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Breve - Page 21

  • Triangle d'amoureuses

    On n’écrira jamais assez de pièces pour tenter de comprendre le cœur des femmes, le sujet est inépuisable, l’interrogation sans fin. Si trois personnages féminins prennent ce soir la parole pour évoquer la mémoire du poète – leur amant commun- celui-ci ne prend jamais chair,. C’est d’elles-mêmes dont elles parlent, leurs désirs qui s’explorent. Et cela, en tant que spectacle,  fonctionne bien…Est –ce précisément par ce qui est évité ? Amener des surprises à chaque scène, en évitant effets et excès. Faire exister ces trois femmes, mais sans caricaturer. Exprimer par le texte un lyrisme en demi -teinte mais laissant les cœurs rester aussi mystérieux que les pages blanches du testament du poète. C’est bien ainsi.

    Incroyable, irraisonné, impossible baiser de et m.e.s par Florian Pautasso, à la Loge jusqu’au 20 décembre  

    Guy

  • Viscéral

    Heure de la sieste, heure de digérer. Manque de sommeil. C’est dur d’émerger. Sur scène une étrange forme, matière molle, sans limites, envahissante. Comme un cocon qui pèse, un tube digestif textile. De dedans, la vie l’agite, grouille, informulée. Le son poisse, angoisse. Malaise viscéral. Dans la salle deux enfants pleurent. Sur scène, de la masse une main émerge, le corps suit. Libéré ou expulsé. La chenille vomie hors du cocon. Elle s’agite, née trop tôt dénudée. Vacille, par petits soubresauts qui sur la chair font des vagues. Vulnérable, elle cherche sa place. Elle danse malgré, de l’inconscient vers le révélé, me fascine. Je reste englué.

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    Last lost lust (extrait) de et avec Mathilde Monfreux, avec des scupltures d’Elizabeth Saint-Jalmes, vu aux journées Danse Dense au théâtre au fil de l’eau.

    Guy

    photo de Cyril Leclerc avec son aimable autorisation.

    last lost lust from carole on Vimeo.

  • Toujours ensemble

    Ensemble? Pas de siège pour le public dans cette salle, nous partageons l’espace de plain-pied avec les artistes, cherchons notre place avec eux. Les danseurs posent au sol une mer de plastique, l’agitent de vagues. Tempête. Je sens les coups de vent. Il n’y a plus rien qui tienne. Une femme s’y aventure, est ballotée d’une rive à l’autre, perd pied, ruisselle, lutte en vain, corps chahuté. La scène est violente, poignante, directe. Forte avec peu. La femme est nue, je pense au dénuement. Elle se noie, je pense aux migrants. Elle est rejetée par les autres des deux côtés, je pense à tous ceux qui ne trouvent pas de place. D’autres lui succèdent sur cet océan, les uns contre les autres, mais s’épuisent en courses et luttes intimes et fratricides, éperdues, sans raison. La dernière scène nous apaise, quand les danseurs nous font nous lever pour disposer partout dans la salle des ballons d’eau-nous redéfinissons ainsi l’espace avec eau. Puis ils rampent pour les éclater. Ils se regroupent, tribu de chair, nous autour d’eux. Le monde retrouve un peu de paix.

     

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    Pindorama de Lia Rodrigues, vu le 21 novembre au théâtre de la cité internationale avec le festival d’automne à Paris. Jusqu’au 26 novembre, puis au 104 du 28 au 30 novembre et à L’apostrophe le 3 décembre.

    Guy

    photo par sammi_landweer avec l'aimable autorisation du T.C.I.

    Sur le blog, à propos de Ce dont nous sommes fait.

    Et à propos de Pororoca

    Lire aussi Rosita Boisseau dans le Monde

  • Paysage théatral

    théatre de genevilliers,théâtre,philippe quesnes

    Sur ambiance de crépuscule, les artistes arrivent avec bagages en résidence au Swamp Club. No man’s land éloigné de tout, de la société. Bien accueillis, et sotto voce, ils semblent résignés à ne s’y étonner de rien, à en oublier ce qu’ils sont venus créer. De mystérieuses menaces rodent pourtant à l’extérieur (le monde réel ?): bruitages anxiogènes, plan d’urgence et tout le monde bien à l’abri dans le tunnel, dehors fumées couleur radioactivité. Tandis, tout le long, qu’un quatuor à corde commémore Schubert et Chostakovitch, tel l’orchestre du Titanic. S’il s’agit d’une métaphore de la situation des artistes, le constat est bien dépressif,  bien qu’égayé de dialogues réalistes et ahuris que l’on devine issus d’improvisations. C’est discrètement drôle, ouaté de brume, et désengagé, impeccablement esthétique en arrière fond, mais lent, lent… On dirait les Chiens de Navarre au ralenti, et surtout lorsque un comédien apparaît en costume de taupe géante. Le monde fume, bonne nuit.

    Swamp Club de Philippe Quesne au T2G- Théâtre de Gennevilliers, jusqu’au 17 novembre.

    Guy

    photo de  Martin Argyroglo avec l'aimable autorisation du T2G

  • Juliette et Juliette

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    Bulles à mâcher, bulles à claquer, pyjama rose et poses en douceurs, pas si loin l’enfance, mais bientôt le temps de se rencontrer. Elles s’évaluent nues, surprises et chairs à claquer, explorations en miroirs. Masculines, féminines, du portique tombent des choses molles, couleurs passées, des dessous où s’y glisser, s’y déguiser. Elles s’élèvent, flottent comme des bulles de savon, Juliette au balcon et Roméo réinventée, oiseaux moqueurs, cochons pendus et beautés détendues. Billie Holiday chante en prélude à une belle nuit d’automne, je digresse, et je régresse, je me régale lorsque Katalin Patkaï affine encore son ironie, son ton. Douce piquante, elle enchante.

     katalin patkai,danse,le générateur

    Etape de création de Roméo et Juliette (titre provisoire) de Katalin Patkaï et Ugo Dehaes avec Katalin Patkai et Justine Bernachon,vu au Générateur de Gentilly dans le 19 octobre dans le cadre du festival Frasq.

