Le lendemain soir de ce mercredi noir, l’affect s’engourdit, sidéré, les pensées ruminées. Difficile de faire page blanche et de s’ouvrir à d’autres imaginaires. Mais la danseuse est en noir elle aussi, debout. Elle s’agite de bas en haut, et grimace, prise d’irrépressibles convulsions, comme possédée. Le diable au corps. Mon état s’incarne en ses mouvements, elle m’aide à me purger des humeurs morbides et pensées en impasse. C’est un passage. Devant elle, alignés au sol, des vêtements de toutes les couleurs, qui m’évoquent de mystérieux folklores. Un par un elle les ramasse, danse, s’en pare. Elle se charge de signes et traditions. Le corps disparait jusqu’au visage voilé sous les étoffes mais tourne à n’en plus finir, toujours vivante. Elle semble la prêtresse de nouvelles mythologies, un ange multicolore, à elle seule le monde entier. Pour réconcilier en son corps toutes les civilisations, pacifiées la barbarie loin derrière. Quand elle cesse et repose, glisse et renait hors des tissus, au terme de cette cérémonie, il n’y a plus qu’une humanité. Le noir laisse la place à l’apaisement. La pièce s’intitule « Blanc », vient du Brésil, née d’interrogations sur la rencontre des cultures blanches, noires, indiennes. Aujourd’hui après le deuil, c’est une cure de couleurs.
Blanc Teaser from vania vaneau on Vimeo.
Blanc de Vania Vaneau, vu le 8 janvier au festival Open Space à l’Etoile du Nord
Guy