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theatre - Page 5

  • Qui êtes vous, Lenka Nehanebna?

    Ce serait pour de faux le vrai enregistrement d'une émission de radio. Tout y serait évoqué, deformé, repété, amplifié, dans l'illusion du direct, d'un travail en train de se faire.

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    C'est à dire que l'on jouirait tout autant de la mise à jour des trucs, codes et effets, des à-cotés, des voix chaudes et des micros avides que des matériaux soit disant révélés. On s'étonnerait des play-backs et des voix off, des cadres mouvants, des subtils déplacements, des glissements inattendus des règles du jeu. On jubilerait de voir décalés les repères. On tendrait l'oreille pour entendre la fiction naître. Parfois le vide l'aspirer. Comme de juste, on ne verrait jamais Lenka Nehanebna, sujet dérobé, phantasme invisible, archétypale femme fatale "pas banale", improbable artiste tchécoslovaque. D'elle on ne capturerait que des fragments figés, des empreintes reconstituées, des lambeaux de mystère. Il s'agirait d'un documentaire dérivant vers l'imaginaire, en rétribution de tous les rêves fabriqués à partir du vrai. Tissé de décalages subtils, d'emprunts plus vrais que nature aux univers d'Hitchcock, de Kundera, Godard ou de Rosselini, d'impostures et de morceaux de réalité, d'impasses et de coups de bluff, d'hésitations, de silences et de sons surchargés, de collages et distractions, de films imaginaires à voir avec les oreilles. 

    Mon tout serait une pièce à écouter avec les yeux.

    C'était Lenka Nehanebna avec Maya Boquet, Lenka Luptakova, Kerwin Rolland, à la Loge. Encore la semaine prochaine.

    Guy

  • Baffes et gnons

    Adire vrai, Courteline, je m’en fiche un peu. Ce que j’aime ce soir est dans le jeu, cette énergie offerte même pour six spectateurs- c’est jour de grève des transports- dans la mini-salle de l'Aktéon. J’aime aussi voir osée ici une esthétique passée de mode: des airs de jazz chantés en vocalese façon Mimi Perrin, des clowns qui s’assument, des mimes et mimiques, des gags, claques et répliques réglés comme du papier à musique. Ce burlesque n’a pas dit son dernier mot, fait feu de tout bois jusqu’au jet de tartes à la crème, lance des clins d’œil au cinéma muet. Et j’aime qu’on se fatigue à réussir ce soir à me faire rire, sans trop me charger d’autres considérations. Je prends ça comme une marque de respect et une preuve de générosité. Pas de message asséné ni de démonstration obligée- si ce n’est quelques échappées douces amères à propos de la condition d’artiste- mais une ronde de personnages en situations grotesques : flics, quidams, mauvais garçons, bourgeois, tous libérés des lourdeurs de la dialectique distanciée…. Je goute comme à un sursis. Encore qu’à y réfléchir… Cela n’a été depuis une heure rageuse qu’invectives, injures, gnons, baffes, torgnoles, bourrades, crocs en jambes, corrections en musique et coups de bâtons en accéléré, entre voyageur et receveur mal embouché, prisonniers et matons, mégère et époux grognon. Avec en exergue cette citation féroce de l’auteur: « Je ne connais pas de spectacle plus sain et d’un comique plus réconfortant qu’un monsieur recevant de main de maitre une beigne qu’il avait cherché ». Cette violence tout azimut et tout public nous fait rire sans nous choquer, c'est stupéfiant mais c'est ainsi. Elle appartient tellement à la tradition du théâtre qu’on ne peut spécialement y voir d’allusion à l’actualité. Est-ce à méditer? On sort. Pour le moment tout va bien dehors.

    C'était Entre les lignes (de Courteline) par la compagnie pansdarts, m.e.s. Gersende May, à l'Aktéon.

