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céline angèle

  • Corps poésie

    Une phrase écrite ce soir sur un morceau de papier fait la danse, en poésie spontanée. Le mot lu s'allonge et renait incarné. Il vit, il dit: regarder la lumière avec notre part d'ombre, regarder l'ombre avec notre part de lumière. Je vois chacun des deux danseurs être dans l'instant en toute sobriété, se mouvoir vers l'essentiel. Leur intensité concentrée dans ce lieu, ils ne montrent rien pour montrer. Le corps semble un piège d'où s'extraire, l'énergie bondit et se heurte aux murs, tombe, s'abime en habits noirs. La dynamique est bien plus noire que celle qu'ils enclenchent lorrsqu'ils dansent en plein en plein air, en harmonie avec le paysage. Ici, le lieu semble hostilité. A les voir, je ne sais s'il faut espérer. Comment vivre une impossibilité d'être jusqu'à l'extase, et toutes ses contradictions. Qu'est ce qui s'est effacé en nous?
     
    Diptyque avec une ombre- performances solo de Jean Daniel Fricker & Céline Angèle vu le 7 juin à l'Espace Culturel Bertin Poirée.
     
    Guy

  • Corps et mots

    A terre. Elle, et tout Victor Hugo, en cinquante volumes éparpillés. Elle, son corps un tout ramassé, qui s’efforce à se déplier, peut-être souffre, à chercher. Un être à vue. La respiration anime son ventre, et tout alors depuis ce centre: remuent la peau tendue, les membres, les muscles, les chairs. L’âme est invisible et le visage caché, ou perdu. Les os saillent, les cheveux tombent à terre comme des pleurs. Densité et fragilité, complétude, et tout à remplir de pensées. Le corps est là, essentiel, et rien de plus. Lenteur dépouillée. Les livres l'attendent. Elle pourrait tout autant s’éteindre l’instant d’après.

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    Le corps tente de s’arracher au sol, mais elle se plie, se penche et les mains plongent, y ouvrent un livre. La bouche s’ouvre et les mots glissent, des interrogations métaphysiques. Une petite éternité. Les pensées s’envolent légères et planent, graves comme des ombres, en méditations. Le corps sensible dessine de mystérieux idéogrammes. Bientôt effacés. Elle reste une page à écrire: la peau blanche, le sexe sombre. En dehors l’animalité exposée, l’humanité des livres conservée en dedans, qui s’interroge et lutte. Des livres s'ouvrent et des mots à nouveaux. Une littérature grave, sans atours, mise à nue. Ces mots la rêvent, agitée, mais sans culpabilité ni regret. Corps et texte, nature et culture, peau et cuir, nudité et reliure. Ange et bête. Réconciliés? Elle se lève, cet équilibre, lentement conquis, est un vertige renversé, vaincu le pas d’après. L'ange tremble et porte le livre aux cieux. Où serait Dieu? Où est l’homme surtout ? Le temps n’est plus. Elle, attirée contre le mur de pierre, prisonnière ou sacrifiée. Une simple lampe l’éclaire. Brefs absolus. Rien n'est gagné. Je vois une lumière noire et c’est la nuit.

    C’est lumière noire dansé par Céline Angèle et mis en scène par Jean Daniel Fricker, textes de Victor Hugo, encore ce soir au festival Buto de l’espace culturel Bertin Poirée.

    Guy

    photo de Georges Karam avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • le corps témoigne

    Des fleurs, et elle à terre. Enfermée d’une robe noire,  émaciée, yeux clos et sourire aux lèvres, reve son être ? Le silence, quelques mouvements: une joie intérieure qui irradie sous la lenteur de son envol. C’est l’état, non l’action que l’on ressent-pourquoi ?-, comme une irrésistible évidence. La robe tombe, le corps noué, et le tissu qui colle comme une seconde peau. A terre, comme dans la boue, son voyage de quelques mètres dans cette cave parisienne résonne comme le récit émerveillé de belles rencontres, d’autres voyages sur d’autres continents, dont elle aurait ramené des peuples invisibles, et leur bonheur d’exister, l’intensité. Par quels gestes ? Le corps témoigne, à la fois vulnérable et fort, se plie et se disloque, se heurte aux limites, meurt et renait. Doigts tordus, de douleur peut-être, le temps que des notes de piano s’égrènent. Pour nous permettre de deviner  à la fois la monstruosité et l’humanité, elle au milieu comme un fil tendu entre les deux. L’extase est dépouillée comme la peau nue, d’une misère absolue,  une offrande  comme seule expression de l’universel. Elle montre l’autre. Au sol, les fleurs. Elle donne.

