Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Breve - Page 22

  • A peine

    Une caresse, un baiser s’esquissent. Sans s’accomplir. Sensualité retenue. Les deux danseuses bougent et s’observent en miroir. La lumière, personnage aussi, vient en troisième, concentrée, économe. Portée à bout de bras. Mon regard de spectateur est dirigé, mais sans violence, du clair d’un visage à l’obscur de l’autre avant le renversement de la perspective. Le temps de s’habituer à cette délicate attente et la performance s’éteint vite, trop vite, c’est sa force et sa faiblesse. Sans doute son principe même de disparaitre avant l’évènement. Fragile comme le désir.

     

    danse,la loge,melanie perier,zoa

    Imminence de Mélanie Perrier, vu le 7 octobre à la Loge en ouverture du festival Zoa.

    Guy

     

    Photo par Mélanie Perrier avec l'aimable autorisation de Zoa

  • One man show

    Ce soir l’auteur est l’acteur, et vice versa. Le one man show se teinte, forcément, fortement de tons de confession, derrière la crânerie du manifeste. Chaque mot si personnel, que les enjeux montent, à vif, la critique marche sur des œufs. L’auteur se protège de l’acteur, celui dernier nous accueille seul et sans décor, presque rien dans les poches, le verbe haut pour remplir tout l’espace, la silhouette joue de sa singularité. Du métier à s’en régaler: la voix s’aventure où elle veut, dans tous les registres et ne s’en prive pas, joue à cache-cache avec l’émotion derrière un peu de bouffonnerie. Tout cela pourrait être vain si la scène ne devenait pas un lieu d’accouchement, du récit de cet accouchement, le lieu d’une nouvelle naissance vierge des cicatrices familiales. Et si la langue de l’auteur n‘était pas profondément libre et originale, aux expressions surannées, ancrée dans l’histoire, loin de tant de platitudes  contemporaines.

     pierre pirol,théatre,théatre du temps

     

     

    " ETAT SOEURS" carnet de bord théâtral de Pierre Pirol. Réalisation du teaser Rusty Jeremy Matalou. from Pierre Pirol on Vimeo.

    Etats Sœurs, écrit et interprété par Pierre Pirol, mis en scène par Julien Bleitrach, illustré par Rusty J; Matalou, vu le 30 septembre au théâtre du temps. Tous les lundi sauf le 11 novembre jusqu'au 9 décembre. 

    Guy

  • Harmonie

    Au commencement il y aurait une idée parfaite: une sphère- rien de plus beau dans la simplicité-, Jésus Sevari s’y glisse avec respect, s’y fond, l’épouse, jamais ne l’épuise. Apparaissent les correspondances arrondies entre les formes de dehors, les gestes de dedans, harmonie. Les lignes rendues apparentes soulignent les trajectoires dans l’invisible. Les notes de Cage tournent. C’est doux et dense, respectueux, apaisé. Cette symbiose m’inspire une rêverie, un dialogue d’équilibre entre le globe et l’humanité qui s’y est abritée.

     

    danse,jesus sevari,les plateaux

     

    Exagium de Maria Jesus Sevari, dispositif créé par Yann Le Bras vu aux Plateaux du Val de Marne le 28 septembre

    Guy

     

    Photo de Yann Le Bras

  • Obstiné

    La première qualité de Sweat Baby Sweat, c’est d’exaspérer. Jusqu’à nous emporter, m’emporter. Pour imposer un (vrai) point de vue coûte que coûte, par cette lancinance de la répétition, se répète dans le couple ce rapport sensuel et entêté qui semble ne jamais pouvoir se résoudre. Les deux corps s’accrochent l’un à l’autre, sans satiété. Une ballade acoustique s’étire au-delà du raisonnable. Au mur les mots s’affichent, au-delà de la  banalité, pour atteindre la vérité, à force. Cela dure, la danse, et l’effort se voit, à chaque instant. L'effort en surface celui de danser, mais surtout celui de s’aimer, une lutte sans répit, longue, obstinée.

     danse,jan martens,les plateaux

    Sweat Baby Sweat,  de Jan Martens vu à la Maison des Arts de Créteil le 28 septembre dans le cadre des Plateaux.

    Guy

    photo de  Klaartje Lambrechts.avec l'aimable autorisation de la compagnie

    A propos de A small guide on how to treat a lifetime companion, lire ici.

  • Dans la grotte

    Retour aux origines. Là où mijotent les mythes, profond dans nos têtes, au fond de cette grotte. Chouette endroit. Autour: le potager du roi, et Versailles (le monde qu’on dit réel). Je pense aux histoires, qu’enfant, on s’invente dans des lieux comme ça. Aux lueurs du braséro, nous distinguons les ombres sur les murs de la caverne. Des personnages primitifs. Pasiphaé aime très fort et cru un beau taureau- illustration d’une sexualité féminine irrépressible? Malgré les incantations, le Minotaure si redouté reste invisible. Venue d'autres profondeurs une gumboots dance tient lieu de rituel: folklore syncrétique. Rêves en self-service. La dérision des chansons lisse les transitions. Viviana Moin, en Pasiphaé, exagère, ose, déborde. Elle a raison. Elle finira dans l’étang, à la grande joie des enfants.

     danse,performance,viviana moin,plastique danse flore

     Photo par Didier Dupressoir avec son aimable autorisation

     

    C’était Minotaure#78 de Viviana Moin, avec Viviana Moin, Pierre Courcelle, Samuel Buckman, La Bourette, vu le 15 septembre au Potager du Roi dans le cadre de Plastique Danse Flore.