    Guy

  • Toute la vie (ou presque)

    Le théatre devrait toujours nous prendre et nous surprendre comme ceci, toute la vie concentrée en 1H15. Nos destins incertains ou celui de Peer Gynt d'Ibsen, ce dernier propulsé en quelques étourdissantes ellipses de l'état de jeune fanfaron à celui de vieil homme à l'heure de rendre des comptes, et sans avoir compris comment. Ce théatre vécu de tout près, qui bondit, rit, crie et pleure, déblase en quelques instants. Etre Peer à fond, transposé dans cette Norvège des légendes populaires, avec les trolls- mais rock and roll -et le diable au bout du chemin.

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    Peer Gint court et vole sans boussole, de désirs en impostures et d'audaces en hésitations, entre et sort en quatrième vitesse, passe du comique à l'épique, du tendre au truculent. Les sept acteurs bondissent de rôles en rôles et de costumes en costumes, font d'une bâche une mer déchainée et batissent une montagne avec des bouts de carton. Ils créent ensemble une généreuse machine théatrale à émerveiller jusqu'aux plus jeunes, dans le même temps nous tendent un miroir pour mieux y voir nos vies en exagéré, tous perdus entre amour, ambitions et inachevement, imparfaits comme des boutons à refondre dans le grand chaudron. En une fable drôle et cruelle, la condition humaine.

    C'était les Aventures de Peer Gynt, d'aprés Ibsen, mis en scène par Yaël Bacry, vu à Anis Gras à Arcueil, ce samedi encore.

    Guy

    photo avec l'aimable autorisaton de Yael Bacry

    lire aussi théatre du blog

  • Pendant ce temps, à Paris...un communiqué du Théatre du Nord Ouest

    Labiche sauvera-t-il le Nord-Ouest de la faillite?

     

    Madame, Monsieur,

     

    Cette gazette est d’un ton inhabituel car les dernières semaines ont été mouvementées.

    Nous avons été fiers de notre intégrale Strindberg et de la saison Des Prisons et des Hommes qui s’est achevée le 20 juin. Mais les recettes ont été modestes. La petite subvention du Ministère de la Culture a encore diminué. Le loyer a encore augmenté du fait du jeu des indices. Bref, notre théâtre a failli mourir lors d’une audience le mois dernier au Tribunal de Commerce au cours de laquelle l’Urssaf a demandé la liquidation de la Compagnie de l’Elan et la fermeture du Nord-Ouest. Grâce à l'énergie d'un avocat merveilleux et de son équipe, le Tribunal de Commerce a accepté de ne pas nous « liquider », mais d’ouvrir une procédure de redressement judiciaire. Le Nord-Ouest est donc depuis le 1er juin sous la tutelle d'un administrateur judiciaire. Il fera un rapport au Tribunal cet automne ; au vu des recettes des prochains mois, il conseillera, nous l’espérons, la poursuite de notre activité. La bonne nouvelle a été la réaction de tous : metteurs en scène, comédiens et surtout de vous, fidèles spectateurs. Notre intégrale Labiche vient juste de démarrer et, preuve de votre soutien, vous êtes déjà nombreux à avoir acquis un passeport Labiche. Eugène Labiche n'est sans doute pas Auguste Strindberg, pourtant il faut aussi prendre ses pièces avec sérieux. Labiche s'amusait de ses contemporains ; il les peignait dans leur vérité. Il avait compris que les hommes n'écoutent qu'eux-mêmes. C'est le théâtre de l'égocentrisme. Il suffit d'accentuer un ou deux traits pour déchaîner les rires. Chacun est enfermé dans sa folie et elle est contagieuse. Et c'est cette folie qui nous fait tant rire ! 166 pièces ! Plus d'une soixantaine seront mises en scène ; les autres seront présentées en lecture. Pendant 9 mois, pas moins de 400 comédiens de 40 compagnies théâtrales vous feront partager ce rire. Espérons que cette nouvelle folie sauvera notre cher théâtre.