    C’était La Femme Ailée de Jean Daniel Fricker et Céline Angèle, dansé par Céline Angèle, à l’espace Bertin Poirée

    Guy

  • Celine Angèle

    Un besoin viscéral de transmettre et partager brûlerait l'acteur. Sur le chemin de théâtre que j'ai emprunté pendant une dizaine d'années, j'ai toujours recherché un théâtre total où le langage puiserait sa vérité dans sa nécessité organique. Le Butô  m'est apparu en 2003, et s'est révélé correspondre à cette recherche, interpellant le spectateur à écouter depuis sa peau et respirer depuis son âme chacune des cellules du corps en scène, il ouvre le chemin vers la catharsis.

    Douze années de pratique de judo m'ont enseigné un engagement intégral du corps, portant en lui sa nécessité, dont le frémissement instinctif lui transmettrait un caractère imprévisible. Je retrouve au butô cette importance d'un corps libre et démultiplié, au service de son combat. Pour toute personne qui désire tendre vers toujours plus d'authenticité et de dépouillement, le butô offre une mise à nu des plus entières: revenir à l'être-corps, l'être organique, l'être sauvage, dépecé de son conditionnement social et de ses habitudes, s'abandonner à la respiration viscérale et tenter de se faire naître. Ne rien vouloir représenter: Devenir. Ne rien chercher à justifier: Etre.

    Cette danse évolue à travers les générations et les peuples qu'elle contamine. Avant de la mettre en scène, l'exigence de construire un corps. Suivre une pratique qui amène vers toujours plus de disponibilité et d'ouverture, où chaque expérience se révèle nourriture essentielle au corps traversé par la danse. Une exploration qui puise sa force dans son origine, son vécu, son souffle primordial et ainsi toucher l'universel. Une démarche honnête et consciente qui tend à embraser les corps, réveiller les consciences, et retrouver son cri, celui qui prend sa source dans la révolte d'un corps né de la terre. Le butô est une danse de la mémoire où la peau danse les sensations qui la traversent, où l'âme se souvient et délivre l'histoire de ses ancêtres, libère leurs voix et leur donne chair.

    J'ai dansé dans la performance « Prières » du groupe de Jean Daniel Fricker, dans les environs de Hampi, en Inde. Elle dura 6 semaines et 4 nuits. Pèlerins de la danse, nous avons vécu dans la naissance de chaque jour, où nous avons reçu du ciel son souffle, de la terre son sang, du vent sa prière. Auprès de Jean Daniel, j'approfondis ma recherche depuis plus de trois années. Nous travaillons à partir d'un corps-matériau, matière, en état d'urgence: n'être plus qu'une surface sensible et chercher à déceler la nécessité de sa danse, le mouvement naît de l'intérieur. A travers un laboratoire d'expériences directes ou de mémoires sensorielles, le corps, en éternelle mutation, s'imprègne de diverses qualités et matières. Traversée, la danse devient témoignage. Notre danse est aussi une exploration, une imprégnation de notre environnement quotidien ou lointain, une intégration du lieu et de l'espace, une perception cellulaire des éléments et du temps; un corps-réceptacle médiatisant ce qui le traverse, une exposition de corps en fusion.

    Le corps se fait instrument où résonne l'être humain touché dans sa chair la plus intime, dans ses silences et dans ses cris. L'espace devient extension du corps, lieu de rituel où se révèlent les métamorphoses de l'âme.

     Céline Angèle, 29 janvier 2009

    CELINE ANGELE passionnée de théâtre, tant à travers la force de la littérature classique, que l'engagement des auteurs contemporains, elle reçoit une formation en arts dramatiques et travaille sur Paris pendant une dizaine d'années. Double championne de france de judo et consciente de l'importance du corps chez l'acteur, elle mène une recherche sur la poétique du corps et son langage organique. Elle travaille un théâtre des extrêmes explorant le sublime et le monstrueux à travers l'univers d'œuvres diverses et variées, de Racine à Hugo, de Genet à Novarina, de Artaud à Kane. Un corps à la fois dense et sensible l'amène à rencontrer le butô, qu'elle pratique ces cinq dernières années avec de nombreux danseurs et danse pour différentes compagnies. Actuellement, elle poursuit sa recherche auprès de Jean Daniel Fricker en france et à l'étranger.

    http://celineangele.blogspot.com/ Jean Daniel Fricker  www.jonglorsion.com

    P.S. : Ce texte de Celine Angèle a été commandé pour un dossier buto à paraitre dans le web-magazine "Les petites feuilles" de l'association Art Levant.

