'innocence retrouvée.... mais subtilement affleurent entre les deux corps les enjeux de pouvoirs. Sur cette lancée, ils se rapprochent à s'enlacer, liés littéralement, pour tendre vers l'utopie de la fusion amoureuse. S'agencer, centimètre par centimètre. A n'être qu'un, ils ralentissent le temps autour d'eux. Sommes nous faits alors d'un seul corps, pas si loin de la mort? Après cet impossible, ils se libèrent et s'envolent. C'est drôle, poétique, intelligent. Et sensuel-mais doit-on le préciser?

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    DELICES // Création 2015 from Aina Alegre on Vimeo.

     

    Délices d'Aina Alegre vu le 12 octobre au théâtre de Vanves

    Guy

    Photo d'Alain Touret avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • En morceaux

    Où sont nos bras, où sont nos jambes? Les siens dans tous sens, Eva Klimackova déstructure notre vision du corps, c'est tout son langage qui est bouleversé, celui de ses fonctionnalités familières et celui des émotions qu'il porte. Ce sémaphore humain envoie des signaux, mais mystérieux. Tout se joue par les avant-bras, les jambes sous les genoux, qui inventent de nouvelles combinaisons, le reste du corps avalé par une tenue noire, l'unité rompue. En correspondance, on écoute une drôle de leçon de danse métaphysique du poète Ghérasim Lucas, les mots attendus eux aussi substitués, et pas plus de bornes. On se relâche, plongé dans cette durée sans repères, où la danseuse tire l'élasticité jusqu'au bout de ses possibilités  L'unité est perdue et l'identité se recherche loin des repères vers des ailleurs. Dans la fragilité de nouveaux équilibres, s'invente une écriture fraiche et subtile.
     

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    Ouvrir le temps (the perception of) d'Eva Klimackova et Laurent Goldring vu le 9 novembre au théâtre de la reine blanche en ouverture du festival Zoa.
     
    Guy
     
    Photo de Laurent Golrig avec l'aimable autorisation de Zoa
  • Duos

    L'enjeu évident de ce festival En Chair et en Son est de découvrir sur quel terrain se rencontrent danseurs de buto et musiciens contemporains. Durant cette session du samedi après midi, l'un des duos s'impose avec autorité. En progression dans l'intensité, le vétéran Masaki Iwana danse entre deux genres sexuels, grotesque et magnifique, s'approchant par sursauts de la rupture sans jamais l'atteindre. Les couches de sons posées par Michel Titin-Schnaider l'y accompagnent parfaitement en exacerbation, se font de plus en plus lancinantes pour muter vers percussions de métaux et piano virtuels.
    Mais aussi dans la collaboration entre la chorégraphe Laura Oriol et le compositeur Tomonari Higaki, je perçois quelque chose d'exemplaire. Tout est résonance et équilibre, sobriété. Les sons cristallins et économes convergent avec la retenue des gestes qui font écho, autour des vases d'eau pure au sol. La lumière qui baigne son visage est aussi contraste avec l'obscurité autour d'elle. Ses paupières tremblent, l'agitation est souterraine. Peu à voir. On devine. Ici est capturé dans cet équilibre, dans cette simplicité quelque chose d'essentiel dans la danse buto: le paradoxe d'un art qui semble moins se soucier de sa propre représentation que d'être la manifestation d'une intériorité.

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    la vie de ladyboy Ivan Ilitch de Masaki Iwana et Michel Titin Schnaider et La Plus lente, la plus que piano de Laura Oriol et Tomoari Higaki vus le 8 octobre 2016 dans le cadre du festival en Chair et en Son au Cube 
     
    Guy
     
    Photo par Jéremie Lortic avec l'aimable autorisation de Laura Oriol
  • 100 % poésie

    Au Générateur on souffle 10 bougies. Anne Dreyfuss y invite la poésie sous toutes ses formes. C'est exactement de cela dont il s'agit ici, de la poésie à nous faire voyager loin dans ce lieu. A commencer avec les images loufoques, mobiles et hallucinées des scopitones... Puis surprend, poétique à laisser bouche bée, la rencontre de tous crins, ceux du violon réputé civilisé de Théo Ceccaldi, ceux du cheval dompté mais puissant, si puissant. L'amazone, Netty Radvanyi est posée sereine, le cheval impose son incroyable présence, si beaux tous deux, liés. Le peintre Vincent Fortemps revient aux origines: l'argile sur leurs corps nous ramène loin en arrière. Sous la projection d'images brouillées le cheval devient zèbre, et nous explorons des cavernes inconscientes.
     
     

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    Jean François Pauvros et Didier Malherbe nous offrent de la musique qui devient poésie, de l'inédit, toutes textures brassées. On peut, incrédule, les regarder, l'un caché sous ses cheveux, qui parle à travers sa guitare et attaque les cordes sous tous les angles, l'autre, coloré, qui souffle dans tous ses instruments d'ici et surtout d'ailleurs. Ou l'on peut s'étendre yeux clos et voyager-ici c'est un lieu on l'on se pose où l'on veut- pour vivre autrement les paysages que racontent les deux voyageurs. Il y volent très haut en improvisations. Ils dialoguent en liberté, en vibrations électriques et acoustiques, chants et loufoquerie, et nous emmènent, en exotisme ou dans des lieux paisibles. Le tissu de mes pensées effiloche,comme les notes elles vont et viennent où elles veulent.
     

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    C'était la Nuit blanche au Générateur en ouverture de Frasq, avec Les scopitones de Laurent Melon, À tous crins avec Théo Ceccaldi, Netty Radvanyi, Vincent Fortemps et Arto, le concert de Jean François Pauvros et Didier Malherbe, et (pas vu) C.O.L.O. de Bino Sauitzvy & Cyril Combes.
     
    Guy
     
    Frasq, le festival de la performance continue jusqu'au 22 octobre.
     
    photos GD

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