     Vous trouverez notre programmation détaillée sur la page Programmes de notre site : www.theatredunordouest.com

    – La Compagnie de l’Élan

  • Transparence

    Le rideau devant la scène est sans relache tiré, ouvert, fermé, mais, translucide, laisse presque tout deviner, autant que le déshabillé de Mme Ventroux. Qui elle ne se soucie pas de cacher quoi que se soit, surtout en cet été de canicule, toute en naturel et transparences alors que le député Ventroux s'attache maladivement aux bienséances, aux apparences. Lui plus soucieux d'escamoter toute suggestion de nudité que de dissimuler aux yeux du monde d'autres turpitudes, petits arrangements et trafic d'influences, enveloppes de billets glissées par son visiteur, l'infâme maire Hochepaix. Un leure? A notre place de spectateur est censée oppérer non pas le regard de l'opinion publique (déja désabusée), mais l'oeil acéré du redoutable Clemenceau, debout au balcon opposé. Quand enfin le journaliste du Figaro viendra enqueter, il n'aura d'yeux que pour madame et son fessier. Rappelons que nous sommes en 1911, evidemment, aucune actualité.

    Feydeau revient en ce mois de juillet 2010 plus féroce que jamais, mais sa pièce toute retournée, telle une longue scène de ménage qui échapperait aux protagonistes. En cent ans, on se lasserait de voir Mme Ventroux toujours déshabillée dans le même sens. Elle apparaît aujourd'hui plus logique qu'ecervelé dans son parti pris d'honneteté vestimentaire, d'une réthorique implacable et d'une présence débordante. Et le député Ventroux, éffrayé par la vie, pantin névrosé, agité comme un personnage de BD, dans ce combat vaincu d'avance. La victoire de madame est amère. Son mari ne la voit plus, qui se soucie seulement du regard des autres sur sa chair. Est ce pour celà qu'elle vient en avant-scène, en beauté dans la lumière, nous déclamer un pot pourri de chansons retros aux effets mélancoliques? Vue, entendue, émouvante. La mécanique de Feydeau s'enclenche implacablement, le temps se dilate dans l'absurdité logique des enchaînements, avec un parti pris ici moins comique que vertigineux, cruel et désabusé. La drôlerie est alors le dernier effet de l'effroi et de l'incontrolé. Au final, tous voiles tombés, la sereine nudité de Mme Ventroux (l'injonction-titre du député plus que jamais impuissante en matière de théatre contemporain), est moins violente que la folie indifférente du député.

    C'était Mais n'te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau, mis en scène par Sandrine Lanno, avec Melanie MenuLoïc-Emmanuel Deneuvy, Joël Koné, Miglen Mirtchev, Sergueï Ryschenkow, lumières de Xavier Hollebecq.

    Au théatre de L'étoile du nord, jusqu'au 25 juillet.

    Guy

    lire aussi:  Cannibalisme tenace de Sandrine Lanno avec Mélanie Menu

  • Vu avant Avignon:Gertrude crie toujours deux fois

    mis en ligne le 20 juillet 2009

    S'il s'agissait d'un combat, ce serait celui de David contre Goliath: cette troupe venue d'Auvergne n'a sûrement pas disposé ne serait ce que du dixième des moyens dont avait bénéficié Giorgi Barberio Corsetti pour monter Gertrude (Le Cri), à l'Odéon.

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     photos par Dominique Jouvet avec l'aimable autorisation du Théatre du Corbeau Blanc

    Et pour nous c'est tant mieux: à voir cette mise en scène plutôt bas budget (qui d'ailleurs fût la toute première à être créé), on se dit rétrospectivement que la version parisienne s'égarait par trop de digressions, décors coulissants, déboités, renversés, effets et fumée... Ici nécéssité fait vertu, tous à vue et cadre unique, des tables, des verres et de la lumière, priorité aux corps et aux textes à cru, l'énergie bien focalisée. La pièce y retrouve une certaine clarté- même toute relative s'agissant d'Howard Barker, les dernières scènes posant toujours problême. Les personnages bien dessinés, impliqués, assumés: la vieille plus vieille, Cascan plus didactique et détaché-presque un choeur antique, Hamlet plus veule, Claudius plus accro à Gertrude, et Gertrude encore plus impudique, voire plus tragique... Bel équilibre: complexité et ambiguités du texte ne sont pas pour autant sacrifiés à ces caractérisations. Avec le teléscopage des niveaux de langage émergent de nouvelles significations, des oppositions plus marquées entre idéalisme et matérialisme, et ainsi dans le prolongement des entreprises d'Hamlet les périls d'une dictature misogyne et puritaine...