    Guy

  • Yumi Fujitani: Kao V2.2

    "Ce n'était même pas du buto", protestait à la sortie une dame, d'ailleurs d'un certain âge. "Sur l'affiche vous avez écrit BUTO, mais ça n'était pas du tout du buto". Quand même une révélation: il existe donc un public de buto, un vrai public d'habitués, un public assez intransigeant pour s'indigner si on ne lui donne pas son content de peinture blanche, de reptation, de danse lente, douloureuse et près du sol, d'équilibre sur le coccyx et le bas des reins, de corps japonais, et d'animisme trés stylisé.

    Mais Yumi Fujitani d'évidence se soucie peu de défendre quelque territoire que ce soit. Elle a bien raison. Et tente plutôt d'en explorer de nouveaux. Le territoire visité ce soir est brillamment destructuré par un rideau d'image video et des nappes medium_buto-avril07-web-1_1_.jpgde musique. Champs de ruines colorées. Y errent trois hagardes, desocialisées, infantiles, capuches sur les yeux et bouches bées. Une image de l'enfer, se risque ma voisine, néophyte mais qui va à l'essentiel. Il est en tout cas ici question de perte d'identité, de folie, de mort et de renaissance. Perte des repères sociaux. Vulnérabilité d'êtres qui se découvrent et se reconstruisent, sans protection, à vue. Des préoccupations au coeur des danses buto, mais ici développées avec d'autres moyens aussi: mime, théâtre de geste. Avec plus de sophistication et d'humour à froid dans l'usage des symboles, et l'évocation de la sexualité. Avec puissance et étrangeté. Avec un même sens de la profondeur et de l'étirement du temps, ce à quoi en danse on est habitué, mais qui sur un mode neo théâtral déconcerte. Et sur trois interprètes, deux sont plutôt comédiennes, seule la troisième-Celine Angèle- danseuse mais qui ici ne danse qu'en creux, très épisodiquement, intense mais contenue. Tout cela aurait il surpris autant, dansé? En fond de scène un tas de chiffon: Yumi Fujitani à y regarder de plus prêt. Qui s'animera peu à peu mais toujours en retrait de l'action. Pour s'extirper très lentement des chiffons. Pas assez lentement pour rassurer la gardienne de l'orthodoxie dont on parlait au tout début? Nos 3 invités en tous cas, semblaient plutôt heureux d'être étonnés.

    En tout cas, c'était Kao (Visage)- Kagami (Miroir) m.e.s par Yumi Fujitani et Mido Omura, d'aprés Kao-Chaos crée par Yumi Fujitani, et vu l'an dernier, avec Elise Henault, Céline Angèle, Sibylle Jounot et Yumi Fujitani, video de Wilfried Wending et musique d'Andrée Serre-Milan. au Proscenium.

    Kao  continue jusqu'à samedi, et revient dés lundi la semaine prochaine encore recré, avec cette fois Gyohei Zaitzu, Maki Watanabe, Bino Sauitzvy, et Claude Parleà l'accordéon.

    Guy

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    P.S. du 21 avril: on se sent moins seul, JD est venu interroger Kao des yeux. A lire sur Images de Danse toutes affaires cessantes.

     

  • Le retour du fils de version clip 3

    Version Clip Episode 3: on continue 

    Patricia Novoanous emmène dans les amériques latines, mais par des chemins où l'on s'égare un peu. On la retrouve medium_C_line_Ang_le_1_.JPGheureusement en pleine Tempête, pour un grand moment de transe, au coeur de la forêt. Rouge est la couleur pour Céline Angèle, dans le Coeur d'une Rose, le rouge d'une tension d'abord intensément contenue, jusqu'à une explosion maîtrisée et saisissante. Juste dommage que la parole casse un peu l'effet. Marlène Myrtil fait avec Assentimentla belle demonstration qu'on peut danser tout en restant perchée sur un tabouret. Et même s'en envoler.

    Maiko Shirakawa, avec Omokage, joue avec nos nerfs au rythme lent et obsédant d'un métronome. Et contre toute attente finit par gagner. On perd un peu Shririn Laghai en route. Chie Okamoto -be here now- nous inflige quant à elle le supplice de la goutte d'eau. Mais pour soudain se transformer en créature rock, fardée et dénudée, et use d'arguments medium_arton135.jpgtout à fait déloyaux. Le solo de Gohei Zaitsu, revu à une semaine d'intervalle, ne perd rien de son impact. Laurence Pages danse à nouveau elle aussi... mais la salle de ce mardi ci, plus enjouée que celle du mardi précédent, réagit au comique des onomatopées que son souffle produit: l'ambiance de la pièce s'en retrouve changé. La Cie Pêchemoderecycle avec un humour distancié le vieux thème du strip tease à épisodes, inachevé comme il se doit.