    Guy

    Minotaure75 sera joué  le 19 octobre au Générateur de Gentilly dans le cadre de Frasq (et ce sera une autre performance).

  • Jazz?

    Arthur H. mauvais élève en jazz, nous confie-t-il, modeste, qui en guise de standard ne sait jouer que The Man I Love. Se produire en quintet cool et classe à cuivres et contrebasse, est-ce avant tout installer une ambiance d’avant et d’ailleurs, du cabaret, du théâtre? Pour raconter goguenard de sa voix rocailleuse ses belles et drôles histoires de personnages qui font rêver et sourire plutôt que d’y croire: le soldat, le chercheur d’or, le trompettiste fou… Laisser se heurter mots et textes, cette poésie décalée. Alors les notes aussi peuvent raconter, emporter. Et lui de nous surprendre d’accords plaqués sur son clavier, dissonances qui semblent le travailler dedans depuis des éternités. Laisser de l’espace aux musiciens, improviser en rappel, trop vite, prendre le risque de se planter. Alors c’est du jazz.

     Jazz, Musique, chanson, Cité de la musique, Jazz à la Villette

     

    C'était "I'm Beginning to see the light" à la Cité de la musique, concert vu et écouté le 13 septembre 2013 dans le cadre du festival Jazz à la Villette, avec Arthur H (piano, voix), Laurent Bardainne (saxophone, clavier, arrangements), Fabrice Martinez (trompette), Marcello Giuliani (basse, contrebasse), Raphaël Chassin (batterie).

    Guy

     

    La vidéo du concert est ici en ligne jusqu'au 14 mars 2014: http://www.citedelamusiquelive.tv/Concert/1008323/arthur-h-%22i-m-beginning-to-see-the-light%22.html

  • Mesuré

    On raconte que l’art de Kazuo Ohno, mort centenaire, s’embellissait au fur et à mesure que son corps avançait en âge, qu’il pouvait à la fin danser encore sublime juste de son bras, de sa main, d’un doigt. Maxence Rey ce soir bouge peu, ne bouge pas, ou presque, non plus son partenaire. Tous deux assis sur leurs chaises, dans le prolongement des Bois de l’Ombre, nus tous deux et masqués, dans la lignée de Sous ma Peau.

    danse,etoile du nord,maxence rey

     

    Gestes économisés, le corps s’exprime fort de peu.

    Altérité 2ème approche, performance chorégraphique de Maxence Rey et Christophe Bonzom, vu le 16 mai 2013 à l’Etoile du Nord dans le cadre de la carte blanche à Maxence Rey.

    Guy

    La pièce sera dansée à l'Etoile du nord le pour la présentation de saison le 28 septembre.

    photo de Delphine Micheli avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • Limite haute

    Il s’agit, si cela est possible, d’abolir la distance. Leïla Gaudin ici sur scène est SDF. S’y risque, avec engagement, implication, mimétisme. Epurée dans l'approche. Cette distance que dans la rue nous établissons entre nous et eux, la chorégraphe la dissout paradoxalement en la transportant dans la relation d’artiste à spectateur. Proche du regard, immédiate. Elle restitue intacte la présence si forte des invisibles. Se soucie peu de la distance à garder entre le modèle et l’interprète, des procédés métaphoriques. L’adresse au public est directe, documentaire, naturaliste. Il ne s'agit pas tant de danser. Naïveté disent les uns. Humanisme, honnêteté, nécessité, je crois.

     

    Danse, Leïla Gaudin, Danse Dense, La Loge

    Photo de Calypso Baquey avec l'aimable autorisation de la compagnie

    A la limite de Leïla Gaudin, vu le 12 avril au théâtre du Fil de L’Eau à Pantin, dans le cadre des journées Danse Dense.

    Guy

    Leïla Gaudin présente Errance, "version" nomade d' A la Limite, à la Loge du 24 au 27 septembre.

    Lire aussi sur le blog: Errance à Mains d'Œuvres

  • Spectacle vivant

    La salle est peinte en noir, nue, ce soir il faut très chaud. C'est normal en enfer. Trois morts-vivants en huis clos, à ne plus se supporter en direct sous le regard des spectateurs. On peut voir cela tous les jours sur écran mais le texte là n’est ni de Loana, ni de Nabila: de Sartre en personne. N’empêche, qu’en reste-t-il aujourd’hui? La thématique sartrienne est bien rouillée mais la mécanique théâtrale tient toujours. Peu importe l’enfer maintenant. Et la philosophie est morte, elle aussi. Reste la construction en montées et paroxysmes, surtout de beaux acteurs, bien vivants, qui réinventent les passions, se réapproprient les mots usés, font ressusciter de cris et sueur tout ce qui est suranné,  à force de physicalité. Ils en conjurent l’enfer, (Dieu ?) merci !

    Huis Clos de Jean Paul Sartre, mis en scène par Isabelle Erhart avec Marta Corton Vinals (Estelle), Alicia Roda (Ines), Joel Abadie (Garcin), Jean Louis Wuillemier (garçon d'étage) , vu au Théâtre du Nord-Ouest le 24 août 2013.