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    Ces beaux acteurs prennent tout les risques... le plus flagrant est de choquer, le plus essentiel est de jouer l'émotion et l'incarnation dans le cadre d'un théatre contemporain. Le personnage de Ragusa, par exemple, y gagne d'exister. Sous le trash et le rock 'n roll est posé un certain classicisme, de ces déclinaisons c'est avant tout Howard Barker qui ressort vainqueur.

    C'était Gertrude (Le cri), par le théatre du corbeau blanc: texte d'Howard Barker, mise en scène de Günther Leschnik, traduction de Jean-Michel Déprats et Elisabeth Angel-Perez, avec Sophie Millon en Gertrude (déja vue dans M.A.M.A.E.),Sébastien Saint-Martin, Denis Mathieu, Guillaume Caubel, Marie-Pascale Grenier, Véronika Faure, Thomas Roche.

    Dans le cadre du Festival "Nous n'irons pas à Avignon", à Gare au Théatre.

    Guy

    Lire Gertrude, version Odéon

    Le Théâtre: Entrepôt - Compagnie Mises en Scène

    1 ter Bd. Champfleury - derrière la Gare

    dates: du 9 au 18 Juillet 2010 à 17h30

    Spectacle de 2 heure - Réservation: 06 27 11 48 84

     

  • Géometrie dans l'espace

    Dans cette ronde tournent cinq hommes, trois femmes, il y a donc une multiplicité de possibiltés. Le triangle amoureux n'est qu'une parmi les options. En apparence la narration se distribue d'abord sur quatre cotés, en quatre récits étanches et parrallèles , de passion, de sexe, de trahisons et deceptions.

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    Mais progressivement ces dimensions se rapprochent et rencontrent, tout bouge dans le même espace infini autour des personnages et en tous sens, murs et planchers: lit roulants, bureaux volants, fauteuils qui se gonflent, panneaux glissants, alcôves multifonctions, parois qui tombent pour réveler sur l'autre face un parterre de gazon, sol qui se penche, chambre close et pentue aux perspectives inquiétantes. Cette pièce est construite en colimaçon, en fractale, en spirale qui s'emballe, tourne sur elle-même. Les situations s'y répétent et s'accélèrent, les mêmes mots de plus en denses jusqu'à être réduits en lettres lettres de néon qui tombent en un désordre lumineux. Le carré est cassé. Les angles cruels se resserrent autour des protagonistes, Les récits quittent un plan d'abord banal et psychologisant, qui met notre patience à l'épreuve, jusqu'à atteindre un sommet de poésie lors de la compression finale. C'est alors étourdissant. Toutes les équations amoureuses obéissent ici toutes à la même logique de destruction, aboutissent au même résultat: un saut dans le vide ou coup de revolver, point final.

    C'était La Ronde du carré de Dimitris Dimitriadis , m.e.s. par Giorgio Barberio Corsetti à l'Odéon.

    guy

    photo d'Alain Fonteray avec l'aimable autorisation du théatre de l'Odéon

  • Ecouter...

    De l'écrivain Catherine Rihoit, je connaissais l'écriture jubilatoire, insolente, echevelée, du Bal des débutantes. Egalement, lors de belles rencontres, ses éclats de rires, aussi derrière comme un fond de colère. J'ouvre "j'ai Lu" plus par intérêt pour la femme et l'auteur que pour le sujet lui-même. Je suis pris, et surpris. J'entends ce que je lis. Des mots de 1858, d'au coeur des Pyrénées, des mots d'hiver, des mots durcis par la misères. Simples et âpres, ces mots pèsent. Plusieurs voix s'élèvent, les témoignages se rapprochent, se répondent. Où ce livre m'emmêne-t-il? Je ne sais pas encore. J'irais écouter: 

     

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    « Elle dit qu'elle voit »Quoi ? Aquero, quelque chose, une lumière blanche. Lourdes, une enfant, un mystère. Et si le miracle c'était croire ?