    Guy

    Photos (droits réservés) avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • Aveuglé

    A travers l’effraction de l’oubli, je la voyais émerger des origines, ce nu(e) muet la découvre futuriste, forme frêle projetée dans un avenir glacé. Avec la même intensité, la même etrangeté. Sa nudité m’aveugle, et les lumières qui explosent en flashs, déchirent l’obscur, bien plus vite que nos pensées et font fuir les épileptiques. Lentement des torsions l’étirent encore, impudique, le corps scanné d’un laser vert. Pour l’identifier, la cataloguer, la réduire ? Impossible bien sûr, l’insaisissable s’enfuit vers l’asymptote de la nudité.

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    Nu(e) muet de Camille Mutel, vu le 18 octobre au théatre de l’étoile du nord.

    Guy 

    Photo (droits réservés) avec l'aimable autorisation de la compagnie Li Luo

  • Une visite

    C’est une maison parmi tant d’autres, dans les rues désertes de Pantin la nuit. Une femme, prête pour la fête, nous invite à y rentrer. Nous sommes quinze, ou un peu plus, à explorer sans trop oser, comme des invités polis, de pièces en pièces, et rencontrer  les étranges habitantes, comme celle qui dans la cuisine en petite tenue goute sa soupe, ou celle qui danse sur le balcon. Dans le jardin, celle-ci en robe blanche de débutante, éclairée de guirlandes, lente, jette sur moi son dévolu, me dévore des yeux, s’approche, me tend le bras, je joue le jeu, nous partons. Dans le salon, doucement, ensemble nous dansons, je suis rentré dans ce rêve éveillé, sans savoir où je vais. Sous la fête, sous la musique, une impression de tragique. Que se passe-t-il dans la salle de bain ? Alors qu'au 1er étage, celle-là me donne à lire à haute voix quelques lignes de Peter Hanke. Pourquoi ? Mais tout autant pourquoi refuserais-je ? Je lis avec application, sans le temps de comprendre. Qu'entendent les autres? Ceci est une vraie maison, et elles y semblent chez elles, depuis longtemps, c’est faux évidemment, la fête continue sur un autre plan, nous sortons.

    Prêt(e) à d'Elsa Foucaud, Deborah Weber, Béatrice Aubazac, Julie Métatairie, quelque part à Pantin dans le cadre de la soirée Hors Lits région parisienne du 23 octobre.

     Guy

  • Sujet imposé

    Le sujet de cette création, dont je vois ce soir la première partie, est la naissance. Rien ne m'aurait permis de le deviner. A la voir, cette danse constituerait un travail avant le travail, une préparation, une mise en condition... Je lis le sujet et je l'oublie, n'ose pas me raconter une autre histoire. Reste, et c'est déjà beaucoup,  de l'ivresse et de la fascination, devant des mouvements résolus et répétés, d'un corps bien campé au sol. Il y a de la force dans l'acceptation d'autre chose, cela je le ressens.

    Noli me tangere from Les Décisifs / Clara Cornil on Vimeo.

     

    Noli Me tangere de Clara Cornil, vu le 18 octobre au théatre de l'étoile du nord .

    Guy

    lire aussi Pose #1

  • Actions à la carte

    Mirea Arnella propose au public de tirer des cartes, chacune de ces cartes détermine une performance qu’elle exécutera. Les spectateurs sont responsables, ce jeu est-il anodin? La performeuse s’offre dans un rapport de séduction, souple et fine, voix douce, coiffée/vêtue d’un noir entre domination et soumission. Les performances dressent ensemble le catalogue allusif de pratiques pornographiques: consommation de boulettes de viande jetées au sol, bouche déformée par des billes de bois,  tuyau d’eau dans la gorge et liquide jaillissant sur le visage, fleur plantée dans le fondement…  Le public peut se sentir piégé dans ce rapport avec l'artiste, en apparence de soumission de celle-ci, plutôt de manipulation de sa part car né de l’invitation initiale à tirer les cartes. Pourtant alors que la performeuse s’est laissé tomber en arrière à plusieurs reprises face au public, une femme se lève et spontanément se précipite pour empêcher une nouvelle chute. Libéré de la boucle, un rapport nouveau s’est instauré.

    Ohh Fortuna !!! de Mirea Arnella au générateur de Gentilly dans le cadre du festival de la performance  Frasq. 

    Guy

  • On tourne en rond

    Le prologue nous a assourdis de coups de tambour, puis d'un déferlement sonore produit par les danseurs qui nous tournent le dos. Enfin ils nous font face, masqués, dépersonnalisés. Pas de communication. Puis ils tournent en rond, comme des damnés, ne s'autorisent que quelques variations. A lire la feuille de salle, cet enfermement, cette ronde carcérale a à voir avec la condition humaine. Il s'agirait de la commémoration d'une bataille, la malédiction des morts pèse sur les vivants. Je refuse. Mais suis coincé sur ma chaise, par la convention que j'ai acceptée de ne pas partir en cours de spectacle. Cette répétition, cette fatalité m'appauvrit, imaginaires bouchés. Yeux fermés, je tente de m'abstraire, de m'échapper. 

    Matadourou de Marcelo Evelin, vu le 14 octobre au théâtre de la cité internationale , avec le festival d'automne à Paris