    C'était Version Clip #3, après Version Clip #1 et version Clip #2 dans le cadre du festival Dance Box 07, à l'Espace Culturel Bertin Poirée.

    Guy

    photo de Celine Angèle par Bruno Salvador et une photo anonyme de Laurence Pages, trouvée sur le site de Mains d'Oeuvres où elle danse fin avril

  • TBO dance, ensemble?

    On lit l'annonce: "Cries from Shadows of Darkness: une rencontre multiéthnique entre artistes sud africain, japonais, italien et français." Accroche efficace- un styliste italien a vendu des millions de pulls de toutes les couleurs avec un concept voisin- mais l'idée suffit-elle pour produire sur scène quelque chose de fort et nouveau? Cela nous aguiche assez pourtant pour nous déplacer jusqu'à Bertin Poirée, convaincu que la danse se nourrit de métissage, et le buto plus encore que toutes les autres danses. Mais prévenus que faire de ce concept l'objet même de la performance ne suffit pas à en garantir la réussite artistique.

    Et l'annonce de revendiquer "une pollinisation croisée de divers langages culturels". Mise en application: on jette littéralement en l'air des fleurs en papier, puis l'une danse un buto sans surprise, l'autre s'affirme plutôt contemporaine, la troisième tente une intéressante synthèse des deux, et Teddy W.T. Ramasikeest surprenant, athlétique, urbain et délié. Mais le tout est il supérieur à la somme des parties? Si on en est, après 20 lignes, à se poser encore cette question, c'est que ce soir la réponse nous semble être non. Plutôt du syncrétisme sans révélation. Avec le regret de voir trop de talents individuels tourner en rond, en une vaine procession. Sans donner l'impression de vraiment se rencontrer, plutôt de se faire de l'ombre. Dès lors, dans les mouvements d'ensemble, ce sont surtout les différences de style dans l'exécution qui sautent aux yeux. Qu'on ne peut alors s'empêcher d'attribuer à un manque de rigueur plutôt qu'à une intention délibérée.

    Le texte de présentation part trés loin dans le cosmique, mais pour nous laisser loin derrière. Le spectacle ne nous fait pas quitter terre, malgré les efforts world music des deux musiciens- Mateo de Bellis et Hirohi Sakurai aux vents traditionnels et percussions.

    C'était Cries from Shadows of Darkness,  de la Cie TBO Dance Ensemble, avec Tebby W.T. Ramasike, Céline Angèle, Yuko Ota, Ambra Pittoni à Bertin Poirée dans le cadre du festival Dance Box. On peut en voir une captation video ici
     

    Guy

    Et il y avait aussi, plus cohérent, Box de Muriel Bourdeau,un solo habillement dédoublé, en direct et sur vidéo. Contemporain avec des influences buto. Autour de l'empêchement, de l'enfermement, de la difficulté de quitter le sol.


    Box
    envoyé par madbom
  • Transit: retour aux sources

    Vendredi soir dernier l'Espace Culturel Bertin Poiréefaisait cave pleine (pour ceux qui l'ignoreraient, Bertin Poirée est une enclave nippone au coeur du Paris bobo). Et peut-être même que parmi les spectateurs il n'y avait pas que des danseurs de buto. C'était au moins avéré s'agissant de cette jeune femme à la candeur bienvenue, qui demandait à l'entracte à un chorégraphe au français hésitant quelle histoire racontait au juste la danseuse prostrée au début de son solo, ou si elle cherchait quelque chose qu'elle aurait perdu par terre avant.

    medium_Cinzia_et_Cecile_-_Buto_18_1.jpgMais pour un public "initié", ce solo, celui de Cinzia Menga évoquait ce que l'on peut habituellement voir de sincère et de bon niveau dans cette même salle. Une performance à tout point de vue dépouillée, mis à part les "Grains de Sable"répandus sur le tapis de scène. Dans tout celà le plus original était le corps en lui-même- car c'est de corps dont il s'agissait avant tout, un corps proche de la nudité, un corps aux formes réinventées par la lenteur toute hypnotique des mouvements. Ce corps offrait en premier lieu juste un peu plus de rondeurs que celles que les danseuses s'autorisent généralement. Cela suffisait, exascerbé par le contexte, pour qu'il en devienne charnel à l'extrème. Surtout c'était un corps occidental, et non pas japonais, et sur les mêmes gestes notre regard en était changé.