    Mise en voix : Jeanne Carré d'après « J'ai vu » de Catherine Rihoit avecJean Claude Aumont, Yannick Barnole, Jeanne Carré, Emmanuelle Grivelet-Sonier, Richard Jones-Davies, Caroline Kumba-Nzila, Didier Laroche, Mélanie Lecarpentier, Jacques Madar, Françoise Mothié, Catherine Rihoit...

     Les jeudi 27 - vendredi 28 - samedi 29 mai 2010 à 20h30A La Comédie Nation, 77 rue de Montreuil, 75011 Paris, Métro Nation Pour réserver : 09 52 44 06 57 ou reservation@comedienation.com A vous de lire - pl.15 & 12 €

  • Cliquez sur moi!

    Ici sur Internet on évoque tout ce que l'on voit sur scène. Sur la scène du Proscénium cette jeune troupe joue tout Internet. Heureusement drôlement. Et l'on s'y reconnaît, nos psychées fragmentées, hyper-sollicités, destructurés entre chats, blogs, facebook, google, twitter, youtube, égarés par les résultats de nos propres requêtes.

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    On s'y reconnaît tout à fait, de nos pensées sur la toile exposées à notre image projetée avec celle des acteurs sur la toile au fond de la scène. Il y a de tout dans ce texte garanti 100 % copié-collé d'écrans. Dans le désordre: nos nouveaux liens dans les deux sens du terme, nos nouvelles libertés et nos nouveaux conformismes, nos petits egos et nos réactions aux evenements planétaires, les échanges kafakiens avec les sites d'e-commerce et de vraies citations de Kafka. On supplie "cliquez-moi" et l'on se noie, de nouveaux murs se dressent et les mots font échos, se dupliquent et se déforment. Tout va trop vite evidemment, en mode grinçant, les acteurs sortent de l'écan pour nous entrainer dans l'interactivité, en une improbable communauté. Le résultat est aussi décousu que le sujet, mais ce réseau d'acteurs et spectateurs parcouru d'une belle énergie, c'est le plus important.

    C'était Brèves d'écran, écrit et m.e.s par Olivier Fournout, au Proscenium  jusqu'au 16 mai.

    Guy

    photo de Takeshi Miyamoto avec l'aimable autorisation de la compagnie ordinaire

    lire aussi Coup de théatre

    P.S. du 19/04: c'est le moment et l'endroit revé pour relayer cette info du TCI.

    Stage de pratique artistique: Part privée / Part publique avec Renaud Cojo, samedi 8 et dimanche 9 mai 10H-18H

     Renaud Cojo, metteur en scène du spectacle Et puis j'ai demandé à Christian de jouer l'intro de Ziggy Stardust,  propose dans ce stage un travail d'expérimentation de l'image de soi via la vidéo (travail d'écriture, réalisation vidéo). Il s’agit d’explorer l'utilisation des réseaux sociaux (twitter, facebook, myspace ...) et le jeu entre part privé / part publique qui anime ces pratiques. Il s’adresse autant à des amateurs qu’à des comédiens, danseurs, artistes… et concerne des utilisateurs de réseaux sociaux, blogueurs.... comme des novices en la matière.

      Ouvert à tous, participation aux frais : 50 €
    Renseignements :
    marion.franquet@theatredelacite.com, 01 43 13 50 63

    Renaud Cojo, présente Et puis j'ai demandé à Christian de jouer l'intro de Ziggy Stardust du 31 mai au 12 juin au Théâtre de la Cité internationale et du 15 au 26 juin au Théâtre Paris-Villette.

  • Faire part d'une agonie annoncée

    Dans le lit au centre: l'agonisante, ce lit posé dans cette chambre sombre et nue, dépouillée mais que l'on situe quand même au XIX° siècle, une époque où la mort (ainsi que la naissance) n'était pas encore sous-traitée par les familles aux hôpitaux.... LA MORT: le gros mot est prononcé, et dès le titre, sans plus de précautions. Avec Je suis morte  Isabelle Esposito poursuit avec courage ou inconscience son parcours artistique sur un chemin solitaire et escarpé. A l'accompagner on jouit pourtant de points de vue qui valent le déplacement. Mais pour cela il faut un peu oser: dans notre univers mental desacralisé, et borné par l'illusion du droit au bonheur et du risque zéro, l'obsénité artistique la plus impardonnable consiste bien à montrer la mort plutôt que le sexe. 

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    Tout bien pesé, on rit alors beaucoup, au moins en dedans. On rit en silence, la respiration en sursis de la mourante tenant lieu de bande son. Ce silence, on l'accepte aussi. Pâle et diaphane, yeux fiévreux, Maxence Reyest une impeccable agonisante, aux râles inguérissables et aux gestes finissants. En cet instant elle n'est pas seule, plutôt bien entourée, dans l'entre deux. Entourée de morts et vivants. Ce n'est au début pas si facile de distinguer les uns d'autres. De sa place, au milieu. Parmi tous ces personnages, lesquels sont donc les fantômes de ses rêves et regrets? Et parmi eux lesquels sont les derniers accompagnants- frère, soeur, docteur- ceux-là pas au mieux de leur forme, du moins dans le regard de la mourante. Les endeuillés surgissent d'une porte noire et béante, leurs gestes souffrent saccadés et leurs pas tremblent. Les fantômes nés de ses délires ultimes, sont quant à eux souvent des bons vivants, doubles bondissants, qui batifolent, se taquinent et se poursuivent dans le plus simple appareil. Dans ces deux mondes dont elle est le point de rencontre, et sous ces deux lumières, le malaise se dissipe par l'effet libérateur d'un burlesque grinçant. Cette dé-dramatisation ne tourne jamais au ridicule, pourtant. De temps en temps la presque morte s'extrait de sa situation, pour s'adresser à nous posément droit dans les yeux. Ces moments nous permettent de relâcher quelque peu la tension, et aussi de nous faire prendre conscience qu'il s'agit pour le reste d'un pur théatre sans texte. Muet mais jamais ennuyeux, parfaitement chorégraphié et joué avec jubilation- certains matérieux déja travaillés dans vieille nuit ici réordonnés. Le tout est d'une claire et irréprochable construction.

     

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    Sans ostentation, donc un beau pas vers la réalisation de l'idéal interdisciplinaire. Déja à ce stade, car je suis le témoin privilégié d'un premier filage, l'oeuvre a alors encore un mois devant elle pour s'affiner. Isabelle Esposito semble résolue à gommer de la pièce tout ce qui lui semble encore trop naturaliste en état... Pour ma part je suis heureux du premier résultat, les yeux ouvert sur l'insaissable qui se délite, l'âpre fugacité de souvenirs sitôt condamnés. Yeux ouvert sur la mort vue en face sans tricher ni happy end, mais avec lucidité et tendresse, pour exorciser les peurs et cicatriser les regrets. Elle est morte bientôt mais reste vivante... jusqu'au dernier instant.

    Ce sera Je suis morte, mise en scène, chorégraphie et texte d'Isabelle Esposito, artistes interprètes : Christophe Cuby, Thomas Laroppe, Anthony Moreau, Isabel Oed, Maxence Rey, Alexia Vidals, vu en filage le 26 février, créé à partir du 25 mars à l'Espace 1789 de Saint Ouen.

    Guy 

    lire aussi: vieille nuit 

    photos de Christophe Rivoiron avec l'aimable autorisation d'Isabelle Esposito