    Le buto est né bruyamment il y a bientôt 50 ans, au Japon mais fruit des amours illégitimes et passionnées de forcesmedium_1er_fragment.jpg culturelles issus de divers points du globe, et de diverses disciplines. Juste retour aux origines, il est passionnant de voir aujourd'hui en France, aux cotés de Moeno Wakamatsu, de Maki Watanabe, Gyohei Zaitsu,de Yuko Ota, pour n'évoquer que la dernière génération(la 4° ou la 5°, mais on arrêté de compter), des artistes venus d'autres horizons, tels Camille Mutel, Inbal Fichman, Regina Georger, Moh Aroussi , Noura Ferroudj, Céline Angèle, Maléna Murua, Cécile Raymond...

    Ces trois dernières danseuses, de la même compagnie Transit, assuraient la seconde partie, et créaient la surprise. Un ouragan radioactif semblait avoir dévasté, durant l'entracte, la salle de spectacle, envahie désormais de divers reliefs de la société de consommation: sacs plastiques, canettes vides- ne manquait que le polonium 210. Espace habité par trois mutantes, primitives ou post industrielles, pitoyables survivantes de cataclysmes intimes ou planétaires, enlaidies, hagardes, gémissantes, habillées de rebuts en "Fragments", maquillées de projections vidéo et de sons en direct. Elles se tordaient, rampaient, déambulaient imprévisiblement, frayaient leur voie à travers les grappes d'un public privé de sièges et de tout point de repère, pour créer les nouveaux chemins de la laideur et de la beauté.

    Nous étions un peu bousculés, au propre et au figuré, pour regagner ainsi un peu de liberté d'esprit, ce qui n'avait pas de prix.

    C'était la Compagnie Transit, Bertin Poirée.

    Guy

    P.S. : et Kazuo Ohno a eu 100 ans, le 27 octobre dernier.

    P.P.S. du 25/2: On a rajouté, avec l'aimable autorisation de Transit, 2 photos (signées Estelle Fenech) de cette soirée.

  • Yumi Fujinati- Kao (en 3 D)

    3 souris aveugles, comme dans la comptine. Elles trottinent, affolées, incertaines, fébriles. Visages cachés sous des bonnets qu'elles medium_lierre.3.jpgn'osent relever. Peut-être ont-elles compris, pas tout à fait folles, que le monde est effrayant et cruel. Ou est-ce tout au fond d'elles-mêmes, qu'elles n'osent regarder? Heureusement, nos personnages découvrent vite que le sexe console et distrait.

    Du Kao version Fujitani-solo, qu'on avait vu en mai à l'Akteon, à ce Kao en trio hier sur le beau plateau du Théatre du Lierre, on a changé de mode.

    Le thème du visage...masqué, est le même. Mais il ne reste que des échos de la violence primale que l'on avait ressentie à l'origine, place ici à une ironie distanciée. On ne s'effraie plus, on sourit complice. Malgré la gravité du propos un spectacle donc burlesque, mais il y aura un moment très poignant, quand les trois visages se découvriront, justement.

    Autant dire que tout est changé. Dans cette réadaptation pour 3 jeunes danseuses et comédiennes du solo d'origine, dirigée par sa créatrice Yumi Fujitani, tout est plus chorégraphié, plus construit, réinventé, de la bande son expressive à l'ambiance vidéo. Comme un premier aperçu d'un buto policé. "Néo-buto", ecrivent-elles...


    Kao Cie3Garances
    envoyé par G-mO

    Du spectacle on pourra avoir une idée, mais très réductrice, grâce à quelques extraits, ici(les trois garances)

    C'était Kao de Yumi Fujitani avec Elise Hénault,Céline Angèle, Sibylle Jounot.

    Guy 

    P.S. Jusqu'à la fin du mois, les soirées seront bien occupées. Le kao s'intalle au Lierre, encore pour ce soir et le soir d'aprés. Le festival bertin Poiré bat son plein , on y verra la semaine prochaine Moeno Wakamatsu rejoindre Masaki Iwana sur scène. Dans le même temps, Maki Watanabe et Gyohei Zaitsu danseront Esse de Karry kama Karry au Café de la Danse. Même l'entrée du parc Montsouris sera investie dimanche soir par Regina Goeger.

    Vertige...

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